Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Knafayim Shvurot


Israël / 2002

05.05.04
 



FAMILLE, JE VOUS AIME !







"– Tu veux être une souris toute ta vie ?"



Un seul être vous manque et tout est dépourvu. Un père "s’éclipse" sans crier gare. Et laisse sur la touche une mère et ses quatre rejetons. Le destin paraît-il. Une bien maigre consolation pour ceux restés ici bas. La réalité elle, apparaît comme infiniment plus cruelle. Une fois tari le flot des larmes, Dafna et les siens ne ressemblent déjà plus à une famille. Juste des anges déchus dispersés aux quatre coins d’une prison de verre. Celle inventée par chacun pour étouffer la douleur. Dafna la mère, préfère l’univers aseptisé et froid de l’hôpital au quotidien moribond et angoissant de l’appartement familial. Et confie à la jeune et rêveuse Maya, le soin d’établir un semblant de vie et d’unité entre ses frères. Yair, champion de l’école buissonnière le jour. Souris géante – prospectus à la main – la nuit. Une façon comme une autre d’éviter la pitié des amis et le cérémonial des condoléances. Face à ce mutisme effroyable des "grands", la naïveté toute enfantine de Bar et Ido semble illusoire. Leurs appels au secours aussi. C’est pourtant des deux bambins que viendra la délivrance. Pour tous.

Broken Wings n’est pas à prendre comme un mélo de plus. Malgré le drame, Nir Bergman ne cède jamais au larmoyant ni au sentimentalisme gratuit. Seulement l’envie de raconter une histoire. Avec talent. Et un humour parfois insolent. La mise en scène classique et épurée épouse admirablement cette descente aux enfers moderne. La sacro-sainte psychologie des personnages importe peu chez Nir Bergman. Seuls les actes et les paroles comptent. Saupoudré parfois d’un zeste de magie. Immortalisé par une splendide séquence où Yair et une jeune camarade, s’adossent nus à la fenêtre du lycée. Tels Adam et Eve ressuscités. Avant de succomber à l’amour.

En futur grand, Bergman refuse d’inscrire le film dans une quelconque temporalité. Broken Wings nous balance de Haïfa à Tel-Aviv. Mais jamais il ne souffle mot du conflit israélo-palestinien. Ou des difficultés économiques et humaines d’Israël. Le calvaire de Dafna et ses enfants pourrait facilement prendre pour décor Turin, New York ou Sao Paolo. Sans que notre perception émotionnelle en soit bouleversée. Pour parfaire tout cela, il fallait à Bergman des comédiens mesurés : ces derniers sont tout bonnement époustouflants – mention spéciale à Maya Maron et Nitai Gvirtz.

Après Mariage tardif de Dover Koshashvili en 2001, Nir Bergman signe avec Broken Wings un premier film inoubliable. Sans doute l’un des plus étonnants de ces dernières mois. Les jurés et le public des festivals de Jérusalem, Tokyo et Berlin ne s’y sont pas trompés. Reste maintenant à attendre un véritable succès en salles. C’est bien là tout le mal qu’on peut lui souhaiter.
 
jean-françois

 
 
 
 

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