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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Kôrei (Séance)
Japon / 2000
05.05.04
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LE SOLEIL A DU MAL A SE LEVER
«J’aurais vécu sans jamais avoir rien fait.»
Le film démarre très lentement et n’acquièrera pas beaucoup plus de rythme par la suite. La savante lenteur nippone cinématographique est au rendez-vous. Chaque plan s’étire interminablement et Kuyoshi Kurosawa a su faire l’économie des dialogues pour ne pas nous perturber dans la contemplation des scènes. Donc pas d’inquiétude, le spectateur a largement le temps d’avancer dans l’histoire. Même si on baigne dans le paranormal, nulle crainte d’être perdu en cours de route.
Côté scénario, le réalisateur s’est inspiré d’un roman policier de Mark McShane. Malheureusement, contrairement au livre dans lequel l’intrigue tenait debout (le couple montait l’enlèvement de la petite fille afin de pouvoir devenir célèbre grâce à de faux dons divinatoires), le réalisateur a fait intervenir un hasard plus que grotesque. Et c’est là que le bât blesse et que réside le grand problème du film. Parce que le côté abracadabrant du scénario fatigue. D’un bout à l’autre, on nage dans une invraisemblance tout simplement éreintante qui frôle le n’importe quoi.
Côté interventions paranormales, cela relève du grand guignol avec du bricolage fait de bouts de ficelles. Les fantômes se reconnaissent par l’unique trait distinctif de leurs yeux brouillés (ce sera quasiment la seule trace de surnaturel tangible). Pour la bande son, le cinéaste n’a pas lésiné dans l’utilisation d’effets sonores plus que démesurés par rapport à ce qui se passe réellement. La réalisation, initialement destinée à la télévision, reste d’un bout à l’autre d’une fadeur exemplaire et vieillie qui n’a rien à envier aux jolies séries allemandes des années 80. Enfin, les acteurs sont trop figés pour être crédibles et tout sonne malheureusement faux. Kiyushi Kurosawa créé une atmosphère angoissante artificielle qui a de grandes chances de passer au travers des esprits sans laisser aucune trace.
Certes, d’aucuns pourront revêtir le film d’une dimension profonde et prétendre que Séance ne dépare pas des autres films du réalisateur. Effectivement, on retrouve les thèmes fondateurs de l’œuvre du cinéaste : des personnages exsangues qui déambulent dans des lieux dépouillés, presque apocalyptiques et dont l’existence vide s’acoquine avec le surnaturel pour mieux en faire ressortir le côté angoissant et étouffant. Seulement, si certains films parviennent à capter une profondeur juste et touchante et à souligner une sorte de déshumanisation malsaine du monde urbain (Cure, Charisma, Kaïro…), Séance laisse de marbre car tout y est exagéré et, de ce fait, ne nous donne pas accès à la portée quasi métaphysique que le réalisateur a souhaité insuffler à son film. Et malheureusement, seul l’ennui ressort… Etait-ce bien raisonnable de sortir ce film en salles quatre ans après sa réalisation pour la télévision ? laurence
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