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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A Filha
Portugal / 2003
10.11.2003
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AU REVOIR A JAMAIS
" - Si tu ne viens pas maintenant, plus jamais tu ne me verras !"
Derrière une faible vitrine cinématographique (seulement 10 salles en France), un casting exclusivement portugais (sans têtes d’affiches européennes) et une réalisatrice quasi inconnue du grand public, La Fille cache l’une des surprises de cette fin d’année 2003. Pas de formule miracle ici, de concept à proprement dit novateur, seulement la prise en main d’un sujet plus que délicat, voire interdit (l’inceste) sans fioritures ni pathos. On pouvait, c’est vrai, craindre le pire : l’histoire de départ, maintes fois traitée, de la séparation volontaire entre un père comblé professionnellement et une gamine ordinairement délaissée. Dans la première partie, Solveig Nordlund se limite (volontairement) à montrer l’incompréhension et le désarroi de Ricardo Monteiro. Pas de jugement hâtif envers ce père inexistant, déjà affecté par le suicide de sa femme et par ses responsabilités professionnelles et familiales. Car la vie de Ricardo est celle vécue par beaucoup de parents qui négligent leurs enfants, ignorent tout de leurs loisirs, leurs amis et leurs amours.
Mais là où tant de films se perdent dans une introspection grossière des relations père-fille, Solveig Nordlund n’apporte aucune piste précise sur les rapports entre Ricardo et Leonor. Pas de flash-back douteux pour l’explication éventuelle de la disparition, seulement une succession d’indices troublants : les rapports de Ricardo avec les femmes, son malaise face à l’insouciance de la jeunesse ou son refus de traiter Leonor – pourtant majeur – autrement que comme une enfant de six ans à peine. Pourtant Leonor n’apparaît à aucun moment et le mystère reste complet.La Fille pourrait alors s’accrocher à l’histoire banale du père trop aimant, trop égoïste craignant à juste titre de voir sa fille fuir prématurément son habillage d’enfant pour celui, plus complexe, d’une véritable adulte. Mais cet homme errant dans les quartiers chauds et les bars à la mode de la capitale portugaise en quête de ce "bébé" perdu, s’avère au fur et à mesure moins clinquant, moins inoffensif et étrangement coupable. Et l’apparition du personnage de Sara, jeune fille instable et extravertie, véritable double maléfique de Leonor, de donner à La Fille tout son sens et de dévoiler l’ignoble visage de Ricardo.
La vérité éclate au grand jour dans toute son ignominie et la raison cède le pas à la folie (fantastique scène du peep-show). Le calvaire subi hier par Leonor se dessine maintenant à travers la liaison malsaine entretenue par Ricardo et Sara, jusqu’à l’inimaginable et… l’inéluctable. L’approche délicate de la réalisatrice et le basculement aussi soudain qu’effroyable du récit, confère à La Fille tout son intérêt mais aussi toute sa force. En se débarrassant des facilités liées au mélodrame, Solveig Nordlund nous offre un film juste, inoubliable (proche en cela de Comédie enfantine réalisé en 2000) et violemment dérangeant.Il n’est pas interdit de croire que cette simplicité filmique a été facilitée par la présence d’une femme derrière la caméra. On peut bien sûr regretter l’apparente faiblesse des dialogues (lacune récurrente du nouveau cinéma portugais) qui donnent parfois aux acteurs un côté très factice, tout en pensant que l’horreur parfois, se passe de commentaires. jean-françois
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