Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mother India


/ 1957

09.06.04
 



LE FUTUR EST FEMME





« On peut se libérer de tout, sauf de son destin »

Un film étonnamment moderne. Du manifeste social à la comédie, en passant par l’épopée et le mélodrame, Mother India mérite ses titres de noblesses. Bien entendu, il faut aimer le genre : le film n’échappe pas à deux trois poncifs du cinéma Bollywood. Quelques séquences séductions, naïvement romantiques, plus tout un cortège de scènes contant la vie ordinaire en chansons, avec une préférence pour les travaux agricoles. Entre fatalisme et apologie du sacrifice, Mother India met le cap sur la notion de destin avec une bonne dose de pesanteur. Grand bémol du film : son dénouement, excessivement théâtralisé. Mieux vaut donc être prévenu. Toutefois, qu’on se rassure : on est ici très loin de tomber dans le soap opera, la tragédie antique ou autre fresque kitch, classée B. Bien au contraire. Séquences à grands spectacles, images et couleurs envoûtantes, rythme saisissant, beauté, vitalité et expressivité musicale, jeu d’acteurs grandiose : quantité d’éléments font de Mother India un film définitivement à part.
On adhère très vite à cette histoire vieille de 47 ans, portée trois heures durant par le jeu de Nargis. Dévouée corps et âme à son personnage, séquence après séquence et dans chaque registre, on conçoit aisément que la comédienne soit devenue, avec ce rôle, une légende du cinéma hindi. Une superbe interprétation qui hisse son personnage au rang de divinité digne des plus grands récits mythologiques : culte de la dévotion maternelle, images de la femme combative, protectrice de tous les siens, profusément courageuse et empreinte d’une volonté surhumaine. Défis et conquêtes sont de chaque instant. Métaphores, représentations allégoriques, discours idéologiques : réalisé dix ans après l’indépendance de l’Inde, Mother India est un film militant empreint de spécificités culturelles, certes, mais haut en proximité. Toute la force du film passe par l’universalité et l’intemporalité des valeurs qu’il véhicule. Ajoutez un langage filmique hautement actuel et riche en métissage d’influences : le résultant est surprenant.
On retrouve, bien sur, la griffe de Cecil B. DeMille, mentor du réalisateur. On pense aussi au cinéma d’Eisenstein, notamment La ligne générale. Les deux cinéastes enrichissent le travail de Mehboob Khan d’une manière évidente. Mise en scène et décors magistraux, suggestivité du montage, expressivité posturale, éloquence visuelle, emboîtement des intrigues, symbolique des genres et atmosphères : chaque répertoire est ici l’objet d’un impressionnant travail de composition. Mehboob Khan nous offre un film exceptionnellement dialectique et dépasse ainsi tous archétypes du cinéma Bollywood, d’ordinaire étroitement codifié par de seuls standards socioculturels. Film dit populaire, aujourd’hui encore très plébiscité en Inde, Mother India peut se prévaloir d’une véritable originalité de style. Narration, esthétique et construction psychologique occupent ici une place de premier choix. De quoi voir les productions bollywoodiennes autrement !
 
sabrina

 
 
 
 

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