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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Affaire Roman J. (Roman J. Israel, Esq.)
USA / 2017
14.03.2018
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DENZEL CALE
Quatre ans après l'excellent Night Call, Dan Gilroy repasse derrière pour le lamentable L'Affaire Roman J. Explications d'un plantage.
Une idée qui a du chien
A la mort de son mentor, Roman J. Israel, avocat idéaliste et déterminé, voit son quotidien bouleversé. Dans l'univers des tribunaux surchargés de Los Angeles, celui qui fut son modèle laisse un vide. Recruté par George Pierce, Roman se lie d'amitié avec une militante de l'égalité des droits. Confronté à des situations extraordinaires, il remet en question l'engagement qui a déterminé toute sa carrière.
Sur le papier, L'Affaire Roman J. a de quoi passionner. Denzel Washington en avocat paumé, Colin Farrell en patron ambitieux et Carmen Ejogo en militante. Tout cela a fait envie. Et c'est bien sur ce même papier que l'on reconnaît tout le temps de Dan Gilroy. Comme il l'avait fait sur Jason Bourne : L'Héritage et Night Call, il parvient à écrire des dialogues passionnants sans jamais être révolutionnaires.
Plus encore, l'univers qu'il crée autour de Roman J. Israel est fascinant. Sorte de réécriture de l'histoire des droits de l'homme post-Black Live Matter et Donald Trump, L'Affaire Roman J. relève souvent du fantasme. Cependant, ce fantasme tient la route et donne envie de voir sur quoi il va déboucher. Et c'est à ce moment-là que tout se casse la gueule…
Une réalisation douteuse
Avec un scénario aussi taillé pour les Oscars, Dan Gilroy aurait pu aller très loin. Son personnage principal est atypique, à ranger près des Monk mais il ne parvient pas à transcender à cause d'une mauvaise mise-en-scène. Et c'est à ce moment-là précisément que l'on observe les limites du talent de Denzel Washington. Presque aussi remarquable que dans Fences, le film qui lui a valu une nomination aux Oscars pas plus tard que l'an dernier, il est ici confronté à la violence des mauvais choix de cadrage.
Déjà étrange pour le spectateur, la réalisation de Dan Gilroy transforme le personnage principal en véritable alien. Récurrence de plans en contre-plongée, gros plans inutiles, travelling embarrassants, rien ne va. Dès lors, il devient difficile d'avoir de l'empathie pour Roman J. Israel ou même de s'y identifier. Potentiellement comique sur le papier, cet avocat original s'avère simplement bizarre à l'écran. Ses remarques - souvent pertinentes - deviennent sans que l'on ne comprenne immédiatement pourquoi des piques sans fondement.
Plus encore, la réalisation peine énormément dans sa présentation de Los Angeles. Dan Gilroy aurait en effet mieux fait d'insister sur le caractère dérangeant voire morbide du milieu carcéral californien au lieu d'en faire un lieu vite oubliable. Les policiers semblent tout droits sortie d'une sitcom, le personnage de George Pierce d'un soap opera et Roman J. Israel d'un drame historique - ce qu'est censé être L'Affaire Roman J. Le mélange des genre est indigeste et lasse vite.
Dépourvu d'âme, le second film de Dan Gilroy s'avère déplaisant et ennuyeux. Destiné à plus grand, le premier film de Denzel Washington de l'année sera certainement le plus dispensable. On le retrouvera dans Equalizer 2. Serait-il devenu paresseux?
wyzman
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