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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le rôle de sa vie
France / 2003
16.06.04
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MON AMIE, SES AMOURS… MES EMMERDES
« - J’ai rencontré Elisabeth Becker. Je l’ai reconduite en voiture. Elle m’a parlé comme à une merde. On est devenu super copines. »
Ah ! Les relations humaines ! Quel sujet complexe ! Propice à la gravité comme à la drôlerie ; à fortiori dans un univers de paillettes et ici principalement féminin. Pour son premier long métrage, François Favrat ne s’est pas attaqué à une mince affaire. Son film en est d’autant plus remarquable. Un étonnant portrait de femmes dans les rouages de la vie moderne. Entre comédie romantique, satire sociale et aventure humaine, Le rôle de sa vie est un film débordant d’allégresse, parfumé d’émotions et frappant d’exactitude. Dès les premières minutes, on est porté par cette ambiance subtile, à la fois légère et minutieusement réglée, grâce à laquelle le réalisateur jongle avec les genres et revirements de situations. Sa mise en scène est mélodieuse. Parfaitement orchestrée en terme variations atmosphériques. La synergie entre Agnès Jaoui et Karin Viard, féconde en toutes circonstances, entretient un dialogue permanent avec le spectateur. Rires, curiosité, empathie : chacune des deux comédiennes nous emporte dans son élan. Jonathan Zaccaï continue sur cette même lancée, naviguant en toute aisance d’un registre à l’autre. L’équilibre est parfait. Enraciné dans un archétype scénaristique bien rodé (l’opposition entre deux personnages initiatrice d’action), Le rôle de sa vie parvient aisément à sortir du lot ; le jeu des deux actrices, généreux, précis et concrètement énergique, déjouant nombre de pièges inhérents à ce type d’histoire.
Seul bémol du film : son dénouement tend quelques peu à tarder. Rien de bien méchant, toutefois. Il s’agit d’ailleurs plus ici d’une certaine difficulté à sortir de cette thématique sous-jacente dès les prémices du récit : la notion de dépendance psychologique. Dépendance ici mutuelle entre Claire et Elisabeth ; les deux héroïnes, bien que très différentes, partageant ce même sentiment de rendez-vous manqué avec leur propre bonheur. Mais il ne faut pas s’y tromper : Le rôle de sa vie reste une chronique ludique et singulièrement optimiste. Le film est, bien sûr, un brin inspiré de All about Eve, eu égard à son contexte initial ; mais pas davantage. Ce point est d’autant plus à souligner que sa bande annonce pourrait nous faire penser à un pastiche assez cheap de ce Mankiewicz de 1950. Fort heureusement, il n’en est rien. Bien au contraire. Certes, le cinéma, l’actorat et la course au succès sont ici présents. Mais ce n’est qu’un décor parmi beaucoup d’autres. Décor dont François Favrat a su s’inspirer, au gré de sa propre expérience sur les plateaux de tournage. Alors pourquoi pas ? Pourvu qu’il s’y passe de belles choses. Et c’est ici le cas. sabrina
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