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ABSOLUTLY FAAABULOUS
"- There's no business like showbusiness."
Après avoir raconté une histoire de musiciens mineurs couronnés au Royal Albert Hall, Mark Herman se penche sur une bourgade côtière, un peu perdue, un peu pauvre, un peu plouc. Le film est un peu plus amer. Au milieu de cet écrin sordide, un bijou: une voix. Un rossignol qui mute en chanteuses légendaires sur commande: Billie Holyday, Ella Fitzgerald, Judy Garland, Marylin Monroe, Marlène Dietrich, Edith Piaf... elle les imite à la perfection, jusque dans les déhanchements. En prenant 2 coupes, 2 musiques (le glamour R n'B et le ringard Disco), 2 générations, et même 2 manières de voir le monde; Herman aurait pu se piéger dans une vision naïve et manichéenne. Mais grâce à une maîtrise du scénario, et de formidables interprètes, il nous emmène exactement où il veut: sur un territoire rempli d'émotions, de dérision, d'observations et de plaisirs. L'ensemble donne un film jubilatoire et optimiste. Limite culte. Et potentiellement populaire.
En toile de fond le cynisme du carriérisme, de l'exploitation, du matérialisme. Mais grâce à une fin totalement antihollywoodienne, une vision résolument européenne, et romantique, The Full Monty (le grand jeu) se transforme en love story intimiste. Surtout Herman fabrique des métaphores, des signes, des scènes symboliques pour mieux tisser la construction et la destruction des personnages et de leurs mentalités. Si a priori tout le monde semble premier degré, chaque acteur apporte sa faille, sa douleur intérieure, ses nuances, pour en faire un être humain forcément aimable. Le quatuor est à ce titre fabuleux: Brenda Blethyn en mère désespérée et vulgaire, Michael Caine en macho rêveur, Ewan McGregor en téléphoniste autiste et au dessus de tous, Jane Horrocks, petite voix cachant un monstre de scène. On se souviendra longtemps du numéro de la Chanteuse, de sfringues et breloques de l'agent, de la mère ivre dansant du disco ou encore du jeune homme caressant son pigeon vedette. Le duo Blethyn-Caine est facilement le plus mémorable: ils atteignent leur summum en dansant sur du Tom Jones à en faire pêter les fusibles. Reste la face dramatique à cette comédie. Une destruction du passé, par le feu et la folie, le rêve qui chûte avec un show plus que raté, et finalement un grand balayage en forme de résurrection.
Au milieu de cette mocheté, de ce syndrome icarien de vouloir toucher les étoiles, Little Voice s'épanouit enfin. Bien plus que la voix, c'est son coeur qui nous touche. Herman a fait mouche, une fois de plus. vincy
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