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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Happy End (Nowhere to go but up)
France / 2003
24.12.03
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SONGES ET LUMIERES : POUR UNE VIE MOINS ORDINAIRE
"- Moi, je veux que ma vie soit le bouquet final d’un feu d’artifice."
Happy End ou le fabuleux destin d’une petite française, aspirante comédienne irrémédiablement optimiste, dans la jungle New-Yorkaise. Une comédie ? Assurément ! Mais aussi un drame : Nowhere to go but up, le titre anglophone du film annonce précisément la couleur. Le tout sur fond de romance. Vous l’aurez compris : Happy End est un conte. On y retrouve donc tous les classiques du genre : de l’infortune des personnages à la féerie, en passant par les notions de candeur et de destinée merveilleuse, Š Bref, tous les ingrédients d’un conte magique sont là, d’autant plus enracinés aux fins fonds de l’intrigue qu’ils servent de trame directrice à l’intégralité du film. Simpliste, stéréotypé, direz-vous. En effet, c’est indéniable : Happy End abonde de naïveté, situations chimériques et personnages caricaturaux. Les faits sont là et crèvent les yeux. Il serait pourtant inapproprié et fort réducteur de croire que le film s’y arrête, sans aller au-delà.
Après Fast Food Fast Women (2000) et Queenie in Love (2001), Amos Kollek continue de gambader sur les sentiers de la comédie. Ce dernier film est une chronique urbaine tendre et rafraîchissante, surplombée d’une énergie permanente. Entre humour et gravité, l’ironie domine le récit. Tout est question de point de vue. Ironiser sur de graves thématiques est un moyen efficace pour les mettre en abîme. Solitude, précarité, artificialité de l’existence : Happy End met en scène des personnages à la fois allègres et paumés, tous très différents mais qui se rejoignent en un point : cette sacro-sainte recherche du bonheur. Une jeune comédienne utopique, un scénariste aigri, une bourgeoise arriviste et nympho, une lesbienne psychopathe et deux prostituées qui rêvent d’êtres actrices, ... Amos Kollek use de caricatures et d’extrêmes pour converser et s’amuser avec ce thème qui lui est essentiel : l’absurdité comique de la vie. Alors quand, de surcroît, il s’agit de discourir sur l’univers même du cinéma, le réalisateur n’est pas à court d’idées : Happy End et son histoire chatouillent subtilement Hollywood : des castings abusifs très axés droit de cuissage à la déferlante des superproductions catastrophe, Amos Kollek dessine une fresque piquante sur les travers du cinéma hollywoodien.
Aux deux acteurs principaux de renchérir : égaux aux personnages qu’ils interprètent, à la fois sincères, audacieux et hyper volontaire, Audrey Tautou et Justin Theroux sont ici plus vrais que natures.
Petits dialogues entre artistes : une bonne dose d’humour et de romantisme, un brin de provocation : Happy End est un film enjoué et sans artifice qui développe la question de la créativité d’une manière on ne peut plus ludique. "Pas assez hollywoodien ! Trop profond !", dixit Jack, ce scénariste incarné par Justin Theroux, dans une séquence du film. Petite réplique, grande répartie : tout rapport avec des faits réels ne serait que pure coïncidence. Sabrina
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