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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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25 degrés en hiver (25° en hiver)
Belgique / 2004
21.07.04
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ON NE VIT JAMAIS QUE DEUX FOIS
« Tu disais que le destin était rusé pour créer les amours. Mais il est surtout rusé pour les détruire. »
Rien que du bonheur ! A grande vitesse ou plus paisiblement, de l’histoire au quatuor de comédiens, en passant par la composition même du film, 25 degrés en hiver est une aventure à ne pas manquer. Un beau voyage où réalisme et onirisme s’entrelacent délicatement pour nous offrir une étonnante bouffée d’oxygène. Comédie familiale, drame, romance, road-movie, hommage autobiographique, portrait social… 25 degrés en hiver fait partie de ces inclassables qui, s’enrichissant de chaque genre, parviennent à trouver une identité qui leur est propre. A notre grand plaisir ! Le talent de Stéphane Vuillet n’a d’égal que son extrême générosité. Générosité artistique, altruisme, curiosité intellectuelle. Sa volonté de faire rêver le spectateur, au-delà de tout - y compris la tragédie - est ici concrètement palpable. Son film est un conte, à la fois poétique, satiné, et profondément ancrée dans la vie ordinaire. Dans les deux cas, une épopée sensorielle. Intensité visuelle, du gros plan au panoramique, éloquence des variations rythmiques, couleurs et lumières volubiles, musiques ardentes : de la douceur à l'agitation, du rire à l’émoi, la mise en scène de Stéphane Vuillet est un vrai bain de chaleur. Le résultat est d’autant plus saisissant que scénario et jeux d’acteurs excellent dans ce même registre.
Chronique de quatre personnages en proie aux aléas de nos sociétés modernes. Tous quatre victimes de l’absence d’un être cher. Tous déracinés, dépassés, quelquefois, exacerbés ; mais jamais amers ; toujours téméraires et optimistes malgré les galères. Mot d’ordre : mieux vaut en rire qu’en pleurer. Ce, quelle que soit sa génération. 25 degrés en hiver conjugue l’amour à tous les temps. Moteur du récit : le goût des autres. Moteur du film : la spontanéité des quatre comédiens. En solo comme en face-à-face, chacun enrichit le quatuor de ses propres différences. Jacques Gamblin, en père largué, Carmen Maura, en grand-mère poule de tempérament, Ingeborga Dapkunaite campant ici une jeune femme déchue prête à tous sacrifices : entre bons vivants à bout de nerfs, l’ambiance est positivement électrique. Quant à la petite Raphaëlle Molinier, que de talents naissants pour cette toute jeune comédienne qui, du haut de ses sept ans, n’a rien à envier à ses compagnons de jeu. Sa jeunesse en fait, paradoxalement, le personnage le plus abouti du quatuor. Un protagoniste spectateur, témoin et reflet de chaque tonalité du film ; l’ambiance enjouée, tendrement humaine et chaleureusement cosmopolite visant ici quelques leçons de Carpe Diem.
Fresque intimiste, effervescente, sucrée-salée et ironique à l’image de la vie, 25 degrés en hiver confirme de très loin le talent de Stéphane Vuillet qui, rappelons-le, n’en est qu’à son premier long métrage. De quoi percevoir d’intéressantes perspectives pour ce jeune réalisateur passionné du cinéma d’Almodovar.
A suivre de près… sabrina
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