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VOYAGE SENTIMENTAL
"- Il faut toujours pardonner l'amour car il est incurable."
Jane Austen est une des auteurs les plus intéressantes de la littérature britannique, totalement en prise avec son temps, mélangeant les conflits sociaux, les enjeux économiques, les mondanités de rigueur, et les tagédies sentimentales dues à des mariages de raison ou de finance. Mansfield Park en est un exemple.
Cependant, il ne s'agit pas d'une adaptation classique, puisque Patricia Rozema distille ici et là des éléments propres à la vie de l'auteur, mélangeant l'héroïne imaginée par Austen et la personnalité même qu'elle était. cela rend évidemment l'adaptation plus intelligente, plus riche, moins littérale. Rozema insuffle d'ailleurs à tous ces mots, cette platonicité insupportable et romantique, un zest de sensualité, et de folie, et ce n'est pas pour nous déplaire.
Il en résulte un film fluide, précis, mécaniquement infaillible au niveau du scénario, avec la direction artistique de rigueur, qui nous rappelle l'absurde et isolationniste The Serpent's Kiss (de Rousselot).
Avec une vision politique tout à fait contemporaine, et un brin d'humour et de cruauté, le script et lesdialogues raviront ceux qui apprécient Les Liaisons dangereuses, Raison et sentiments, etc...
Ici le casting est peut-être moins prestigieux, mais Frances O'Connor et Jonny Lee Miller, qu'on aurait aimé voir plus fusionnels, insufflent de la fraîcheur dans ce monde aristocratique décadent. Impeccable, Harold Pinter forme un patriarche dépassé par son époque.
Une gentille comédie romantqiue faîte de drames et de clichés, de naïveté et de grand amour. Bien sûr, il faut y croire. Et puisque le livre a été largement "révisionné", on aurait pu espérer une mise en scène encore plus originale. Un peu baroque. Cependant, ce film de femme sur une femme à partir de l'oeuvre d'une femme, dépeint bien la perte d'identité masculine. Un film tout à fait moderne dans son propos... vincy
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