Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Gothika


USA / 2003

07.01.04
 



HALLIÉNÉE





" - On ne peut pas se fier à quelqu’un qui vous croit folle."

Certes il est bien loin le temps ou Mathieu Kassovitz nous bluffait avec sa mise en scène de La Haine ou ses plans stylisés d’Assassin(s). Après la commande des Rivières Pourpres (efficace mais confus), le voici embarqué sur un projet similaire (efficace mais invraisemblable). Histoire de se faire la main, sans doute. Sur un scénario de p’tit jeune - Judas Kiss était dans la veine des Tarantino, celui-ci flirte avec les séries Z de Dimension Films - Kasso parvient à se mettre à la hauteur de tous les faiseurs d’Hollywood, sans complexe et avec humour. Si le script biaise dès la quête d’une vérité, c’est à dire dès que le film revient à quelque chose (ça n’a pas d’autre mot) de rationnel, le film perd de son intensité, pour ne pas dire de son intérêt.
Mais peu importe, le film porte bien son titre, entre gore et polar psychologique, cet objet gothique, qui croise des fantômes (illustration du subconscient pour ne pas dire de notre intuition), n’a rien à voir avec la réalité. Il s’agit d’un divertissement ludique pour le réalisateur (grand fan de ce type de séries B) et d’un produit moulé pour sa star, Halle Berry. C’est la première fois que l’Oscarisée James Bond Girl porte un film de ses frêles poignets. La mort aux trousses, dans un décor polymorphe, le film se tient très bien dès lors qu’on n’en sort pas. Plus on avance, plus les lieux sont glauques, souterrains et claustrophobes. On est enfermé avec elle dans cette Maison sans docteur ni Edwards. Envoyés au purgatoire.
Le spectateur ne peut que s’identifier à cette femme trop rationnelle dans cette histoire de dingues. Car personne n’est clean, ou clair. Ni le très Pacino, Robert Downey Junior, ni l’invitée de luxe, Penelope Cruz. Dans ce conte fantastique, où Berry se la joue Possession, les gargouilles ne sont là que pour nous ôter un peu de stress dans ce suspens habile. Poupée de verre au bord de la crise de nerfs, la star est de toutes les séquences. Le son, le montage, l’image, les effets visuels, le cinéma hollywoodien n’a pas de secret pour le réalisateur frenchy. Ce n’est pas du Hitchock, mais ça fonctionne. On y trouvera une forme d’hommage aux séries B ou Z des années 50 et autres productions Corman ou films de Carpenter (avec référence outrancière à l’inégalable Christine).
Car à la différence des Rivières Pourpres, le réalisateur se prend moins au sérieux et tente de boucler son film. Il s’offre le luxe de déshabiller Berry (ou de l’exhiber en t-shirt mouillé) pour mieux stimuler son public cible, en toute conscience. Ils passent ainsi du fantasme à l’horreur, du fantastique au polar, et de manière plutôt fluide. Cela ne l’empêche pas d’abuser des symboles et des clichés. Jusqu’à faire crier un peu trop souvent son actrice.
On est dans le réactif, l’impulsif, loin du dialogue ou de l’échange. Tout cela bouge, marche, se déplace, cherche, courre. Cette descente aux enfers est en perpétuel mouvement et ne se pose jamais. Sans doute pour évacuer ou maquiller le fait que le scénario n’est pas à la hauteur du réalisateur ni des comédiens. Car le final, "énorme et moche" , décevra. En revenant à la réalité, en transformant l’irrationnel en simple justification d’un acte de justice, Gothika n’a même plus rien de baroque. Le classicisme aura vaincu. La déviation, intéressante, rejoindra alors une route plus familière, et mieux fréquentée.
 
vincy

 
 
 
 

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