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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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50 First Dates (Amour & Amnésie)
USA / 2004
30.06.04
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PUNCH-DRUNK LOVE
"- Mes doigts sont là pour combler vos narines."
Le cinéma hollywoodien a toujours tenté de créer des couples de cinéma. Et quand l'alchimie fonctionne, rien de plus tentant que de reformer le duo. Après The Wedding Singer, succès certain aux USA, Adam Sandler et Drew Barrymore ont cherché ce qui pouvait de nouveau les réunir : ainsi naquit 50 first dates (Amour et Amnésie).
Ainsi, la comédie romantique fleure bon le concept, du début à la fin. Le décor romantique (Hawaï comme dans Lilo et Stitch et la fin de Punch Drunk Love), le personnage masculin (un véto comme dans Dr. Dolittle, humour gras compris), le personnage féminin (une jolie amnésique, à l'instar de Dorrie dans Finding Nemo), un médecin guest star (Robin Williams dans Nine Months), une confrontation à la vérité (comme dans Good bye Lenin!) et l'histoire (reprenant le fil rouge d'Un jour sans fin). Ca frappe souvent au dessous de la ceinture au milieu d'un Club Med kitsch permanent. Le plus gênant est du côté de Sandler. Son personnage est complètement incohérent : présenté comme un mytho dragueur, il devient un véto rêveur puis enfin un bon gars amoureux. Difficilement crédible, Sandler ne parvient jamais à nous montrer qui est Henry Roth. Si ce n'est Sandler lui-même partagé entre ses rôles de comique, de romantique et cherchant une vocation légèrement dramatique. Visage banal et jeu fade, Sandler n'est que le symbole de l'Américain moyen, un peu gras, toujours sympa, et quelque fois maladroit. Il est affublé d'une sorte d'Heidi travelo et d'animaux avec qui il parle, à l'instar des vieux Disney. Il faut attendre l'apparition de Barrymore pour que le film change de ton, d'humour, et nous sauve d'une glissade vers le graveleux.
Car au milieu de toutes ces crétines blondes, cette sirène surnage. Elle peut tout jouer et affronter toutes sortes de turpitudes, machos ou grotesques. Elle n'est jamais ridicule. Même si son jeu n'échappe pas à cette dangereuse manie du tic convulsif qui rappelle les sitcoms US, elle campe la seule américaine naturelle, plutôt jolie, et pas nymphomane. Dans cet "attrape-touristes", où l'on hésite entre le cliché parodique et le pastiche kitsch, Barrymore élève le niveau en nous la rendant facilement sympathique au nom de son malheur. Pensez : fêter 365 jours par an l'anniversaire de quelqu'un en obligeant tout le monde à visionner The Sixth Sense chaque soir!
Sandler rame pour l'obtenir et il rame tout autant pour être aussi bon que la belle. Dans cette histoire qui pousse au paroxysme l'absence de routine comme élément salvateur du couple, la persévérance est mise à rude épreuve. Bizarrement les situations sont suffisamment variées pour ne pas trop nous ennuyer. Usine à tubes, ce produit formaté pour un public naïf et fleur bleue, a une vertu : pour conquérir la femme de votre vie, il faut savoir être imaginatif.
De l'imagination, il en aurait fallu pour que ce film nous marque. On se souviendra, paradoxalement, de l'amnésique, cette Barrymore qui barrit comme un éléphant quand elle chante les Beach Boys. Et puis de la star du film : ce morse (qui joue magnifiquement) polygame et joueur.
Le joli scénario ne suffit pas à conduire ce duo au delà de ce qu'il représente : un rêve américain abordable pour tous, ni trop beau, ni trop glamour. Juste classe moyenne. Dans cette parabole extrême sur l'engagement de chacun, le réalisateur n'a pas su insuffler une quelconque perversité. Son film, mal cadré, se veut lisse jusqu'au bout. vincy
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