Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Nid de guêpes


France / 2002

06.03.02
 



FORT ALAMO





Les aficionados des films de ce cher John Carpenter laisseront sans doute échapper un large sourire devant cette adaptation bien française d'Assaut, l'un des premiers longs-métrages du maître, qui posait pourtant les fondations de l'oeuvre à venir. Ghosts of Mars en fut encore la preuve dernièrement.
Parfois bien peu subtil dans ses allusions à ce film de référence, Florent-Emilio Siri n'en demeure pas moins habile, puisqu'il parvient à mettre sur orbite le film d'action "à la française", genre d'ordinaire si peu crédible, voir complètement ridicule face aux machines bien rodées de l'autre côté de l'Atlantique.
Pourtant, le casting de Nid de guêpes, aussi réjouissant soit-il, pouvait également mener la barque à l'eau en barbotant dans un registre proche de Taxi et autres produits ciblés et calibrés "djeuns".
On pouvait le craindre, on l'a craint. À tort.
Dans son approche réfléchie et respectueuse de l'oeuvre complète du maître autoproclamé de l'épouvante et du suspense, le réalisateur d'Une minute de silence s'octroie quelques recettes testées et approuvées par Carpenter pour crédibiliser l'action, laquelle, avouons-le en a bien besoin à la simple lecture du synopsis.
Première grande idée, utiliser des têtes d'affiche tout en redistribuant les rôles, sans distinguer de "héros" clair et précis (certains seront surpris, voir agréablement, du caractère minimaliste des performances d'un Samy Naceri ou d'un Pascal Greggory). Autre point fort, laisser une place primordiale à une femme, gonflée du biceps et aussi tendre à l'intérieur que dure à l'extérieur (voir Natasha Henstridge dans Ghost of Mars).
En joueur d'échec pervers, Florent-Emilio Siri s'amuse alors à déplacer ses pions sur un échiquier réduit, laissant, comme dans chaque partie importante, jouer le temps sur les nerfs de chacun, renvoyant les uns et les autres face à leurs doutes, leurs interrogations, leur peur, et leur folie ; le tout pendant plus de quarante-cinq minutes avant le premier engagement "sérieux" entre les deux parties adverses.
Le temps ici est alors perceptible, lourd, insupportable. S'y adjoint l'angoisse, l'élément naturel qui complète l'équation Carpenterienne, et enfonce le spectateur dans une sensation de peur palpable.
La mise en scène, ensuite, est si proche de celle de Carpenter qu'elle s'empare des mêmes stratagèmes de "communication" des informations. Le travail sur le champ- hors champ est remarquable, et les approches subjectives sont utilisées avec logique et magnanimité, sans esbroufes inutiles et gratuites.
La rythmique, enfin, est celle d'un horloger, qui mettrait trois quarts d'heure à remonter cette pendule en bois précieux, se délectant du léger bruit mécanique qui résonne dans le silence de l'atelier. Enfin, il lâche la clé et l'appareil se met en marche, il ronronne d'un "tic-tac" parfait, comme une danse de balles virevoltantes, un concert d'armes automatiques, un ballet superbement chorégraphié de corps tombant, mourant à nos pieds, d'un déluge de flammes, d'explosions, de chassés-croisés de regards, de larmes, et le tout, toujours au rythme de l'horloge qui trône à côté de l'échiquier. Bel hommage à Carpenter, d'autant plus maîtrisé que Siri ne tombe pas avec facilité dans la copie conforme, mais puise plutôt dans le liquide vital des films du réalisateur américain, s'inspire du savoir faire et de l'approche scénique du maître pour mieux se réapproprier son propre film et revenir à la quintessence de son sujet.

À suivre de près.
 
romain

 
 
 
 

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