Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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OUI NÔ

Le livre Bye Bye Bahia



Robert Lepage nous livre un film mêlant ses passions (le théâtre, le cinéma) à sa culture. Oeuvre authentiquement québécoise, est aussi son film le plus accessible, le moins expérimental, et finalement le plus léger.
Sans renier son travail de recherche narrative, Lepage prend une histoire banale et la place dans un contexte schyzophrénique. Tout y est dédoublé: le pays (Québec, Japon), les regards, les arts (scène, télé), le théâtre lui-même (Nô, Feydeau).
Typiquement québécois et pas seulement à cause de ces grands fossés entre lesquels Lepage jette des ponts, précurseurs de la World/Pop culture. Il y pose aussi un un regard politique, une critique.
L'action se passe en 70 (année hérétique) entre un Québec révolté, sous le coup d'une loi martiale, et une expo universelle d'un Japon qui s'occidentalise. Le nombril et le monde.
Nous sommes aux sources des années 90 (Karaoké inclus). Un peuple tente sa révolution, un autre expose son évolution. Le Québec veut changer son histoire, alors que le Japon, atomisé par l'Histoire, essaie d'émerger économiquement. Les 2 pays, fortement nationalistes à tout point de vue, désirent une revanche sur leur passé.
C'est là que réside l'utopie du Québec, et son échec. Le Soleil Levant a pris des armes économiques tandis que le fleurdelysé croyait au poids des mots. L'un se battait pour le PNB, l'autre pour sa langue.
Lepage ne fait aucune concession au FLQ (Falardeau va encore râler...) et s'attaque - trop discrètement - au vrai problème: la transmission du savoir et une langue française baclée par ses défenseurs.
"Peuple colonisé culturellement", Lepage poursuit le raisonnement en présentant à l'expo 70 au nom du Canada, une pièce du français Feydeau (pas la meilleure), mise en scène par un français. Colonisé par ces "fascistes d'anglais", par l'Amérique ou encore ces snobs égocentriques de parisiens, le Québec essaie de croire qu'il a un destin.
Destin qui avorte: une fausse couche à l'instar de celle de l'héroïne, totalement déphasée du problème, et pourtant si impliquée.
Et si l'argument tombe juste, les moyens y sont parfois un peu lourds, et les personnages souvent grossièrement dessinés (à commencer par la caricature de la parisienne).
Lepage, à travers son personnage principal, aborde la culture québécoise dans son essence: franche, créatrice, féministe. Sans aller au delà.
Une fois de plus la Québécoise est émancipée, libertine, indépendante et égoïste. Elle n'écoute pas les autres et ne se soucie que d'elle (cf Marie Lise Pilote dans L'Homme idéal). Et les hommes sont plutôt faibles, as usual.
Bien sûr les temps ont changé (et la scène finale le montre bien). D'un idéal communautaire on est passé à un individualisme souverain, de l'utopie on passe au rêve brisé. Et le Japon comme le Québec n'ont pas réussi leurs miracles.
Mais c'est uen autre histoire, et pas celle de Lepage qui signe là un film intéressant. Mais pas forcément aussi puissant que son travail d'homme de théâtre.
 
vincy

 
 
 
 

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