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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ocean's 11 (Ocean s eleven)
USA / 2001
02.02.02
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LES ROIS DU DESERT
"- Ils ont assez d'hommes armés pour occuper Paris! ... Ok, mauvais exemple."
Les casses sont à la mode. The Score comme The Heist l'ont récemment prouvés. Végas est tout autant "fashion", incarnant un rêve américain artificiel, de pacotille, souvent but ou étape d'un road movie. Mais Soderbergh ne se contenterait pas d'un film aussi convenu qu'un casse à Végas.
La magie de ce divertissement tient dans des éléments aussi invisibles que la grâce d'un ballet. On ne sent jamais l'effort, alors que la technique est constamment mise à l'épreuve. Soderbergh a signé un film léger, où l'intellect n'est pas sollicité, contrairement à son précédent opus. Ca ne l'empêche pas de maîtriser parfaitement son sujet, et d'atteindre son but avec une facilité confondante, sans jamais renier ni notre plaisir de spectateur, ni son désir de cinéma.
Jamais l'ennui ne nous effleure. Le scénario privilégie davantage les personnages, la comédie, le romanesque, plutôt que d'insister sur le suspens ou l'action. Les dialogues y sont pour beaucoup, construisant ainsi un réel échange, et bâtissant un travail d'équipe, tout en comprenant en quelques scènes chacun des personnages et sa psychologie. Pour cela, Soderbergh use de toutes les astuces : du choix du casting aux clichés les plus assumés.
Il confirme surtout quel grand directeur d'acteur il est, laissant place à un naturalisme jouissif dans un cadre toujours imposé. 11 Hommes. 12 Salopards. 13 Mercenaires. Les comédiens sont évidemment pour beaucoup dans le bonheur qu'on éprouve avec Ocean's 11. Un régal partagé à l'écran. Aucun ne décoit. même si on aurait aimé un peu plus voir la face sombre de Damon, tous sont là où nous les attendions. On glisse quand même 4 mentions spéciales. Brad Pitt, étonnant de désinvolture, de dérision, de maturité, parfait alter-ego à un Clooney en grande forme. Andy Garcia, qui n'a jamais été aussi proche de Pacino dans son jeu et son physique, rempli de cette colère froide, de cette haine indicible, qui font les grands méchants du cinéma. Carl Reiner, vieux monsieur, caméléon génial, indispensable rouage, et grand comédien. Enfin Julia Roberts. Soderbergh sera réellement son pygmalion. Elle n'a que quelques scènes et pourtant elle hante les esprits dès qu'elle se montre (en femme fatale, vêtue de ruge, descendant un escalier, le parfait emblême du film noir!). Elle apporte la touche nécessaire de sensibilité, de passion introvertie, ce trait d'union entre les deux ennemis.
Finalement, on se soucie peu de ce casse, de ce coup tordu, où le fric et l'amour font mauvais ménage. Seul importe les dissensions entre les protagonistes. Etonnament, personne n'essaie de se voler la vedette...
Depuis sa Palme d'or, Soderbergh a parcouru un long chemin, sinueux, abrupt, vertigineux. Ce remake dépasse de loin la plupart des productions hollywoodiennes. Il s'offre quelques grands moments : Don Cheadle en train de mater à la TV une scène qui se passe derrière lui, par exemple. Ici point de critique d'une ville superficielle et vide, mais bien le décor idéal pour un combat de titans où l'intelligence et la malice sont de mise. Pari gagné donc, puisqu'il réussit à refaire un Out of Sight (à il y a deux trois scènes clairement revisitées : prison, dînéer...), de manière plus mûre. Plus grand public aussi. vincy
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