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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Siete dias Siete noches (7 jours 7 nuits)
Cuba / 2003
14.07.04
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LA VIDA LOCA
"- Il vaut mieux être une danseuse qu'une pute."
A ceux qui ont une vision "glamour" de Cuba ou qui souhaitent encore y passer leurs prochaines vacances, Siete dias, Siete noches risque de refroidir leurs ardeurs. Le Buena Vista Social club apparaîtrait même comme un piège à touristes, comparé à ce film indépendant, numérique et tourné à l'insu du pouvoir cubain. Cela rendra indulgent sur la forme et donnera à réfléchir sur le fond.
Car le Cuba que Joel Cano nous sert en décor n'a rien de sexy. Immeubles délabrés (on se croirait à Beyrouth en voyant certaines cages d'escalier), voitures rouillées (datant des années 60), machines en panne, frigos vides, électricité défaillante... Un Cuba qui a le racisme ordinaire. Un Cuba malade : une présentatrice télé qui tente de se suicider, une femme atteinte du SIDA et qui ne peut rien faire pour son enfant déjà attaqué par le virus ... Toutes sont au bord de la folie, et ont plongé dans la crise de nerfs. Jusqu'à se bagarrer ou s'insulter entre elles. Des hyènes? Il y a un peu de Almodovar dans ce film, ou disons plutôt une certaine "ibérité" à manier les symboles, à filmer les animaux, et à confronter les marginaux dans leur passion excessive. Toutes ces femmes ont leur fierté, ce tempérament farouche qui les coupe parfois de leurs désirs, mais qui ne les empêche jamais de s'entraider. Beaux portraits de tragédiennes qui sont acculées dans cette impasse, meurtries sur cette île. Rêvant parfois, de manière éphémère, piégées, constamment. Il n'y a pas d'argent, il y a cet océan, et ces puissants qui décident à leur place... Le corps est la plus grande des libérations ; celui qu'on taillade pour se vider de son sang, celui qu'on transforme pour devenir femme, celui qu'on bouge pour danser,... Toutes fuient leurs responsabilités, mais toutes s'accrochent à un espoir irréel.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que le film flirte avec l'aliénation, l'égarement mental, l'errance physique. Chacun est dans son monde. Du défi mais aucune confiance. Personne ne s'efforce de comprendre l'autre mais tout le monde ressent le besoin de se parler. Elles possèdent cette boîte à outils, ce manuel de survie pour affronter le Castrisme : le soleil, la plage, les chansons, la bière pas chère, les discussions futiles... Car il y a peu de salut : appâter le touriste sexuellement, fuir à Miami ou vivre aux crochets de l'Etat. Elles qui ont tout perdu (enfant, boulot, mère...), elles qui sont parfois revenus à un stade primitif, instinctif, ne peuvent pas compter sur les mecs. Les hommes - de vrais coqs machos - ne sont ici que des corps dénudés. Des petites frappes ou des fantômes qui hantent leur passé. Les relations humaines sont impossibles : tout se marchande. Alors, on observe avec une certaine affection cette belle fraternité entre ces femmes de différentes générations. Le cinéaste filme avec justesse cette étude comportementale, cette "cubanité" rarement aussi crue que dans Siete dias Siete noches. Cru comme le langage employé (le cul est au coeur des paroles).
Il résume cela en une phrase : "Notre problème" est devenu "Chacun pour soi". L'idéal communiste est déjà corrompu par l'individualisme qui envahira Cuba lorsque Castro disparaîtra. Eminemment politique, le film gagne en puissance avec ses silences. Une douleur muette, une souffrance sourde. Au milieu de tous ces secrets, de toutes ces contradictions et contorsions psychologiques, elles s'affirment et se renforcent. Les itinéraires aboutiront aux trois possibilités : la mort, la prison, l'attente (la résignation?). La rage est au coeur du triptyque : "Ca va bien finir par changer". Puisqu'elles ont un peu changé, en l'espace d'une semaine. Le huitième jour tarde à venir... vincy
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