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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Père et fils
France / 2003
20.08.03
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UN PÈRE ET MANQUE
"- Ils vont quand même pas me tuer parce que je ne vais pas mourir maintenant."
"Plus tard ce sera peut-être trop tard", dit Noiret pour justifier son (joli) mensonge. C’est ce qu’a dû aussi se dire Michel Boujenah, clown triste et bonhomme attachant du show-biz français. Sa générosité, sa chaleur, et cet humour tendre qui transparaît dans sa personnalité et ses spectacles, se retrouvent évidemment dans son premier film, 18 ans après son triomphe d’acteur dans 3 hommes et un couffin.
Mais le film souffre d’un défaut qui atteint l’ensemble des films français dit populaires de ces derniers temps : l’absence de singularité. Cette banalisation, qui va du scénario relativement prévisible à l’image trop classique et télévisuelle, empêche le regard du cinéaste de se démarquer - excepté un Bourdon qui parvient avec un scénario juste et profond à se détacher cette année, même si nous lui avions aussi reproché un manque d’ambition artistique. Le film de Boujenah prolonge cette longue liste de films qui se repose sur son script et ses comédiens.
Or, si les acteurs jouent très bien leur partition - Noiret est un grand simulateur qui nous fait oublier sa contre performance des Côtelettes - l’histoire ne nous emballe jamais. À la recherche de l’affection perdue, le film ne fait jamais vraiment rire ou pleurer. Quelques bons mots nous arrachent un sourire. Mais l’émotion, peut-être noyée par trop de bons sentiments, semble inexistante, même sur le final. La tragédie imaginée pour un rebondissement très manipulateur aurait sans doute donné un autre film. Mais Boujenah a été incapable de tuer le père, élément pourtant indispensable pour s’affranchir de son passé.
Au lieu d’assumer un drame à l’issue fatale, le réalisateur s’évertue à nous présenter une comédie incapable de nous dérider tellement les relations entre les frères sont tendues. Cette ambiance familiale lourde se répercute sur le film, assez peu rythmé. Pourtant il y avait quelque chose de drôle à tirer de ce "mauvais père, menteur, tricheur, bluffeur".
Au coeur de ces hommes, par ailleurs sympathiques avec leurs failles et leurs excentricités, nous rêvions d’autre chose qu’un Trois hommes et un papy. Le rythme peu fluide, la musique médiocre, la fin convenue, tout cela donne un aspect un peu vieillot, peu inspiré. On sauvera donc le plus jeune des fils, une belle révélation, et la séquence de la prison, qui respire l’humanité, la fraternité et qui nous donne presque le regret d’avoir goûté à un film qu’on aurait aimé voir.
Tout finira avec une Pax Boujenah, apôtre de la réconciliation, "fool" sentimental. C’est aussi pour cela qu’on l’aime. Et que nous attendions plus qu’une comédie terne formatée pour la télévision. vincy
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