Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ridicule


France / 1996

14.05.96
 



HUMOUR ET HUMEURS





"- Le roi n'est pas un sujet."

Resplendissant et intelligent du début à la fin, Ridicule frappe autant grâce à l'humour et l'émotion, comme il fait à merveille la satire d'une période de la France où l'esprit était une devise recherchée. La fortune (et l'infortune) d'un homme et sa réputation pouvait se faire ou se défaire sur la force d'une simple remarque. La puissance des mots cause ainsi tous les maux.
Mais déjà c'est le pouvoir de l'image qui s'insère dans ce jeu de rôles où chacun se piège, se trahit et finalement meurt de ses propres armes.
Le scénario, un bijou, décrypte parfaitement cette surenchère spirituelle, jusqu'au mot de trop, ce faux-pas qui ne pardonne pas. La méchanceté, acerbe, démontre à quel point cette aristocratie oisive faisait fi des sentiments, de peur d'être la proie de ses tourments. La caste s'enferme ainsi dans sa propre prison mentale. Pire elle s'isole du peuple, en pleine souffrance. Leconte, malgré le chic apparent, dépeint ainsi la pire des tares françaises : la suffisance de son élite, l'arrogance de ses décideurs. En cela Ridicule, match permanent de joutes oratoires, est un film qui fait écho à notre époque. Déjà, le déclin. Ahurissant quand on voit tant d'intelligence déployée, tant d'esprit au mètre carré.
Un film à costume mordant mais débordant de références contemporaines, un film soigné et exquis qui devrait délecter un public étranger, particulièrement ceux qui ont apprécié les ironies acides des Liaisons Dangereuses. Car le film est sensuel. Ce couple scientifique et bourgeois, moderne donc, incarné par Berling (parfait) et Godrèche (magnifique), sous l'oeil goguenard de Rochefort (indispensable), est 'lobjet de tous les désirs : regardez cette robe caresser le pollen est une extase. Voir cette chair d'une cuisse frémir sous la paume d'une main régale nos regards. Leconte signe sans aucun doute son plus beau film, à fleur de peau, et fleurant bon les mots.
Avec des sous-entendus sur les dangers de rendre le prestige éphémère au dessus de l'effort pour rendre un monde meilleur, le film le plus fidèle et le plus abouti de Patrice Leconte fut un choix séduisant et très provocateur pour l'ouverture du Festival de Cannes. Mais surtout, cette comédie cynique restera comme l'un des films français les plus intéressants sur ce qu'est cette identité, ce savoir vivre, cette quête de l'idéalisme et ce goût prononcé pour la jouissance. Bref la différence made in France.
 
vincy

 
 
 
 

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