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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A la place du coeur
France / 1998
09.12.98
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LES MEILLEURES INTENTIONS
"- Leurs rires venaient de leurs couilles"
Guédiguian revient sur les écrans un an après son hit-surprise Marius & Jeannette. De la fable optimiste et chaleureuse, il passe à une adaptation littéraire, sombre, noire même, et dure. Comme si les Lois Debré l'avaient meurtri, il déprime en images, oubliant les calanques et le bleu Cézanne pour le béton d'uen autoroute et le visage défait, fataliste d'Ariane Ascaride. Présenté comme un journal intime d'une adolescente naïve, ce qui rend le film un peu plus léger, A la place du coeur confronte extrêmisme religieux, fascisme policier, et exclus de la société.
On reprochera donc, d'emblée, cet aspect manichéen et limite "conversation de bistro" de la part du réalisateur. C'est d'ailleurs la garnde faiblesse du film: son aspect peu convaincant dans la manière d'élaborer son message, humaniste, tolérant, prolétaire. Et donc gauchiste. On aimerait parfois plus de subtilités. Et là où M& J gagnait en simplicité, la noirceur appelle une certaine complexité. Pessimiste, l'oeuvre est aussi une coctte-minute prête à exploser, ou chaque personnage est tendu, où la vie sest prête à se briser. Guédiguian excelle dans es portraits, aidé par de merveilleux comédiens, avec mention spéciale à Ascaride et Darroussin en femme et mari. Cette histoire de métissage, de fille-mère, d'innocence baffouée par le trop de vigilence, se heurte cependant à quelques écueils dus à l'auteur: un rythme vascillant entre une lenteur africaine et un reportage pour Envoyé Spécial, des redondances scénaristiques, des échos trop convenus à ses autres films (une fois de plus une scène de beuverie entre mecs). Comme une répétition dans un autre style.
Une narration pesante (avec voix off!) qui empêche les envols et l'émotion. Cette confusion du discours s'oublie si on attache son regard à Marseille la délabrée, aux combines pour survivres, aux injustices quotidiennes et aux hommes justes du passé. A ceette belle histoire d,amour entre une jeune fille et son aim d'enfance, à cette indifférence à la couleur de la peau. Aux transgressions des tabous d'une France qui assume ses couleurs. Une Marseille bigarrée. Mais Guédiguian n'a aps su quel regard porté sur cette schyzophrénie hexagonale entre ceux qui haissent et ceux qui aiment. Au point de s'offrir sa première virée hors Marseille de sa carrière, en envoyant sa Ariane suivre son fil à Sarajevo. Une ville dévisagée non pas par la guerre économique mais par une guerre civile. les femmes et les hommes y sont les mêmes que dans le quartier de l'Estaque. Blessés et aimants.
Cette bouffée d'air bosniaque peut nous faire espérer. Guédiguian, après avoir signé l'un de ses films les plus claustrophobes, n'essaie-t-il pas d'universaliser son discours en allant voir ailleurs si Marseille y est? Alors ce film serait une transition dans sa filmographie, un trait d'union un peu tremblant entre son réalisme utopique et une vraie critique sociale construite et engagée. Un cinéaste qui passerait du coeur à la tête....
vincy
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