Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sauve-moi


France / 2000

06.09.00
 



LE NORD PAS TRISTE





"- Tu peux pas m’embrasser parce que moi, je suis une femme-sandwich. Si tu veux, tu peux manger..."

Sauve-moi débute joliment: Medhi, dans son taxi clandestin, parcourt les rues de Roubaix à la recherche de passagers. La caméra, sur un air de rap, filme Roschdy Zem en gros plans et longe les trottoirs de la ville. Dès le commencement, la dimension poétique du film est installée. On est déjà très loin de la légèreté machiavélique de La Discrète, de la froide dureté du scénario de La Séparation ou encore des aventures tragi-comiques de Beau Fixe et de Je ne vois pas ce qu’on me trouve.

Ici, contrairement à ses précédents films, ce n’est pas l’histoire qui importe mais davantage les personnages qui sont tous terriblement attachants. Sauve-moi est construit autour de bribes de vie qui ne sont là que pour parler des protagonistes et plus globalement de l’humanité. C’est une sorte de fable sociale et surtout humaine. On accompagne avec beaucoup d’intérêt cette troupe de personnages meurtris, troupe dans laquelle Agatha entre telle un tourbillon.

Christian Vincent, avec beaucoup de simplicité et de vitalité, parvient, d’un bout à l’autre du film, à capter la vie de tous et à dépeindre les liens qui les unissent. C’est un peu comme si, d’une manière différente de ses autres films dont la genèse a suivi un ordre précis (histoire, personnages, lieu, décors et interprètes), Christian Vincent avait pioché des éléments du livre écrit par ces chômeurs de Roubaix pour parvenir à toucher l’essence même de la vie.

Grâce à cette démarche, le réalisateur réalise une peinture du Nord et de ses habitants qui est aux antipodes de L’Humanité de Bruno Dumont. Dans Sauve-moi, rien n’est jamais ni irrémédiablement sordide ni perdu. Ce sentiment est amplifié par la présence du personnage joué par Rona Hartner: il insuffle véritablement de la gaîté et de l’espoir à tout ce qu’il approche. Le film entier en ressort empreint d’une réelle bonté et d’une beauté pure et simple.

Espérons que la dernière réalisation de Christian Vincent, plus brute, et peut-être moins légère que les précédentes, rencontrera un succès qui démentira la phrase du réalisateur à propos de La Discrète: "Le succès est toujours un malentendu". Parce que ses films se succèdent et le malentendu se dissipe: Christian Vincent est un réalisateur doué !
 
laurence

 
 
 
 

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