Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sinbad: Legend of the Seven Seas (Sinbad)


USA / 2003

09.07.03
 



BRAVEHEART





"- Fais toi couper les cheveux. Tu vas être Roi un jour."

Faisons-le vite savoir : DreamWorks a hérité de la touche Katzenberg. Tandis que Disney, hormis les productions en 3D de Pixar, ne nous épate plus depuis Tarzan (pour les plus indulgents), le studio indépendant, co-fondé par l’initiateur du Roi Lion, livre année après année des dessins animés emballant et pertinents. La maturité du Prince d’Egypte, la noirceur de Antz, le délire désormais culte de Shrek, ou encore l’originalité de Spirit ont conduit à la création d’un catalogue de " cartoons " qui se distinguent de Disney tout en s’y reflétant. Car, artistiquement, hormis les films en 3D, les films d’animation en 2D sont très similaires à leurs cousins de Walt Disney. Côté scénario, la ressemblance est trouble. Après La Planète au Trésor, il est étonnant de voir que nous flirtons avec les mêmes univers de pirates et les mondes mythologiques dans ce Sinbad. Ce duel au pixel date des origines de DreamWorks, du départ de Katzenberg de chez Disney. Et près de 7 ans plus tard, le divorce ne semble pas consommé.
Pourtant, comme nous le disions, Sinbad est bien meilleur que La Planète au Trésor ou Atlantide. Cette petite différence n’est pas artistique ni même technique. Elle se trouve dans l’élan, le rythme, l’insolence, la psychologie des personnages, la cohérence du scénario, les dilemmes moraux. Quand Disney pille du côté des mangas par facilité, DreamWorks s’inspire des classiques hollywoodiens, des grands livres ou encore des tragédies antiques. Sinbad est une forme de quintessence de cette dualité : héros ou voleur, cupide ou intrépide, ami ou traître. Il est le pilier idéal d’une histoire où les frontières entre le bien et le mal sont floues. D’entrée, les enjeux sont plus trépidants. Il n’y a pas un méchant et un gentil, un brave et un vaillant. Tout se situe dans les contours d’une morale, d’une intégrité, d’une foi. Ici, le vice peut être aussi une forme de vertu.
Cela ne suffirait pas à en faire un bon dessin animé, évidemment. Mais on préfère être séduit par ce discours sur l’âme humaine, sur l’affirmation d’une femme face à des machos bêtas, ou encore sur la force (majeure) de l’amitié, que l’inverse. D’autant que tout cela est plutôt bien amené, laissant de la place aux relations personnelles et à de très belles séquences d’action. Car le plaisir culmine avec ces monstres saisissants, ces univers irréels, ces jeux d’ombres et de transparence, et surtout ce con de chien bien nommé Spike. Car les personnages ont de vraies gueules, de celles qu’on voyait dans les films du genre des années 50. Sinbad a l’écorce dure. Ils reflètent d’ailleurs des tempéraments assez noirs.
Il redescend un peu avec la musique un peu pompière, les dialogues trop actuels (frimeurs), l’humour trop hollywoodien ("- Who’s bad ? Sin-bad!") et un script trop formaté par les clichés. L’alternance entre aventure et conversations est trop répétitive pour nous envoler vers l’étoile du Tartare. De même le mélange entre 2D et 3D n’est pas forcément réussi, l’effet étant souvent trop visible. Certains mouvements sont trop fluides, certains corps trop agiles et l’ensemble manque alors d’épaisseur, de consistance. C’est regrettable de gâcher ainsi une si belle direction artistique : le ciel offres des couleurs issues des tableaux de la Renaissance. Syracuse a des allures de villes nées dans les contes fantastiques. Le film aurait porté davantage sur l’onirisme, nous aurions été comblés. Mais n’est pas Miyazaki qui veut. D’ailleurs, cela se sent. La seule " créature " complètement ratée n’est autre que la déesse du Chaos, Eris. Avec un visage si inexpressif, une laideur si palpable, que nous ne comprenons jamais l’impact séduction/répulsion qu’elle est censée procurer.
Cette odyssée est tortueuse et pleine de rebondissements. C’est un minimum. Les jeux de mots graveleux et l’immaturité de ces jeunes adultes plairont aux plus petits tandis que les classes au-dessus se repaîtront des moments de bravoure. Tout cela nous mène à bon port, avec un divertissement bien foutu, quoique inégal, des caractères attachants car imparfaits. Happy end de rigueur avec le mec, sa nana et son dog. Sinbad finit comme n’importe quel beauf. Normal, il n’en est que son reflet héroïque, fantasmé, où le bateau sert de pavillon de banlieue. Il lui suffit alors de raconter l’histoire à ses progénitures, qui en redemanderont.
 
vincy

 
 
 
 

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