Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Chronicles of Riddick (Les chroniques de Riddick)


USA / 2004

18.08.04
 



SPACE OPERETTE





« Riddick, quand je disais que je me moquais de vivre ou de mourir… je blaguais »

Les intentions sont dans le titre, le héros aspirant à devenir récurent est mis en avant puisque son identité est désormais citée et de nom de chapitre on passe aux chroniques fleuves, marquant la volonté de s’extirper de la série B pour accéder aux mensurations fleuves du blockbuster. Pitch Black avait laissé un souvenir plutôt agréable. Sans prétendre marquer un tournant dans une vie cinéphilique, le caractère anecdotique de son scénario était compensé par celui bien trempé du personnage central, Riddick. Colosse bestial peu prolixe, qui passe son temps à tenter de sauver sa peau en absence totale de morale et de compassion pour son prochain. Le format très serial, mais surtout les aptitudes instinctives du barbare sans foi ni loi n’étaient pas sans rappeler l’œuvre de Robert Erwin Howard, pape de l’heroic fantasy et créateur de Conan. La trajectoire de l’insoumis entrant dans la légende mais aussi dans la civilisation sera d’ailleurs semblable à son supposé modèle dans cette séquelle, jusqu’à sa pose finale sur le trône souverain. Une filiation séduisante et prometteuse qui nécessite cependant dans ses nouvelles ambitions que la production soit à la hauteur. Hélas à la vision du film, il apparaît clairement que les intentions téméraires de l’équipe étaient bien plus fortes que le talent et la matière disponibles en magasin. Le script tout d’abord marquera les limites de la plume de David Twohy qui ne parviendra pas à développer de façon crédible en 90 minutes un univers louchant vaguement du côté de Dune (Herbert mais aussi Lynch). On ne fait pas une fresque avec une frise. Du coup rien ne pourra paraître convaincant. Philosophie de bazar, géopolitique digne du monopoly, complots sommaires rien n’est proprement dimensionné, ni solidement installé. Le casting aura beau déclamer des dialogues avec la plus haute gravité pour tenter de donner un peu de sérieux à l’affaire, le résultat prête surtout à sourire là où il aurait pu s’ancrer dans une critique subversive de notre monde moderne. Car aussi maladroite soit-il, le souffle libertaire qui semble vouloir se dégager des ces Chroniques pour un peu évoquerait, à travers l’évangélisation de la très arabisante planète Herion par un peuple plus avancé technologiquement et plus croyant, une certaine intrusion récente d’une coalition étoilée terrienne.
Il n’empêche que le parallèle sera vite noyé dans le chaos du spectacle. A ce niveau là, l’inspiration n’est guère plus de mise. Rarement il aura été proposé une action aussi confuse, mal filmée et dont le montage tient du désastre. Aux frontières de l’incompréhensible sur certaines séquences, la contemplation de la compression futuriste n’apporte même pas de plaisir pour les yeux. La qualité de la direction artistique fluctue selon les lieux représentés, allant de la surcharge de l’architecture massive Necromonger qui atteint la saturation dans le mauvais goût à force de copier coller numériques au dépouillement sommaire très série télé de l’atmosphère de la planète carcérale baptisée avec un sens certain du kitsch Crematoria. Entre baratin et vilains papiers peints, Vin Diesel tentera de tirer sur la longévité de son rôle fétiche sans renouveler d’un pouce ses performances d’acteur. Minimum de mots articulés, grosse dépense physique sont au programme. Riddick n’en demande pas plus, son entourage menace même de le priver de son humour basique en exprimant le souhait de l’embarquer à bord de leur vaisseau pour pratiquer une régression cérébrale sur sa personne, opération qui n’arrangerait certainement pas les affaires du spectateur.

Il aurait fallu incontestablement des épaules plus larges pour aider le furyan chauve à sortir de sa condition de sommité de genre spécialisé en trouvant une adéquation qui sied mieux à ses attributs. A ce long pensum aux yeux plus gros que le ventre, il serait préférable de rester chez soi pour déguster en DVD Dark Fury, l’adaptation animée de la franchise réalisée par Peter Chung beaucoup plus aboutie et ne pêchant pas par orgueil puisque plus équilibrée dans sa démarche segmentée...
 
petsss

 
 
 
 

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