Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Village


USA / 2003

18.08.04
 



A WALK IN THE WOODS

Le livre Bye Bye Bahia





"- Je vois le monde, Lucius Hunt. Je le vois d'une manière diffèrente, c'est tout."



Comédie poilante, navet grandiose ou arnaque de l’année ? Qualifier en des termes aussi fantasques et peu orthodoxes, un nouvel opus du très chouchouté M. Night Shyamalan, aurait sans doute valu, il y a quelques siècles encore, le bûcher à bon nombre de critiques. La torture infligée au spectateur durant les deux interminables heures de The Village n’est pas moins insoutenable. A moins de prendre tout cela avec humour. Car pour sa quatrième incursion dans les méandres du suspense, M. Night Shyamalan signe ici son film le plus terrifiant. A la niaiserie de dialogues propres à éveiller l’âme fleur bleue du plus crétin d’entre nous (la palme revenant à deux grands moments de poésie : "Le monde tourne autour de l’amour" et "Tout le monde s’incline devant l’amour"…) répond un ennui mortel et contagieux qui balaye la salle de fond en comble. Pour éveiller la curiosité quant à ses drôles de villageois peureux et méfiants et les étranges phénomènes qui brisent la quiétude du camp retranché, M. Night Shyamalan simplifie à outrance le récit et néglige l’incroyable maîtrise scénique qui faisait le succès de ses films précédents ; scènes interminables (et souvent inutiles) pour mettre en valeur les têtes d’affiches de son imposant casting, montage bâclé et effets visuels et sonores qui n’ont de crédible que le nom. Un craquement de branche par là, un grognement par ci. L’affaire est jouée.

Mais ce n’est peut-être pas là le plus décevant. Réalisateur coincé, incapable de filmer les rapports humains dans ce qu’ils peuvent avoir de plus intime (Sixième sens et Signes mettent en lumière des personnages presque exclusivement masculins et Incassable tourne autour des comics où le sexe voire le désir sont totalement proscrits), M. Night Shyamalan glisse vers une approche quasi réactionnaire des relations de la vie en communauté. Le monde extérieur n’est que crime, pêché et purgatoire, tout cela parce que la bonne parole chrétienne n’y est plus la bienvenue. Aveuglé peut-être par ces relents évangélistes, le réalisateur nous assène un ultime coup de poignard inutile déguisé en un final ridicule et prévisible que les plus patients spectateurs accueilleront avec sourire. Pour les autres, il s’agira d’admirer la belle tentative de Bryce Dallas Howard pour battre le record au 100m de l’aveugle la plus rapide du monde. Rendons grâce au bel Adrien Brody pour sa jouissive et enfantine partie de cache-cache (grand moment...), seule note d'espoir du film.

Reste que, bon ou mauvais, The Village débarque en France fraîchement auréolé d’un succès outre-Atlantique au box office. Malgré les mises en garde de la critique américaine, Disney a d’ores et déjà remporté son pari sur ses mauvais résultats précédents. A la vue de The Village, Shyamalan, le cinéma et les spectateurs sont les grands perdants de cette pitoyable "aventure".
 
jean-françois

 
 
 
 

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