Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une hirondelle a fait le printemps


France / 2001

05.09.01
 



VERCORS ET ÂME





" J’ai fait du ragoût pour huit jours, alors comme je pourrai pas tout finir... et que je n’ai pas de chien… tenez ! "

Pour son premier long-métrage, Christian Carion nous offre un joli produit du terroir, honnête, sincère et émouvant. Et si l’originalité du propos n’est pas au rendez-vous (une citadine stressée s’évade pour un retour aux sources à la campagne), la valeur du film est ailleurs, dans l’interprétation exceptionnelle de ses deux acteurs, Serrault et Seigner, plus convaincants que jamais, et dans cette approche tendre et crue d’un monde qui peut se révéler sans pitié. D’entrée, la scène de mise à mort du cochon (non simulée) brise bien vite nos aspirations à découvrir, curieux, le quotidien joyeux du monde agricole.
Sans tomber dans le stéréotype facile et fatigant du paysan fier et proche des « vraies » valeurs, lesquelles seraient perdues par une citadine naïve qui rêve de nature comme idéal baba, Carion nous confronte à un métier où le courage à l’ouvrage, la volonté et les bonnes idées sont les seuls et uniques recours pour tenir une ferme en état. On est bien loin des communautés hippies ringardes. Mathilde Seigner n’est pas une rêveuse et sait mettre la main à la pâte pour faire tourner son affaire, certainement plus d’ailleurs que certains agriculteurs du village qui la jalousent tout en laissant couler les heures en jouant aux cartes au bistrot. Lesquels d’ailleurs, et c’est Serrault qui le dit, seront en première ligne pour démonter un fast-food quelconque. Sans jamais prendre position, Carion règle néanmoins ses comptes avec un paquet d’idées reçues, le scepticisme buté envers la modernité et la peur de l’autre.
Point faible du film maintenant, les événements se succèdent avec une prévisibilité agaçante. On devine de suite que cette confrontation passive entre Serrault, le vieux bourru méfiant, et Seigner, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, n’ira pas bien loin puisqu’en réalité le vieux bourru cache un cœur gros comme ça. A partir de là, chaque fois que la vieux montagnard mettra des batons dans les roues à l’apprentie-fermière, on devine qu’il les enlèvera bien vite avec une pointe de remord. Dommage, mais le spectacle de cette nature grandiose, humaine et sauvage, vaut largement le déplacement. Une vraie bouffée d’oxygène.
 
romain

 
 
 
 

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