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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Unconditionnal love (Amours suspectes)
USA / 2002
27.08.03
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DES COUPLES PRESQUE PARFAITS
"- Je ne veux pas mourir dans ce costume !"
Paul J.Hogan aime les mariages, les comédies romantiques un peu déjantées sur les bords de la pellicule, les grains de folie qui rouillent les belles mécaniques et rayent les futures destinées.
Aussi quand il nous parle de divorce, d'enterrement, et de monde déshumanisé, prend-on peur. Bien sûr tout cela est cohérent avec sa vision un peu romanesque, kitsch et rose bonbon du monde. Mais il y insuffle une noirceur, une déprime qu’on ne lui connaissait pas et qui gâte un peu son talent.
Car en prenant trois anti-héros tels qu’une femme au foyer enveloppée, un gay complètement parano et une naine stressée, soit trois représentants de minorités visibles, il nous oblige à voir un monde plus excentrique qu’il n’y paraît dans notre environnement banal. Si bien que l’on glisse de l’allégorie dépressive (des cages de verre où les enfants disent bonjour à des anonymes résidents en vis-à-vis) à un univers enchanté et en paillettes, peuplées des chansons sirupeuses.
Cet étrange cocktail entre un humour corrosif et un décor dangereux où l’on entretient la peur plutôt que les rêves ne réussit pas toujours à prendre.
Ce qui rend le film charmant et divertissant réside dans les personnages. Des cinglés bien névrosés. Il faut voir Kathy Bates en bonbonnière de soirée errée dans un supermarché. Comme à chaque fois, elle rend un film meilleur par sa simple présence. Sans doute l’une des plus grandes comédiennes contemporaines, parmi les plus charismatiques, aussi à l’aise dans le rôle de l'épouse plaquée que dans celle de la chanteuse pour croisiéristes seniors. Rupert Everett ne change pas trop de registre, en incarnant l’éternel gay séducteur, et lassant. On est bien plus épaté par Jonathan Pryce en crooner ringard à la Iglesias. Ou encore par Meredith Eaton en naine à l’imper rouge politiquement incorrecte. Le charme attachant des comédiens procure l’essentiel du plaisir éprouvé par ce film mineur dans la filmographie de Hogan.
Ce film mélange les genres : policier, comédie musical, romantique, burlesque... C'est faussement tragique, et parfois férocement comique. En affrontant leur peur, et en partant dans un délire insensé, Amours suspectes se détourne de ses débuts très aseptisés, presque hollywoodiens, pour aller vers un final plus trash, et proche de la série B culte.
Dans ce film où tout le monde se sent mal aimés et où aucun couple n’est assorti, tout finira bien, et en chanson. Car la musique n’adoucit pas seulement les moeurs, elle guérit les souffrances.
Le final est peu inspiré, trop facile comparé au reste du film. Il illustre bien ce côté bancal ressenti tout au long du scénario qui vacille entre les scènes justes (notamment celles avec Dan Aykroyd) et celles un peu ratées (celles avec Julie Andrews mériteront d’être retenues pour leur vacuité). Plus que suspects, ces amours sont maladroits... vincy
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