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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vidocq
France / 2001
19.09.01
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LA REVOLUTION AVORTEE
"Lâchez-moi ! Je dois m'assurer qu'il est vraiment mort !"
Est-il nécessaire de dire qu'on attendait beaucoup du "Premier film tourné en caméra Haute Définition" ?. C'était pourtant déjà le cas de La vierge des tueurs" de Barbet Schroeder l'an passé. Quand bien même, et à la vue de ce spectacle, il est de toute façon difficilement imaginable qu'un jeu de passe-passe technique avant-gardiste sauve une oeuvre qui manque cruellement de coordination scénaristique. Le somptueux navire annoncé prend l'eau à la vitesse de son ambition. L'entreprise se transforme soudain en un beau gâchis dirigé avec une maladresse inattendue par le petit Mozart des effets spéciaux, qui, s'il manie la palette graphique de main de maître, improvise complètement dans une mise en scène malheureuse. À trop calquer le modèle hollywoodien, on aurait tendance à oublier qu'en France, la réalisation est aussi synonyme de mise en scène. La rythmique est épuisante, cousue de scènes découpées en pièces multiples, agencées bout à bout pour "accélérer" l'action, lui insuffler un vent épique inefficace et artificiel. Les raccords bancals qui s'en découlent défigurent, car trop ou trop peu travaillés, l'atmosphère terriblement mouvementée voulue par Pitof dans les scènes de poursuites. On nous présente souvent, même s'il n'est pas bon d'y prêter toujours référence, un tournage "Dogmatique" à l'épaule, abusant des (très) gros plans, le tout perdu dans la rigueur et la "stabilité" d'un tournage pourtant de facture classique. Fort heureusement, et Pitof peut s'en féliciter, il cherche une voie nouvelle dans la chorégraphie des combats, peu nombreux finalement dans le film, sans surfer sur la vague actuelle des références à Matrix. Point de kung-Fu en ces lieux. Ouf.
Reste, on s'en doutait, un travail de titan véritablement soigné sur la conception des décors, costumes, lumières, etc. Caro y pose sa patte, avec dextérité et réel talent, un talent réservé et un Caro dans l'ombre d'ailleurs depuis son travail sur La cité des enfants perdus, effacé par la réussite de son ancien complice Jean-Pierre Jeunet.
En réalité, la tare véritable de Vidocq, celle qui dévore véritablement le noyau central du film, que défendent pourtant avec ferveur et réelle sincérité les acteurs (Dussollier surtout, est exceptionnel), c'est la panne de scénario.
Grangé est un écrivain doué pour instaurer une atmosphère angoissante à souhait, malsaine et suintante à merveille, il nous l'avait déjà prouvé dans Les Rivières Pourpres. Mais comme dans ce dernier, il fait malheureusement preuve dans Vidocq d'un manque cruel d'imagination dans les dernières minutes de l'histoire, primordiales puisqu'elles nous mettent face, comme dirait Dussollier, "au temps de la vérité".
Le retournement de situation final, puisqu'il y en a un, est accablant, poussif, et surtout, incompréhensible, opposé aux fondements même du film.
Et si le film le plus attendu de la rentrée était aussi le plus mauvais ? romain
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