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Ecran Noir, le cine-zine de vos nuits blanches, Alfred Hitchcock

Hitchcock : « Il n’y a pas de terreur dans une explosion, il y en a uniquement dans son anticipation.
Une surprise qui dure 10 secondes, si violente soit-elle, ne vaudra jamais la moitié d’un suspense qui dure six ou sept bobines. »

    Hitchcock

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S.U.S.P.E.N.S.

En fait Hitchcock a toujours été moderne. Bien avant Psychose. Le suspens demande au spectateur d’être impliqué dans chaque détail d’une scène, de participer au film, de vouloir devancer les héros, parce que le spectateur, lui, sait.
Hitchcock montre ce qui va arriver pour maintenir le spectateur en haleine. C’est du cinéma quasiment intearctif.
Le maître ne surprend jamais le spectateur. Il anticipe. Au lieu qu’une scène explicative amène la scène d’action, il mélange les deux, évite la redondance, et suit d’un bout à l’autre le drame ou l’action.
Le spectateur, dans un film d’Hitchcock, veut prévenir les personnages de ce qui va se passer. Hitchcock va alors faire durer ce suspens, en rendant le temps élastique, en cumulant les obstacles pour le héros, en augmentant le degré d’impossibilité pour que tout finisse bien.
Un des premiers films du maître à utiliser ce procédé est Agent Secret (1936) : un gamin transporte une bombe, mais perd son temps en flâneries, à s’amuser insupportablement, inconsciemment.
Le summum sera la célèbre scène des cymbales dans L’Homme qui en savait trop (1956), où jusqu’au bout on attend de savoir si le meurtre surviendra quand les deux cymballes se frapperont.
Il s’agit aussi de créer des scènes cinématographiquement fortes, stimulantes mêmes, où il est presqu’impossible pour le protagoniste de s’en sortir. La Mort aux trousses en est l’exemple parfait (la scène du champ de maïs, celle du Mont Rushmore). Il l ’a aussi exploité avec un simple verre de lait peut-être empoisonné. Hitchcock ici prend son temps pour que Cary Grant montre l’excalier, avec le verre.
Le suspens implique ce « ménage à trois » (ce sont ses propres termes) entre l’image, le spectateur et le narrateur. Et le public l’a remercié à juste titre en allant voir ses films avec délectations.
« Il faudrait inventer un slogan du genre « Empêchez-les de dormir au cinéma! » Le stimulant c’est l’action. » déclare le Mâitre.



(C) Ecran Noir 1996-1999

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