Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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Votes : 22Cote : 36 %
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SAGAMOUR
Dans la famille Stévenin, je demande la vedette. Si Robinson accapare les récompenses, Sagamore roule les mécaniques. De loin le plus connu de la bande. Le plus beau diraient les filles. L'aîné Stévenin est une bombe. Mais comme tous les beaux mecs, le cinéma français ne sait pas quoi en faire. Faire valoir ou valeur humiliée, il doit composer entre ses désirs et l'envie profonde de travailler à n'importe quel prix. Quitte à faire de mauvais choix, à mettre la barre trop haut, à ne pas être encore identifié comme un autre "fils de".
C'est Claude Zidi qui lui offre sa première véritable occaz' avec La Totale. Il y est le fils de Lhermitte et Miou-Miou, glandeur au lycée, rappeur clandestin. Bref la Génération Mitterrand qui n'assume pas ses racines bourgeoises. Il affiche sa belle gueule. Joli lancement de carrière, très loin des films de papa. Question d'âge, lui n'hésite pas à faire des auditions et des castings pour la télévision. Il fera, par exemple, le pilote de la sitcom planétairement célèbre, "Sous le soleil". Le pilote est recalé. Et les films qu'il tourne par la suite sont assez vite oubliés : La cible, Les frères Gravet (où il joue son père, l'acteur Jean-François Stévenin en plus jeune)... Rôles anecdotiques. Il a plus de chance avec le petit écran quand Vadim l'intègre à une série, "La nouvelle tribu".
C'est pourtant deux mises à nu qui le révéleront aux médias, à défaut de draguer le grand public. D'abord avec son premier premier rôle en tête d'affiche : placardé à poil dans toute la France. Comme une bête c'est l'utopie de l'enfant sauvage. Bien musclé (ça muscle les lianes), un peu naïf, il excelle sans ridicule dans cette potacherie hélas très mauvaise de Patrick Schulmann. Juste après, il est enrôlé par la sulfureuse féministe Catherine Breillat, à des années lumière de Lafesse, Soral et Bohringer (ses parentaires de Comme une bête), en jouant avec une ingénue (Caroline Ducey) et un acteur porno (Rocco Siffredi). Romance fait scandale (surtout parce que Ducey se tape Siffredi, autrement dit l'intrusion du X dans le 7ème Art) et Stévenin s'en tire bien : homme faible, impuissant, exhibé en état de repos permanent. Faut du courage pour jouer les petites bites...
Pourtant le cinéma ne se jette pas sur lui. La télévision reste son terrain de prédilection : en soldat de la seconde guerre mondiale, en amour clandestin et passionné d'une femme mariée, en héros face à la bête de Gévaudan, en bel ami idéal (De Maupassant) aux côtés de Florence Pernel (avec qui il a souvent tourné). Il est, là, star des prime time de prestige, connu dans les chaumières.
Au cinéma, il alterne surtout les films d'auteurs sombres et peu vus, en second rôles. Amour fantasmé de Lisa, Stévenin ne sort pas de ce personnage d'homme physiquement idéal, de quête amoureuse mais virtuelle. Alors il se lance dans les productions Besson. Ça commence mal avec Sueurs, l'un des pires films de l'année. Faux remake du salaire de la peur, il y est pourtant efficace. Mais on s'y fait royalement sué. Next. Michel Vaillant. Il est Vaillant, pigeon de course. Même réalisateur que Sueurs. Fiasco encore plus démesuré vu les enjeux. Pourtant Stévenin y trouve des raisons à son choix : l'envie d'entrer dans un univers inconnu (il n'est pas fan d'autos), le personnage ("Son incapacité à rester indifférent"), "l'ampleur du projet". Pour lui superbe souvenir et tournage éprouvant, sans parler des mois de muscu... Il y va à l'arrache. Se lance des défis.
Cependant sa vocation n'avait rien d'inéluctable. Il se savait fait pour le cinéma, mais il y aurait pu être machino, producteur, réalisateur. Il y travaille surtout par plaisir et par confort, né dedans quand il était petit. "J’aime l’idée de clan, de famille dans le cinéma, parce que l’on rencontre des gens sur la même longueur d’onde, qui partagent les mêmes affinités. Tout cela crée une osmose, une énergie. Et je crois beaucoup à l’énergie." Cet esprit de clan qui le rapproche tant de Vaillant.
On le croise avec Judith Godrèche, en chien fou dans un polar avec Eddy Mitchell, Il ne décolle pas sur écran? Lui qui a toujours voulu faire du théâtre, le voici sur scène, comme on retourne à l'école. Si l'Orange mécanique est pourrie (mise en scène exaspérante, production tapageuse), Stévenin, un comble mais pas le moindre de ses talents, sauve le spectacle en étant juste au milieu d'un casting-fiasco. Si on est loin de l'humanité qu'il recherche dans ses projets, il est notable de voir qu'il a des couilles (sur les planches il se fait même violer) et croit en ses choix casse-cou.
Il faudra juste qu'il cesse de croire qu'il est bon comédien et acteur sexy simplement parce qu'il frime à l'écran ou qu'il se "dessape" devant les caméras. Il mérite mieux que ça.
vincy
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