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MARINA BELLE DES ANGES
Elle est née dedans. La potion magique de l’art dramatique. Marina Hands est une fille de. La grande comédienne Ludmila Mikaël, sociétaire de la Comédie Française, un Molière et trois nominations… Le metteur en scène Terry Hands, ex directeur de la Royal Shakespeare Company, prestigieux récipiendaire de deux prix Laurence Olivier de la mise en scène. Pourtant au départ, la jeune marina voulait faire de l’équitation.
Dès sa majorité, elle s’inscrit dans le schéma classique de tout bon comédien issu d’une bonne famille : Cours Florent, Conservatoire, avec comme professeur l’actuelle directrice de la Comédie française, et la plus huppée London Academy. Hands est l’élève parfaite. On la sent appliquée, investie. Les planches sont faites pour elle. La critique s’emballe vite. Il y a en elle la jeunesse fougueuse d’Adjani à ses débuts, mais aussi une intensité plus mélancolique, moins tragique, qu’on retrouvait chez Binoche dans ses rôles les plus fulgurants. Chéreau lui fait jouer Phèdre à l’Odéon. Weber la prend en Roxane dans Cyrano. Elle joue indifféremment à Londres et à Paris, du Schnitzler et du Pirandello, du Claudel et du Boucicault. Trois fois citée pour un Molière, elle s’est vite détachée de l’ombre de la mère, et accepte, parfois, de se laisser diriger par son père.
Car à la différence de ses parents, Marina Hands a réussi à s’imposer au cinéma. En s’offrant ainsi tout l’amplificateur médiatique que permet le 7e Art. Elle a débuté sous le regard de Guillaume Canet, lui-même un peu bleu, dans un court métrage, Sans regrets. Et il n’y en a aura aucun. Andrzej Zulawski, toujours amateur de jeunes et jolies brunes, la repère et lui donne un petit rôle dans La fidélité. Après s’être consacré à la scène, elle accepte un second rôle chez le québécois Denys Arcand, dans Les invasions barbares, Oscar du meilleur film en langue étrangère et trois fois primé à Cannes. Si la prestation de Marie-Josée Croze (qui sera sa grand-mère dans Mères et filles), l’éclipse, elle ne passe pas inaperçue en jeune bourgeoise conservatrice, fiancée émotive du beau Stéphane Rousseau. Canet lui offre un personnage plus substantiel, même s’il s’agit encore d’un second rôle. Dans Ne le dis à personne, elle est l’amante lesbienne de Kristin Scott-Thomas, la femme qui ment, qui trahit, qui aime trop, maladroitement. Elle aime ces poupées un peu figées, trop lisses, qui se fendillent, se fêlent et se fracturent avec le poids de la vérité ou la force des désirs.
C’est ainsi qu’elle se métamorphose en Lady Chatterley. Pascale Ferran la modèle : une châtelaine qui s’ennuie, marié à un infirme, qui rencontre l’homme des bois, le garde-chasse. Dans cette histoire où les sens s’éveillent, où la nature communie avec le plaisir, elle va se transformer en « bête de sexe ». Ou en belle de jour. Une femme qui aspire à l’amour dans un paradis terrestre. Louanges critiques, éloges publics, le film, que ce soit sur petit ou grand écran, trouve ses fans. Ferran a choisi une inconnue pour ce rôle de premier plan dans un film flirtant avec le fantastique. Elle trouvait la femme « singulière ». Elle a eut un coup de foudre pour cette comédienne romanesque. Très travailleuse, Hands séduit les metteurs en scène par son corps plus terrien que mannequin.
Elle obtient tous les prix rêvés pour une comédienne en France, jusqu’au césar. Aperçue dans des films iconoclaste comme Story of Jen ou plus important comme Le scaphandre et le paillon, elle attend trois ans pour revenir au premier plan.
D’abord dans une comédie, sans doute pour ne pas se laisser enfermer dans une image trop dramatique. Dans Le code a échangé, elle est amoureuse d’un vieux Patrick Chesnais, ne pardonne pas à son « vieux » Pierre Arditi, et contient ses colères. Puis dans Mères et filles, avec Deneuve comme maman, elle abat tout son jeu. A fleur de peau, cyclothymique, elle déterre une fois de plus les secrets qu’il ne faut pas. Elle s’impose, face à des vétérans, en actrice touchante, sensible, et forte. Précise, elle refuse les raccourcis, apprécie de prendre son temps pour répondre, réfléchir. Elle vénère les mots.
Cette belle femme, lumineuse devant les appareils photos, n’est pas de ces filles qui ont joué les midinettes ou les amoureuses en fleur. D’entrée, Hands était d’une autre trempe. Elle adore ceux qui transgressent. Son côté londonien : elle ne juge pas, elle aime la complexité du présent et du passé, les cultures métissées. Sous ses airs fragiles, elle dégage une énergie qui impressionne. Trop peut-être, ce qui peut expliquer la timidité des réalisateurs, le faible nombre de projets. A moins que ce ne soit sa haute exigence qui la dirige vers des choix plus rares.
La tragédie l’émeut. Les désirs contrariés l’attirent. Avec son corps comme principal outil de travail, il lui reste à s’abandonner dans un personnage qui lui ressemble, s’affranchissant d’une certaine morale, d’un conformisme étouffant. En quête de bonheur, l’idéal absolu.
vincy
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