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L'ENVOL DE LA COLOMBE
Brune et british. Helena Bonham-Carter est celle qui aura piqué Kenneth Barnagh à Emma Thompson, côté people. Mais c'est surtout l'une des comédiennes dont on a souvent annoncé l'avènement, une des actrices les plus prometteuses du cinéma britannique. La brune est sexy sans être belle. Chaleureuse mais cassante. Craquante et cultissime, mais aucun rôle n'a pu conquérir le grand public, jusqu'à La Planète des Singes.
C'est Ivory qui nous la dévoile. Dans Chambre avec vue, puis Howard's End, Replica Watches deux des meilleurs films du cinéaste, alors à son apogée, le visage d'Helena nous apparaît radieux. Cette image romantique et victorienne, vierge et libérée, la poursuivera longtemps. Un visage pâle et frêle, fragile comme de la porcelaine qui masque une passion toujours torride, des effusions affectueuses, une force déterminée par le féminisme. Dans ses corsets, elle affiche une élégance qui opresse son esprit de révolte.
Mais le respect pour Helena provient de son talent, non pas de ses films. Ce n'est pas elle qu'on remarque dans Howard's End. Les shakespeariens Hamlet et Twelfth Night ne sont pas des succès. Depuis sa prestation dans Chambre avec Vue, Helena ne décolle pas. Frankenstein, de et avec Branagh, est même un énorme échec.
Elle tourne pour la télévision, des téléfilms, des épisodes de séries TV; pour des cinéastes aussi iconoclastes que Dugowson (le raté Portraits Chinois) ou Allen. Elle ne connaît aucune frontière à son art. Mais son art n'a aucune oeuvre qui la mérite. Elle s'égare dans des films médiocres, alors qu'elle donne énormément à chacun de ses personnages. Son audace ne paye pas.
Les Ailes de la Colombe lui font pousser ... des ailes! Outre une nomination aux Oscars, le film produit par Miramax est typique de la fin des années 90 : costumes, acteurs anglais, décors européens, tragédie romantique. Elle s'affirme enfin.
Helena gâche un peu son aura par des choix malheureux. Fincher l'engage pour être la protagoniste féminine de Fight Club. Un film contemporain, sans ombrelles. Déjantée, folledingue, lubrique, elle allume toutes ses flammes et se lâche. Dans cet univers noir, elle est comme un diamant mat. elle nous illumine enfin.
C'est un cap important. Hollywood la courtise. Elle plaque Kenneth. La colombe s'envole. Plus sensuelle, plus ironique, moins aristo et tout à son jeu de séductrice, HBC devient une héroïne de magazines féminins. Et la muse de Burton.
Quand Ari rencontre sa vie. Tim Burton lui propose un personnage de gueunon. On ne verrait jamais son vrai visage, disparu sous le maquillage d'une tête de singe hyper-expressive. Elle devra marcher comme un primate évolué. La nouvelle version de La Planète des Singes. Helena Bonham-Carter hérite du rôle féminin principal, et sans doute du personnage le plus intéressant, tout en nuance, en intelligence, allant jusqu'à aimer un être humain. Elle y est non seulement merveilleuse, faisant passer une par une chacune des émotions désirées, mais en plus très attrayante bien que méconnaissable. Elle jouera de cette métamorphose dans un double rôle très maquillé au sein des contes burtoniens, dans Big Fish. Actrice caméléon, elle envoute ses courtisans.
Libérée de sa cage, comme sortie d'un chapeau, Helena nous a éblouit par sa soudaine réussite. En nous divertissant, elle est parvenue à nous convaincre de la foi qu'on portait en elle. Il faut maintenant attendre de savoir à quelle hauteur elle peut planer... Car pour le moment le grand méchant Tim la garde pour lui tout seul!
vincy
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