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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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BEBEL LE MAGNIFIQUE (1ere partie)
"S'il nous est arrivé de jouer, par la suite, des personnages qui s'apparentaient plus à des héros, alors qu'au départ nous étions destinés à incarner des personnages de clowns et de valets, c'est surtout grâce à lui" dira Jean Rochefort de son ami Jean-Paul Belmondo.
Né au cinéma avec la Nouvelle Vague, Belmondo impose d'emblée un nouveau physique, mais aussi un nouveau jeu d'acteur, tout d'arrogance et de désinvolture, qui font aujourd'hui de lui la figure la plus marquante du cinéma français.
Jean-Paul Belmondo est né à Neuilly le 09 avril 1933 d'un père sculpteur, d'origine sicilienne, et d'une mère artiste peintre. Indiscipliné et peu enclin aux études, le jeune Belmondo s'adonne plus volontiers au football, à la bose, ou... aux bagarres dans la cour du lycée, bagarres qui marqueront à jamais le futur héros de l'écran. Il raconte que c'est au cours d'une altercation avec des élèves d'une classe de philo qu'il a eu "le nez écrasé comme une pomme de terre à l'anglaise": un handicap qui deviendra bientôt un atout. Mais la maladie va avoir raison de cette belle vitalité: à l'âge de seize ans, Belmondo est atteint d'une primo-affection, ses parents l'expédient alors en Auvergne; c'est à cette époque, dans le calme et l'air vivifiant, que le jeune homme décide de devenir comédien.
Le pitre au Conservatoire
A son retour d'Auvergne, appuyé par son père, il rencontre Raymond Girard (ancien directeur des études classiques à l'Odéon) qui l'accepte dans son cours. Pendant six mois, Girard va l'aider à préparer le concours du Conservatoire d'art dramatique, où, reçu en 1951, Jean-Paul Belmondo devient l'élève de Pierre Dux. Il y restera quatre ans durant lesquels son jeu énergique est loin de faire l'unanimité des professeurs. En 1955, espérant couronner toutes ces années de travail par une juste récompense, il présente devant le jury de l'école "L'Ardent Artilleur" de Tristan Bernard. Mais le prix tant espéré se solde par un accessit. Il réitère l'année suivante avec "Amour et Piano" de Feydeau. Le jury, présidé par Marcel Achard, est courroucé par l'insolence de l'élève Belmondo qui, sous couvert de Feydeau, les nargue. Et une fois de plus le premier prix lui échappe. Mais la salle en délire fait un triomphe au jeune comédien. Scandale! La photo de Belmondo fait la une de tous les quotidiens du soir. Ce mois de juillet 1956 marque ainsi ses fracassants débuts.
Belmondo échappe donc à la Comédie Française. Il débute néanmoins sur les planches l'année suivante dans "La Mégère apprivoisée" montée par Vitaly, donnant la réplique, dans un rôle de bouffon, Pierre Brasseur et Suzanne Flon. La presse apprécie la truculence et "la drôlerie bondissante" du jeune comédien. Louanges encore en 1959 avec "Trésor-Party": les critiques soulignent sa désinvolture et sa gouaille. Belmondo gagne ainsi ses galons de comédien en imposant un jeu moins théâtral, plus naturel, ce qui lui vaut un public aussi enthousiaste que ses anciens condisciples du Conservatoire.
Un physique difficile
"Belmondo a des qualités mais un physique difficile pour le cinéma" déclarait René Clair en sortant de "La Mégère apprivoisée". Le cinéma français s'entend. Il y avait beau temps en effet qu'outre-Atlantique des Humphrey Bogart ou des Lee Marvin avaient imposé des critères physiques bien différents de ceux de la plastique grecque. Mais le cinéma en France, s'il commence à copier des grands genres hollywoodiens, s'en tient prudemment, dans le domaine des acteurs, aux physiques avenants. En dépit de sa "gueule", Belmondo trouve pourtant quelques rôles à l'écran. Avec "Sois belle et tais-toi!" de Marc Allégret, il sert de faire-valoir à Mylène Demongeot la vedette du film; l'autre rôle est tenu par Alain Delon. La même année, Marc Allégret fait à nouveau appel à Belmondo pour "Drôle de dimanche", en lui confiant encore un petit rôle, tandis qu'Alain Delon, avec son physique de jeune premier, décroche la vedette dans "Faibles femmes" de Michel Boisrond. Belmondo végète quelque peu malgré son indéniable talent. Son jeu, son physique, sa gouaille, sa virilité ne touchent gère d'éventuels employeurs. Mais à l'approche des années 60, les Jeunes-Turcs des Cahiers du cinéma vont bouleverser la routine de la production commerciale et faire appel à des jeunes inconnus: l'heure de Jean-Paul Belmondo va bientôt sonner.
La naissance d'un mythe
A nouveau cinéma, nouveau héros. Mais c'est le hasard, semble-t-il, qui décide de la carrière de Belmondo. Chabrol fait appel à lui pour remplacer Jean-Calude Brialy, malade, pour le rôle de Lazslo Kovacks, l'anarchiste désabusé de "A double tour". L'année suivante, il incarne un personnage similaire sous la direction de Godard dans "A bout de souffle". Alors que le film de Chabrol, présenté au Festival de Venise est un échec, celui de Godard suscite un immense intérêt critique et public dont Jean-Paul Belmondo va être le premier bénéficiaire. Michel Poiccard, le pâle voyou de "A bout de souffle", donne naissance au mythe Belmondo, naissance qui est moins fortuite qu'il n'y paraît. Le rejet des vieilles formes de langage cinématographique signifié par les cinéastes de la Nouvelle Vague entraînait celui des gloires confirmées de l'écran. Avec un flair étonnant, Chabrol et surtout Godard surent découvrir en Belmondo l'acteur capable d'exprimer leurs aspirations.
Lancé par Godard, du jour au lendemain, Belmondo devient le jeune premier le plus sollicité mais tout ce qu'on lui propose risque de l'enfermer dangereusement dans le mythique personnage de Michel Poiccard. Pour échapper à cette emprise, Belmondo tourne délibérément le dos à la Nouvelle Vague et part même en Italie donner la réplique à Sophia Loren dans "La Ciocara" de Vittorio de Sica. Mais dans le rôle de l'anti-héros que lui a confié le vieux maître italien, il échappe difficilement à Michel Poiccard. Rentré en France, il tente une nouvelle expérience avec Jean-Pierre Melville pour lequel il interprète le jeune ecclésiastique torturé de "Léon Morin prêtre". La rencontre avec Melville, grand admirateur du cinéma américain, marquera une étape dans la carrière de l'acteur. Déjà "Bébel" pointe sous Belmondo: après avoir été le porte-parole de la Nouvelle Vague, il va devenir le champion toute catégorie du cinéma commercial. De "Cartouche" à "L'Homme de Rio" en passant par "Un singe en hiver" et "Peau de banane", Belmondo se livre désormais à son goût pour la dépense physique, subjuguant les spectateurs par ses talents de cascadeur. Sous la direction d'Henri Verneuil et de Philippe de Broca, il devient en peu de temps la valeur la plus sûre du box-office et l'acteur le plus prisé du public populaire.
Belmondo n'oublie pas pour autant ce qu'il doit à la Nouvelle Vague, et c'est avec Godard et Louis Malle qu'il tourne deux de ses plus grands films, "Pierrot le fou" et "Le Voleur". Déconcerté par un Belmondo qu'il ne reconnaît pas, le grand public boude ces deux chefs-d'oeuvre. "Stavisky", son ultime tentative hors du circuit purement commercial, se soldera par un échec, d'autant plus dur que Belmondo avait lui-même assuré, et il faut lui en savoir gré, la production de ce film dirigé par Alain Resnais.
Après ce cuisant ratage, Jean-Paul Belmondo, plus "Bébel" que jamais, ne décevra plus l'attente de son public: tous ses films, dont il assume lui-même la production, sont construits en fonction de son personnage comme en témoigne leurs titres: "L'Incorrigible", "L'Animal", "Flic ou voyou", "Le Guignolo", "Le Professionnel", "L'As des as", "Le Marginal". Chaque sortie, soigneusement préparée par une intense campagne publicitaire, déclenche aussitôt la ruée des spectateurs dans les salles où ils assistent, ravis, aux fabuleux exploits de leur acteur favori.
Retour sur scène
Il n'est certes pas "déshonorant" de permettre à des centaines d'artistes et techniciens de gagner leur vie plutôt que de les associer à des films qui ne remplissent pas les salles. Mais un acteur aussi brillant que Belmondo ne se doit-il pas de rester lui-même tout en élargissant son registre, plutôt qu'en se plagiant d'un film à l'autre?
Les retrouvailles avec la scène lui ont redonné ce "punch" qu'il apprécie en connaisseur: Je voudrais jouer comme on boxe, avec une intensité très forte, en soignant mes coups chocs... Le théâtre nécessite un jus terrible". C'est ainsi qu'en 1987, puis en 1990, il est remonté sur les planches dans "Kean" et "Cyrano de Bergerac" (mise en scène de Robert Hossein).
chris
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