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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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A MOORE
Elle n'est pas aussi connue que Julia Roberts, pas aussi récompensée que Meryl Streep. Pourtant Julianne Moore, si elle n'a rien d'une superstar, est déjà considérée comme l'une des plus grandes comédiennes du cinéma américain. A force de multiplier les apparitions dans les films - une quinzaine de films depuis 98 -, elle en devient incontournable.
Ce caméléon doit sûrement cette envie de changer de peau aux 23 endroits que son militaire de père lui fit visiter par ses déménagements. Julie Anne Smith est blanche de peau, rousse flamboyante, et ado, fut une sorte de "thon" : petite, avec des lunettes et malingre. En posant ses bagages à Boston, pour y étudier les arts de la scène, elle put enfin s'épanouir.
Tardivement, lentement. Elle devient une star à l'âge où beaucoup d'actrices se plaignent d'être en pré-retraite. Elle n'a jamais été aussi sublime qu'avec la quarantaine assumée.
Les débuts sont classiques : des pièces off-Broadway, des soaps de l'après midi - avec un Emmy Award à la clé - et de nombreux téléfilms. Et même les quelques daubes d'usage en début de carrière cinématographique.
Fille de l'Est, elle n'est pas forcément à l'aise avec les produits made in Hollywood, leur préférant des petits films indie, qui lui vaudront sa notoriété. Ce n'est pas innocent si son choix de résidence c'est porté sur Greenwich Village, quartier intello de New York.
C'est surtout ses rencontres qui feront la différence : Altman qui lui fait réciter un monologue entier, nue, face à la caméra, mais aussi Louis Malle (dans un film culte) qui y voit une nouvelle Moreau. Et puis aussi James Ivory, les frères Coen ou encore Gus Van Sant...
Evidemment le grand public l'a découverte dans Le Fugitif. 3 minutes, 2 scènes d'hôpital. Tout le monde s'en souvient. Spielberg est suffisemment impressionné pour ne pas lui faire passer d'audition et l'engager dans la suite de Jurassic Park. Femme ou maitresse, Docteur ou star du porno, comédienne folledingue ou manipulatrice névrosée, elle est idéale dans chacun de ses (seconds) rôles.
Outre son rôle excentrique de millionnaire fatale pseudo intello dans The Big Lebowski, qui confirme qu'elle peut tout jouer, tout oser, sa filmographie repose alors sur deux films. Après les avoir vus, on ne peut-être que bluffer par son talent. Todd Haynes la joue pas Safe du tout, avec sa critique cynique de la societe par une femme au foyer, apparemment nickel. Mortel. Son film fétiche aussi. Puis elle devient femme enceinte, cible d'experts, anthropologue géniale et trouve son autre interprétation majeure, grâce à Paul Thomas Anderson. En larmes, dos au mur de briques, cette star du sexe, cette passionaria du porno, joue les mères-filles, femme digne étouffée par la société.
D'ailleurs cette opression est un thème récurrent dans ces films, ce qui la conduit à des extrêmes peu enviables... Haynes et Anderson exploite très bien ses angles flous qui la font passer en un instant de la femme modèle au visage ravagé, de l'esprit sage à l'aliénation. Ils atteignent le summum de son art en quelques séquences. Dans Magnolia, quand elle avoue qu'elle aime vraiment son mari, après l'avoir bien trompé. Dans Far from Heaven, sans doute sa plus belle interprétation à date, dans tous ses regards perdus, pleurant, cherchant une bouée ou une épaule.
La morale n'a jamais été son fort... Croqueuse d'homme ou femme infidèle, récitant du Oscar Wilde ou séduisante chez Neil Jordan, elle est souvent bien meilleure que les films dans lesquels elle joue.
On se demande encore pourquoi elle a voulu tant cannibaliser toutes ses concurrentes et de dévorer le Box Office avec la suite du Silence des Agneaux, Hannibal, où elle remplace Jodie Foster, tellement cet épisode est baroque et grotesque. indigne d'elle. Elle multiplie trop les rôles, s'assure de sa crédibilité avec un hit, se fait plaisir dans des projets plus intimes, se plante avec des comédies mal écrites (Evolution, Ladies Man, Laws of Attraction).
Mais son talent l'emporte sur tout, même les pires navets. Avec son doublé (The Hours et Far from Heaven), elle s'offre une double nomination aux Oscars. Deux femmes face à leur vie, leurs regrets : les choix de julianne. Quitter son mari ou quitter son enfant, vivre un amour tabou ou vivre loin du banal, elle aime trasngresser. Et même si elle n'emporte aucun prix, dans le coeur de nombreux cinéphiles, Julianne Moore conservera sans doute son titre de meilleure actrice américaine contemporaine.
vincy
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