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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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FILLE SOUS HAUTE-TENSION
Dans la carrière de Naomi Watts, il y a indéniablement un avant et un après Mulholland Drive. Ceux qui brûlaient pour la brune comprendront désormais que les blondes ont quelque chose de plus pour faire carrière. Mais quoi? Car Naomi Watts, copine et clone de Nicole Kidman, a forcément un secret pour nous avois bluffé en si peu de temps...
Sa prestation dans le film de David Lynch lui a en effet permis d'accéder à une reconnaissance internationale après plus de 15 ans de travail au cinéma et à la télévision. Née à Shoreham, en Angleterre, Naomi Watts a connu une enfance assez mouvementée : son père, Peter Watts, ingénieur du son pour Pink Floyd jusqu'en 1974, quitte le domicile familial lorsqu'elle a 4 ans et meurt en 1978. La mère de Naomi déménage fréquemment et finit par s'installer en Australie avec sa fille. La gamine a donc 14 ans et elle commence à prendre des cours de théâtre. Elle passe bientôt des auditions et rencontre ainsi une actrice débutante qui va devenir sa meilleure amie : Nicole Kidman. La fameuse. Naomi décroche son premier rôle en 1986, dans une romance où joue Sam Neil, For love alone. Après une expérience -qu'elle juge traumatisante - de mannequinat au japon, elle travaille un temps pour des journaux de mode avant de revenir au cinéma en 1991, avec Flirting, où elle retrouve son amie Nicole, en période flirt avec Tom. Elle enchaîne alors les participations et les rôles dans des séries ou des films plus ou moins anodins, croisant le chemin de bon nombre de comédiens australiens aujourd'hui reconnus : elle apparaît ainsi aux côtés de Russell Crowe dans une série, "Brides of Christ", ou encore avec Anthony LaPaglia dans The Custodian. Son rôle dans Tank Girl (1995), un film de science-fiction tirée d'une bande-dessinée à succès, devait propulser sa carrière, mais c'est un échec commercial. Watts reste court-circuitée des studios, tandis que ses collègues australiens (Blanchett et cie) commencent à cartonner.
Naomi continue d'enchaîner les rôles, en Australie puis Etats-Unis ; sa filmographie reste hétéroclite et elle apparaît même parfois dans des productions navrantes (The Children of the Corn, par exemple, un film d'horreur où les enfants d'une petite ville deviennent des créatures démoniaques après des crises de convulsion !) ; néanmoins, les rôles, souvent importants, se succèdent sans discontinuité et dans tous les genres.
La rencontre avec David Lynch, en 1999, sera déterminante et va lui permettre de relever une carrière prolixe mais relativement anodine. Elle a déjà 30 ans, et une vingtaine de films au compteur. L'histoire du film n'est pourtant pas sans péripéties : Mulholland Drive était à l'origine un projet de série télévisée, que la chaîne ABC a finalement rejeté, en jugeant le pilote trop obscur ! L'obstination d'un producteur français, Alain Sarde, soutenu par StudioCanal, a permis au à David Lynch de faire de Mulholland Drive le film que l'on sait, c'est à dire une oeuvre majeure, sélectionnée à Cannes, sur les illusions et le cinéma ; et ce faisant, il a permis à Naomi Watts de devenir une actrice comblée et reconnue. 18 pages de scénario supplémentaires ont en effet considérablement étendu et complexifié son (double) rôle dans l'histoire, celui d'une jeune comédienne " montée " à Hollywood ; face à l'angoisse et la frustration, elle se réfugie dans un rêve, qui comme toujours chez Lynch, vire souvent au cauchemar. Son interprétation est remarquable et permet au personnage d'évoluer de manière constante : la séquence du casting, où de jeune actrice fraîche et candide elle devient subitement une créature étonnement sexuelle et fatale, est ainsi tout simplement époustouflante.
Il est bien sûr difficile de ne pas dresser un parallèle entre l'actrice et son personnage, puisque Naomi Watts a souvent évoqué avec amertume les difficultés qu'elle a eu à s'imposer à Hollywood ; c'est d'ailleurs ce même sujet qui fournit l'intrigue du premier film (un court-métrage) produit par l'actrice : Ellie Parker (2001). Reste que la fin de l'histoire s'avère bien souriante dans son propre cas : saluée par une pluie de récompenses pour Mulholland Drive (tant pis pour la brune), elle est en outre devenue une actrice très demandée dans des productions d'envergure : elle a ainsi obtenu le rôle principal dans le remake américain du film d'horreur japonais Ring, sera la vedette de la suite, et figure au casting du prochain film de James Ivory, en rôle dramatique principal : Le divorce. La vie de Naomi Watts ressemble donc fortement à ce qu'aurait pu être le rêve de son personnage dans le film de David Lynch.
Mais son mariage, cette symbiose qui lui manquait tant intervient dans une succession de rôles qui n'ont rien à voir : sensuel et mystérieux (Lynch), peur et hallucination (The Ring et The Ring 2), femme délaissée prête aux larmes (The Assassination of Richard Nixon, Le Divorce, I Heart Huckabees, 21 grams).
Deux fois face à Sean Penn, parfois aux frontières de la comédie (chez David O'Russell), qui pourrait lui reprocher ses choix de cinéastes et ses personnages aussi extrêmes, sentimentalement parlant. C'est, malgré tout, chez Inarritu, dans 21 grammes, qu'elle nous électrochoque, entre Del Toro et Sean Penn, parfaite égarée dans ce destin tragique, où elle perd ses enfants et trouve la force de survivre, aux confins de la folie. Elle pleure sur commande, s'effondre sans efforts, joue naturellement ces failles humaines où l'on tombe par douleur.
Pour entrer dans la légende, elle compte sur un Gorille, quelques frayeurs supplémentaires, et un remake historique. Elle sera la blonde de King Kong. lui aussi devra nous expliquer ce qu'elle a de plus qu'une brune, hormis son talent, évident.
Dans cette version revue et corrigée qui ne tient pas réellement ses promesses, la belle blonde réussit admirablement bien à tirer son épingle du jeu grâce à sa performance dans le duo de la Belle et la Bête.
On la retrouve ensuite dans Stay, thriller paranormal de Marc Forster qui ne convainc pas véritablement et ne fait pas palpiter le spectateur. Elle joue également dans Le voile des illusions aux côtés d’Edward Norton. Le film retrace alors une histoire d’amour désabusée dans laquelle les deux acteurs offrent un jeu tout en retenue, très intense.
Naomi Watts poursuit son ascension sur les plateaux de tournage hollywoodiens et entre dans l’univers très particulier de deux grands réalisateurs : David Cronenberg et Michael Haneke. Avec le premier, elle tient le rôle d’Anna Khitrova dans Les promesses de l’ombre et partage l’affiche virile avec Viggo Mortensen et Vincent Cassel. Elle profite du déclin de sa copine Kidman pour devenir l'Australienne qui compte à Hollywood. Aux côtés du second, elle se prénomme encore Anna et joue le remake Funny Games US.
En 2009, elle joue avec Clive Owen dans le thriller économique et bancaire réalisé par Tom Tykwer. Banal. L'enquête internationale sera le genre de films qui diluent son talent dans des productions insipides. Comme si elle clonait un personnage à l'infini. Là elle fait écho à d'autres thrillers parano ou techno, dans lesquels s'engouffrent toutes les stars au dessus de 35 ans.
Elle retrouve d’autres grands noms du cinéma dans You will meet a tall dark stranger, le dernier film de Woody Allen. En femme baffouée et tentée, elle continue à varier les nuances de son jeu. Comme dans Fair Game où, mal exploitée, elle ne surprend pas malgré une profondeur amenée à un personnage a priori assez fade. Elle retrouve Sean Penn et confirme que leur duo de cinéma est une alchimie particulière.
Belle et talentueuse, elle ne parvient pas à sortir d'une image de bonne actrice, bon soldat, quelque soit le terrain où elle se retrouve. Mais il manque l'excitation, le désir qui était née de ses premières prestations, comme si le cinéma américain n'était plus à la hauteur de son potentiel... La preuve, depuis King Kong, Naomi a disparu des palmarès. Il faudrait un film, un projet, qui la remette au coeur du cinéma où elle s'éclate, dramatiquement.
vincy, benjamin, morgane
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