David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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MACY, PAS LES OS





 Il y a des acteurs, qui par leur voix ou leur gueule, habite tout de duite un rôle et hante le film alors que leur présence n'est pas centrale. Ils font souvent preuve de créativité, n'hésite pas à rajouter une moustache ou un accent. Très vite, ils s'imposent. William H. Macy est l'un des chouchous de la critique. Son nom est attaché à des films indépendants de bonne facture, alors qu'il a autant joué dans des grosses productions américaines. Macy est devenu dans les années 90 le premier des seconds rôles, l'un des meilleurs comédiens "de soutien" du moment, une sorte de Jean Carmet made in USA, pouvant être drôle ou dépressif.

Avec son frère, le goût pour le spectacle et les arts est apparu très vite. Fils d'un vendeur d'assurances, ils fondent un groupe de musique, mettent en scène des pièces d'étudiants. A 18 ans, Macy s'envole pour l'Europe afin d'y étudier l'art dramatique au Royaume Uni. Il reviendra pour commencer des études de vétérinariat. Mais le virus de la scène le pique de nouveau en participant à des productions universitaires comme En attendant Godot ou Des souris et des hommes. C'est à l'Université Goddart qu'il rencontre son ami et mentor David Mamet, devenu depuis un des plus célèbres dramaturges aux Etats Unis. Ils tourneront 4 films ensemble.

Bizarrement la carrière de Macy ne décollera que dans les années 90. Il lui faudra attendre d'être quadra. Il n' a ni le look du héros années 80, ni les films de jeune premier pour exploser dans les années 70. Au début il est avant tout une voix, pour de nombreuses pubs. Mais aussi, parfois, un comédien. W.H. Macy obtient ainsi sa carte à la Screen Actors Guild. Moins vendeur que Bill Macy, mais le nom est déjà pris par une vedette de l'époque. Il tourne avec des troupes de théâtre dans le Midwest et Off-Broadway. Jusqu'à la fin des années 80, et notamment avec "Homicide" de Mamet, il remplit son compte en banque et son emploi du temps de pièces de théâtres à la mode et de pubs populaires. Il a bien joué dans quelques films, mais rien de mémorable. Il vit à New York, le cinéma, ça se passe à Hollywood. Le new yorkais Woody Allen lui propose un rôle dans radio days... une voix! Il s'écrit et ralise un film d'une heure, Lip Service. Mais aucun succès commercial pour le faire décoller malgré sa trentaine bien tassée. Il atteint un premier summum avec une pub pour déodorant : "Assez fort pour un homme, mais fait pour une femme!".

  Alors que Mamet et Allen lui donnent ses deux premiers vrais seconds rôles de cinéma, il décide de passer à la vitesse supérieure, et déménage à Los Angeles. Il se fait vite remarqué dans des petits films cultes, avec des rôles insolites. Il n'hésite aucunement à jouer aussi bien chez son ami Mamet que dans un puffing hollywoodien du type The Client (Grisham/Schumacher) ou une guimauve ratée comme Being Human. On sent chez lui l'envie de prendre tout ce qui se passe, de vivre de son métier, sans honte, d'aimer n'importe quel rôle. Pour lui le script est prioritaire à tout le reste. Il aime un personnage, qu'il soit secondaire ou principal, dès qu'il se sent bien dans sa peau. Il endosse le costume avec subtilité, habileté et facilité. Il n'y a pas de petis rôles...
Il s'offre un premier air bag de sécurité en jouant un chirurgien dans la série "ER" (Urgences), qui devient vite l'un des événements TV de la décennie. Il enchaîne les prestations cinématographiques, ce qui en fait à la fois un comédien "tendance" mais aussi un acteur prolifique. On le retrouve dans des films qui marquent un peu les esprits : L'Opus de Monsieur Holland, Meurtre à Alcatraz; mais aussi de sérieux flops comme Ghosts of Mississipi. Comme il ne joue que les seconds couteaux, il ne se prend aucun rateau. Mais quel fardeau...

En 96, tout change. Il auditionne pour le rôle masculin principal (mais qui sera considéré comme secondaire pour les Oscars) de Fargo, polar glacial et noir, déjanté et cynique, des Frères Coen. Ces derniers ne semblent convaincus. Il auditionne donc une seconde fois. Lors d'un voyage, il apprend que les Coen continuent d'auditionner pour ce rôle. Macy prend son téléphone. Comme lorsqu'il a arrêté la publicité avec la certitude d'avoir à tourner la page, il est persuadé que ce rôle est pour lui. Il leur fait part de son angoisse de voir ce personnage interprété par quelqu'un d'autre. "C'est mon rôle et si vous ne me le donnez pas, je tue vos chiens!!!". Fargo sera en effet Son rôle.

  Depuis ce film qui lui valu une nomination à l'Oscar, une reconnaisance critique unanyme et surtout un public enfin au rendez-vous (Fargo fut un beau succès mondial), Macy va de tournages en tournages : les daubes pour multiplexes (Air Force One, A Civil action, Mystery Men, Jurassic Park III, Sahara) qui font augmenter son cachet (maintenant qu'il est marié et papa, enfin) comme les petits films à festival qui lui améliorent sa cote auprès des cinéphiles (Jerry and Tom, Happy Texas, State and Main, Welcome to Collinwood). Il y a évidemment l'entre deux, les productions ambitieuses ou audacieuses comme Wag the dog, Pleasantville, The Cooler... à chaque fois, il fait mouche avec un rôle de second plan, toujours très bien mis en valeur. Il incarne ainsi successivement des personnages aussi divers qu'un flic texan homo, un père de famille ultra-Wasp, un tueur à gage déprimé. Il se fout des genres, de la série B ou de la prod bien huilée à Oscars (Seabiscuit où il offre une prestation solo et radio presque "à part").

Mais c'est avec Paul Thomas Anderson que sa tronche de chien battu, mais gentil, d'homme moyen mais névrosé, de mec inquiétant et pourtant responsable d'aucun drame, qu'il arrive à la quintessance de son art. A lui tout seul, il est une scène, il est l'action, il est le "McGuffin" du film. On se demande comment on a pu s'en passer. Toujours est-il que dans Boogie Nights il joue un cadreur de films porno, cocufiée par sa femme nympho dans un LA débauché. Une balle dans la tête en plein Nouvel An et il fait sensation. Dans Magnolia, il incarne un ancien enfant génial qui avait gagné à un jeu concours TV pipé. Il finit dans les bars la quarantaine médiocre.
Attachant, respecté, William H. Macy vieillit bien, comme un bon vin. Découvert tardivement, heureux tardivement, ni star ni rebelle, l'acteur navigue entre l'action, le thriller et le drame. Pourtant il parcient à arracher des éclats de rire avec des moues décalées dans des petits films méconnus du public. Une sorte "Best Keep Secret" d'Hollywood...

vincy


 
 
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