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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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LES ESSAIS, LES AS D'ASSAYAS
Pour tenter de définir Olivier Assayas, on peut certainement commencer par dire qu'il a été critique aux Cahiers du Cinéma. Comme beaucoup de cinéastes de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, Rohmer...) ou de cinéastes plus récents tels que Pascal Bonitzer, il a en effet écrit pour une revue cinématographique dans laquelle il a analysé l'oeuvre d'autres réalisateurs.
Le travail d'analyse et d'écriture est ainsi déterminant dans la construction de ses films. Au début, Olivier Assayas se sert du quotidien qu'il observe dans les moindres détails : "ce moment où je me retrouve seul avec un carnet, assis dans le métro en train de gribouiller trois phrases en me disant qu'il y a là quelque chose d'essentiel, la matière d'un personnage, d'une scène... Pour moi, ce truc d'être là au ras du trottoir, a toujours fait partie du processus de la fabrication du film."
Son cinéma est avant tout un cinéma de l'écriture. La construction du récit est toujours très précise. Par exemple, Fin août, début septembre s'articule autour d'un découpage en chapitres et de fondus au noir pour marquer chacune des transitions. Le verbe y est prédominant et souvent, les scènes dramatiques sont racontées mais non jouées.
La construction psychologique des personnages est également très élaborée. Les liens qui les unissent sont toujours profonds. Ainsi, dans L'Eau Froide, un père (Laslo Szabo) montre à son fils un tableau du Caravage qui représente la souffrance. Ce tableau qui le bouleverse n'émeut pas son fils. Le lien entre le père et son fils en ressort brisé.
Ainsi encore, dans Fin août, début septembre, les relations entre chacun des personnages principaux (Adrien, Gabriel , Jenny et Anne) sont peintes par petites touches imperceptibles et pudiques. Parce que le cinéma d'Olivier Assayas est une sorte de cinéma de l'indicible, des relations au quotidien, bref de la vie qu'il sait capter.
Pour y parvenir, et paradoxalement, une fois le travail d'écriture terminé et le cadre installé, la mise en scène est plus souple et une large part de liberté est accordée aux comédiens. "Depuis Irma Vep, je déteste entendre mes dialogues. J'aime avoir le sentiment que les acteurs y ont apporté leur propre torsion, leur propre musique, pour finalement se les approprier entièrement."
C'est ainsi qu'il cherche à déstabiliser son texte et ses acteurs en ajoutant au dernier moment des dialogues ou des personnages supplémentaires. Il demande aux comédiens d'absorber l'essence du scénario et de la psychologie des personnages pour la dépasser en changeant les dialogues et en se plaçant comme ils le souhaitent. Son but : enlever le voile du cinéma pour être au plus près de la réalité, à la manière de Thomas Wintenberg dont il dit, pour Festen, qu'il a su "prendre les comédiens sur le vif, dans leur vérité".
Puis Olivier Assayas a enchaîné le romantisme (Les Destinées Sentimentales), passant du cinéma d'auteur intimiste à la grande production en costumes, puis le cybernétique (Demonlover, déshumanisé), aux allures de production internationale; avant de revenir à un ciném plus vif, plus sincère, naturel et épuré, magnifique et humain, avec Clean, sans doute son oeuvre la plus marquante et la plus populaire à date.
Mais ceci ne l'a pas empêché de rester fidèle à ses principes. Pour Les destinées sentimentales, après avoir adapté le roman de Jacques Chardonne avec Jacques Fieschi, il a réalisé un solide travail de documentation afin de pouvoir saisir le réalisme d'une époque qu'il n'a pas vécu. Il a passé six mois entre le Cognaçais et Limoge et est devenu incollable sur la fabrication du cognac et sur les dynasties de la porcelaine...
Après ce travail de documentation et d'écriture, il a encore voulu insuffler une suffisante liberté au moment du tournage. Et ce, malgré un coût de production nettement plus important puisque le film a coûté dans les 15 millions d'euros.
Pour finir, on peut ajouter qu'Olivier Assayas est reconnu comme un grand metteur en scène à l'écoute de ses comédiens et qui instaure un climat intime et cordial sur les plateaux. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si François Cluzet (qui a joué dans Fin août, début septembre) dit de lui : "Je crois que c'est un très grand metteur en scène. Son film me donne de sentiment que je vais enfin m'ouvrir, arriver à sourire, à être lumineux."
laurence
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