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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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LE ROI CHEREAU
Patrice Chéreau naît le 2 novembre 1944 dans le Maine et Loire, province tranquille, dans une famille de deux enfants. Ses parents, peintres tous les deux, les initient à l'art très tôt en les emmenant courir les expositions. Dès son enfance qu'il passe à Paris, Patrice Chéreau a donc tous les moyens pour développer une sensibilité artistique dont il fera largement preuve dans l'ensemble de son travail.
Enfant, il se déguise en prêtre, ce qui fait penser ses parents qu'il se destine à une vocation religieuse. Que nenni, c'est le côté théâtral qui l'intéresse : dès le lycée, il intègre la troupe de son école. Très vite, il s'investit dans la mise en scène et conçoit à la fois décors et costumes. En 1966, à l'âge de 22 ans, on lui propose la direction du théâtre de Sartrouville, lieu dans lequel, influencé par l'époque, il fait essentiellement du théâtre " politique " en prenant des positions radicales. En 1969, après la faillite de son théâtre, il part en Italie puis à Marseille, où il se met en scène dans le rôle de Richard II. Déjà, dans toutes ses mises en scène, qu'elles soient classiques ou non, il montre beaucoup de lui-même en touchant à quelque chose d'essentiel et d'intime. Il appréhende la création théâtrale sur le mode cathartique : le rythme de travail qu'il s'impose ("ne jamais s'arrêter de travailler") lui permet de sortir de ses retranchements et de sa solitude et finalement, de vaincre ses démons intérieurs.
En 1974, il se lance dans le cinéma avec La Chair de l'orchidée, l'histoire d'une jeune femme que l'on veut faire passer pour folle afin de la spolier de son héritage. Charlotte Rampling, qui interprète le rôle principal, est conquise par le réalisateur et par ses "personnages qui vivent à l'extrême de leur vie émotionnelle".
En 1976, Pierre Boulez lui propose de mettre en scène la Tétralogie de Wagner à Bayreuth. L'univers du compositeur, à la fois violent et intense, étant proche du sien, Patrice Chéreau accepte. Les quelques 16 heures de spectacle provoquent une importante polémique : on lui reproche (avant d'encenser cette création quelques temps plus tard) d'avoir travaillé l'aspect théâtral au détriment de la musique.
En 1978, c'est la sortie de son second film, Judith Therpauve, l'histoire d'une femme (incarnée par Simone Signoret) qui doit sauver un journal de province en difficulté financière.
Un an auparavant, il débute, en collaboration avec Hervé Guibert, l'écriture du scénario de son troisième film, L'Homme blessé, écriture qui durera six ans. Avec cette histoire de passion qu'éprouve un jeune homme de 18 ans pour une sorte de prince déchu plus âgé, Patrice Chéreau signe un film très personnel en donnant à Jean Hugues Anglade un rôle qu'il juge être profondément lui. Le film, parlant de l'homosexualité non réalisée et ayant pour cadre l'univers sordide et violent d'une gare, est présenté à Cannes en 1983 où il fait scandale.
La même année, il prend la direction du théâtre des Amandiers à Nanterre, direction qu'il assurera pendant huit ans. Il fait de ce théâtre un espace multiculturel avec une école de comédiens qui verra passer moult acteurs tels que Valéria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez, Agnès Jaoui ou encore Dominique Blanc.
C'est dans le cadre des Amandiers qu'il découvre l'auteur Bernard-Marie Koltès qu'il met en scène de nombreuses fois (Combat de nègre et de chiens, Quai Ouest, Dans la solitude des Champs de coton avec Pascal Greggory et Retour au désert).
En 1987, avec les élèves de son école, il réalise Hôtel de France ayant pour sujet une réunion de famille plutôt chaotique. Prémisces de la plupart des films suivants : la famille royale autour des Médicis n'était pas des plus paisibles et le regroupement d'amis et d'amants à Limoges ne fut pas de tout repos...
En 1994, il rencontre enfin son véritable succès public avec le quatrième film, La Reine Margot, dans lequel il semble parvenir à une réelle maturité cinématographique ("je crois que La Reine Margot est un film qui me ressemble, qui est entièrement à moi"). A l'origine du film, Danièle Thompson (réalisatrice de La Bûche) et lui ont travaillé quatre ans sur l'écriture du scénario à partir du roman d'Alexandre Dumas. Quatre ans plus tard, ils collaborent de nouveau pour Ceux qui m'aiment prendront le train. Ces deux films, très proches, sont une forme aboutie d'un thème cher au réalisateur : le fonctionnement d'une petite société avec ses rancoeurs et ses luttes intestines. Ce sont véritablement des films d'une violence époustouflante, des films organiques dont on entend presque les battements de coeur et qui sont d'une vitalité inouïe. Patrice Chéreau y montre un véritable chaos parfaitement orchestré par une mise en scène extraordinaire.
Avec Intimité, le cinéaste revient littéralement à un film plus intimiste en abandonnant la peinture de ces cours aux nombreux personnages pour se concentrer sur les liens qui unissent un homme et une femme. Mais l'intensité des relations entre les êtres est toujours présente. C'est certainement parce que Patrice Chéreau "aime rentrer dans les visages et dans les regards" qu'il arrive toujours si bien à capter l'essence humaine et à disséquer ses personnages en quête d'absolu. Si son cinéma était baroque, avec le temps, il s'épure. Tournant en numérique, au plus proche des acteurs - ce qui le fascine vraiment - il fusionne de plus en plus ses méthodes de metteur en scène et celles de cinéaste. Dans Phèdre, il enterre ses envies de sang et de démesure. Dans Son frère, il s'approche de la souffrance et de l'amour à fleur de peau. Après la sexualité d'Intimité, il préfère filmer la vie et la mort. mais tout cela ne parle que d'amour. De ce profond mystère qu'il tente de déceler à travers les comportements humains les plus extrêmes, il cherche à révéler ce qu'il ressent. Et Chéreau, au cinéma, y parvient de manière de plus en plus maîtrisée.
laurence, vincy
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