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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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© Gaumont Columbia TriStar Films
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CRAIGSPECTATION
"Bond, James Bond". Pour avoir la permission de dire cette phrase mythique, l'acteur Daniel Craig en aura bavé. Le script ne l'autorisera à sortir cette carte de visite qu'à la dernière minute du 21e James Bond, devenant définitivement le 6è double zéro sept du cinéma. Le premier à la chevelure blondinette, aux yeux bleus azur, au physique Gym Club. Le profil d'un grec ancien en train de lancer le javelot sur une amphore, son allure Mitchum et son nez de boxeur l'ont rendu plus souvent dur à cuire que séducteur, sur grand écran. Il faut signaler que Mister Craig est un très bon athlète et un joueur de rugby patenté.
Mais Daniel le Splendide est avant tout réputé pour ses talents de comédien replica watches ... au théâtre. Elevé essentiellement par sa grande soeur, Lea, puis par leur mère, il découvre les planches très jeune. A 6 ans il joue dans les pièces de fin d'année et sa mère l'emmène aux représentations du Liverpool Everyman Theater. Quand il s'enrôle dans le National Youth Theater à Londres dès ses 17 ans, il a déjà joué Oliver, Roméo et Juliette ou encore Cendriollon . A 23 ans, il sort diplômé et semble-t-il doué de la London Guidhall School of Music and Drama, d'où sont aussi issus Alfred Molina, Eileen Atkins, Rhys Ifans, Joseph Fiennes, Ewan McGregor... Il fera ses débuts en Agamemnon chez Shakespeare. Y a pire.
Comme de nombreux britanniques, il navigue entre la scène et le petit écran. La crédibilité et la popularité. Des petits rôles au cinéma lui facilitent un peu son train de vie qui lui font oublier ses petits jobs dans les cuisines de restos ou comme serveurs. Il voit du paysage, d'Espagne en Russie. Les années 90 restent cependant celles de l'apprentissage.
La montée en puissance
Les cinéphiles le remarquent dans Elizabeth et surtout dans Love is the Devil, où il incarne l'ami ouvrier du peintre Francis Bacon. Un film hypnotisant, quasi expérimental. Il flirte avec tous les genres, de désastres du type Je rêvais e l'Afrique (avec Kim Basinger) à des expériences plus intéressantes telle La Tranchée. Le monde entier le remarque surtout dans une grosse production d'action : Croft, Lara Croft. Tout le paradoxe de Craig se trouve là. Pendant qu'il tourne une bouse hollywoodienne, il choisit, aussi, un petit film indépendant pour lequel il obtient, presque à chaque fois, quelques prix. Son talent n'est jamais remis en cause, en revanche personne n'arrive à le trouver marquant dans un blockbuster.
En 2002, le virage est engagé dans la bonne direction : Les sentiers de la perdition. Il y joue le fils revanchard de Paul Newman. Il y a une certaine logique à cette filiation. Les deux ont un physique athénien, et le sang chaud de Craig en fait une parfaite brute assoiffée de sang. Il apporte une densité, une ire intérieure qui volent parfois la vedette aux acteurs plus connus. Parallèlement, il impressionne les festivaliers du monde entier en gendre pas idéal de The Mother, où la mère de sa copine le conquiert amoureusement. Les autres films, malgré des castings plus prestigieux, ont moins d'impact que celui-ci. Dans Some Voices, il joue les psychotiques. Dans Endiuring Love, il fuit les avances d'un illuminé amoureux de lui. Il a l'air solide comme un Colosse de Rhodes et à chaque fois, un grain de sable vient troubler son identité. Il aime se paumer à travers des personnages qui le font dérailler de sa trajectoire. Tandis que les Américains préfèrent le voir en valeur sûre, celui sur lequel on peut compter.
En 2004, Layer Cake change la donne et au bon moment. Les producteurs de James Bond songent à remplacer Pierce Brosnan trop gourmand. Choix risqué tant Brosnan a relancé la série des 007, notamment auprès des nouvelles générations. Dans le polar de Matthew Vaughn, qui remporte un certain succès d'estime, il joue un "tough guy" proche de dealers et aimant se faire tabasser. déjà cela augurait de son côté maso dans Casino Royale. Un caïd qui flingue comme il faut : de quoi obtenir la licence du MI6. Il est définitivement parfait en tueur froid.
Pari risqué
Spielberg ne s'y trompe pas en le faisant entrer dans la bande de Munich, sous les ordres de Bana, lui aussi pressenti pour jouer les espions de sa Majesté. Un porte-flingue efficace et quasiment en binôme avec le chef. Le regard acier et l'intériorité de ses sentiments en font à la fois une force de la nature, une énigme à déchiffrer et un bellâtre à mater (il appartient même à la catégorie des comédiens qui savent se fringuer).
En devenant 007, il prend un sérieux risque pour sa carrière. Hormis Connery, aucun acteur n'a réussi à se départir du costard/Martini qui l'a rendu célèbre. Les films ont même coulé Lazenby et Dalton. Moore en est devenu un pastiche à lui tout seul. Et Brosnan a toutes les peines du monde à faire des succès équivalents même en s'essayant à des productions à peu près similaires. "Je crois que Daniel Craig est un excellent choix pour James Bond" explique Steven Spielberg, "parce qu'il est un acteur sincère et concentré, et qu'il a surtout un subtil sens de l'humour."
Premier James Bond né après les premiers James Bond, il est le symbole d'un renouvellement (génération et genre) de la série. Mais les tentations hollywoodiennes pourraient avoir raison de son envol. En oubliant ses racines, et en cédant trop facilement aux dollars, Craig pourrait se perdre et nous décevoir.
Cependant, une belle carrière de 007 n'est pas à sous estimer. Peter Jackson avoue que "physiquement, Daniel Craig est certainement le Bond le plus âpre, le plus redoutable depuis Sean Connery." "Charismatique, talentueux, sexy" selon la productrice de la saga, Barbara Broccoli. N'en jetez plus. D'autant qu'il déteste les armes. "Les balles ont la détestable habitude de trouver leur cible..." Mais voilà Craig n'est bien que lorsqu'il se glisse dans la peau d'un autre. "J'ai toujours voulu être un acteur. J'ai l'arrogance de croire que je n'aurai pas pu faire autre chose."
Actuellement abonné au fantastique et à Nicole Kidman, The Invasion et A la croisée des mondes, les Royaumes du Nord devraient le faire aimer du public pop corn. Mais, du même coup, il se fait oublier des cinéastes qui ont fait éclaté son talent : les auteurs.
Daniel Craig ne devrait pas être trop longtemps étiqueté dans ce registre de "killer / kisser". Mais en ayant un début de carrière pré-jamesbondien intéressant, on peut imaginer qu'il saura rebondir. Il y a encore quatre ans il enchaînait les pièces Hurlyburly, Angels in America (création culte) et surtout A Number (meilleur comédien par le prestigieux Evening Standard Award), où il jouait trois rôles face au grand Michael Gambon. Mise en scène de Stephen Daldry, rien que ça (le réalisateur de Billy Elliott).
Pendant ce temps, et en attendant l'épisode très attendu de 007 en 2008, il va profiter de la vie. "Je la vis comme si elle allait s'arrêter demain..." Mais on ne lui a pas dit que demain ne meurt jamais?
arist007phane
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