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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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© Gaumont Columbia TriStar
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LUI, (L')IMMORTEL
Longtemps, Christophe Lambert a vécu sur ses acquis. Une décennie durant, celle des années 90, le plus international des acteurs français a enchaîné les films d'action et les comédies de seconde zone (Fortress 1 et 2, Mortal Kombat, Beowulf…) dans une sorte d'interminable fuite en avant. Choix artistiques discutables (et inmanquablement discutés), rôles peu mémorables, rendez-vous ratés… on avait pris l'habitude de ranger Christophe Lambert dans la catégorie "acteur insaisissable qui se cherche lui-même". Un mouchoir là-dessus, et l'on attendait. A l'orée des années 2000, enfin, come back discret mais efficace en fan de rock sous acide dans la comédie décalée Janis et John de Samuel Benchetrit puis en photographe commençant une nouvelle vie dans l'excellent Lièvre de Vatanen réalisé par Marc Rivière.
Mine de rien, l'acteur préféré de toute une génération d'ados approche de la cinquantaine. Lui qui est né aux Etats-Unis, a vécu en Suisse et a débuté en France était probablement destiné à cette carrière nomade le conduisant d'un continent à l'autre et mêlant tous les genres cinématographiques sans complexes ni arrières-pensées. En 1980, après une année de conservatoire à Paris, il débute sur grand écran dans Le Bar du téléphone, un thriller de Claude Barrois, aux côtés de Georges Wilson et François Périer. Mais c'est bien sûr l'Américain Hugh Hudson qui le propulse sur le devant de la scène quatre ans plus tard avec Greystoke, la légende de Tarzan. Choisi parmi des centaines de candidats pour incarner le célèbre homme-singe (et succéder notamment à l'idole Johnny Weissmüller), il livre une prestation animale et sauvage qui laisse percer, derrière les apparences, une immense humanité.
Deuxième grande étape dans sa carrière, Subway, où il interprète un marginal arpentant les couloirs du métro pour tenter d'échapper à la police. Cette collaboration avec Luc Besson lui vaut un César du meilleur acteur et une place au firmament. Cheveux blonds décolorés en bataille, l'air sombre et éminemment romantique, il transcende le film et confirme ce qu'avait prouvé Greystoke : Lambert rules. L'année suivante, il tourne ce qui sera son troisième grand film, Highlander. L'histoire de l'immortel Duncan Mcleod s'avère un énorme succès public et un tournant dans la carrière de l'acteur. Trois autres volets suivront, mais aucun ne sera à la hauteur de cet opus sombre et brutal où Chritophe Lambert joue sur toute la palette des émotions.
1987. Il a trente ans, le monde apparemment entre ses mains, et c'est l'heure des choix. Il tourne avec Ferreri et Cimino, puis accepte des films de moindre envergure comme la comédie dramatique Love Dream de Charles Finch (avec l'actrice Diane Lane qui deviendra sa femme) ou le film policer Why Me ? de Gene Quintano. On note aussi dans cette période le deuxième volet d'Highlander, le thriller Face à face de Carl Schenkel et surtout la comédie Max & Jeremie de Claire Devers, où il incarne un tueur débutant face à Philippe Noiret.
Commence alors une période tout en muscles avec les deux Fortress, The Hunted, Mortal Kombat… Arts martiaux, combats et violence deviennent le quotidien de l'acteur, qui semble curieusement se laisser enfermer dans un type de rôles plutôt étroit. Il fait à nouveau quelques incursions vers la comédie à la fin des années 90 avec Hercule et Sherlock de Jeannot Szwarc ou Arlette de Claude Zidi, mais sans pour autant retrouver la faveur du public et surtout de la critique, relativement cruelle à cette époque. Même Vercingétorix : La légende du druide roi de Jacques Dorfmann ne redore pas le blason de l'acteur, dont l'immense capital sympathie commence à s'émousser sérieusement.
Finalement, c'est Samuel Benchétrit qui lui offre le rôle de la renaissance avec Janis et John. Aux côtés de Marie trintignant et François Cluzet, il est un gogo de choix, persuadé que Janis Joplin et John Lenon lui ont promis de revenir. Contre-emploi réussi et bonne nouvelle pour le cinéma français : l'enfant prodigue est de retour et son plaisir de jouer semble intact. Depuis, on surveille ses apparitions (notamment dans À ton image de Aruna Villiers) avec l'espoir qu'un réalisateur lui offre à nouveau un premier rôle à sa mesure. Vœu accompli avec Le lièvre de Vatanen, qui lui donne la possibilité de montrer l'étendue de son talent.
Acteur éclectique fonctionnant au plaisir et à l'instinct, Christophe Lambert s'est construit par ce biais une carrière peut-être atypique, mais surtout éminemment sympathique. Une star international qui n'en fait qu'à sa tête et se moque de son image comme d'une guigne, il y a de quoi se réjouir, non ? On aurait dû se douter qu'il finirait par retomber sur ses pieds : le talent ne se gâche pas, il se met tout simplement entre parenthèse, prêt à ressortir à la première occasion. Les occasions sont-elles revenues pour de bon ?
A confirmer dès janvier avec le thriller Trivial de Sophie Marceau et bientôt avec Southland tales de Richard Kelly.
MpM
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