David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LE MAITRE DE L'ANGOISSE





C'était à la fin des années 90. Le cinéma japonnais commençait à envahir les salles, les magazines et même les conversations. Grâce à cet effet de mode, la voie semblait toute tracée pour les représentants de la nouvelle génération. Parmi eux, Kiyoshi Kurosawa qui allait se faire un prénom en un seul film, l'étrange et étonnant Cure, thriller mettant en scène un malade mental capable de contraindre les gens à tuer par la seule force de la suggestion. Atmosphère crépusculaire et inquiétante, personnages troubles et complexes, violence à peine voilée : autant dire que personne n'aura confondu longtemps Kiyoshi avec "l'autre" Kurosawa, Akira, celui des Sept samouraïs et de Rashomon.

De l'art du 8mm
Le réalisateur, bien sûr, n'en est pas à son coup d'essai. Il a tourné de petits films 8 mm pendant ses études de sociologie, puis des "pinku eiga" (films érotiques nippons, comme The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl) dans les années 80, avant de réaliser en 1989 son premier thriller, Sweet home, où un fantôme attaque une équipe de télévision. Déjà, son univers cinématographique se dessine, entre horreur (soit "la destruction du quotidien engendrée par l'intrusion d'événements ou d'êtres extraordinaires") et suspense (ou "le surgissement d'un passé caché qui influence lentement mais sûrement le présent").

De l'expertise en télé
Après avoir achevé sa formation aux Etats-Unis (où il bénéficie d'une bourse du Sundance Institute), Kurosawa se lance dans plusieurs séries télévisées dont la plus connue est Suit Yourself or Shoot Yourself tout en continuant à travailler sur des séries B horrifiques. Cure, en 1997, change la donne mais il faudra attendre 1999 pour que le petit monde des cinéphiles découvre réellement la valeur de Kurosawa avec la sélection de Licence to Live, Charisma et Vaine Illusion respectivement aux festivals de Berlin, Cannes et Venise.

Quête identitaire et société menacée
Incontestablement, un auteur est né, et avec lui un cinéma torturé et profondément introspectif, obsédé par la déliquescence de la société nippone et une quête identitaire vouée à l'échec. Son personnage de Charisma se retire dans une forêt et y découvre des gens s'entredéchirant au sujet d'un arbre. Dans Licence to live, un jeune homme sort du coma pour découvrir sa famille chamboulée et son univers totalement recomposé. Quant à Vaine illusion, au titre singulièrement évocateur, il met en scène un couple paumé et déchiré ayant recours à des fantasmes de plus en plus violents pour se soustraire à une existence grise et vide.

Graal vers la pyramide Kairo
Mais le pire (ou le meilleur, cinématographiquement parlant) est à venir. Kaïro, chef d'œuvre incontesté de Kurosawa, sorti sur nos écrans en 2001, montre une société décimée par un étrange virus informatique. On peut y admirer la maîtrise du cadre et de l'image dont fait preuve le cinéaste ainsi que la constance de ses obsessions. L'atmosphère glaçante du film, alliée à une réflexion troublante sur notre époque, fait de Kaïro une œuvre plus métaphysique qu'angoissante qui a valu à son auteur de recevoir le prix Fipresci lors du 54e festival de Cannes.

Objets fantastiques et séquences oniriques
Depuis, on l'attend quelque peu au tournant. Car si Séance, tourné avant Kaïro, s'est révélé de bonne facture, faisant une nouvelle démonstration de la facilité avec laquelle Kurosawa s'approprie les codes du genre pour mieux exprimer ses propres angoisses et émotions, Jellyfish a déçu. Certes, on y retrouve un thème cher au réalisateur, celui de la menace pesant sur la société nipponne (cette fois-ci sous la forme d'une méduse mortelle ), ainsi qu'une fine observation de la jeunesse désoeuvrée. L'apocalypse, ici, est toujours pour demain, et le "brillant futur" (Bright future est le titre anglais original du film) promis aux personnages sonne plutôt comme une prophétie ironique. Mais tout cela se fait dans une telle confusion pseudo-poétique, en vérité peu inspirée, que l'ennui le dispute au sentiment, assez net, que le cinéaste a perdu de vue son sujet.

Histoires de fantômes japonais Même impression avec son dernier opus, le pathétique Loft dénué du moindre contenu et ressemblant à un florilège des pires clichés du film d'horreur. Alors, Kiyoshi Kurosawa n'aurait-il plus rien à dire ? D'après lui, c'est le contraire, et on le croit volontiers, tant ses anciens thèmes semblent aujourd'hui plus que jamais d'actualité. Mais peut-être est-ce là le plus grand danger le menaçant (en plus d'émigrer aux Etats-Unis pour tourner des remakes ratés de ses propres films, comme Hideo Nakata ou Takashi Shimizu): se répéter encore et encore. Après avoir tant prédit l'apocalypse, sans doute est-il temps pour lui de s'attaquer à la reconstruction, quel que soit le temps que cela prendra.

MpM


 
 
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