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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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OMBRE ET LUMIÈRE
Dans la famille Fiennes, je demande le frère, Joseph. D'un père photographe et d'une mère romancière, le plus jeune de la tribu – au nombre de six – trace son chemin en tant que comédien, souvent dans l'ombre de son frère aîné Ralph, qui accapare la lumière. Il reçoit une formation classique, théâtrale essentiellement, la voie noble du métier. Habitué à une enfance de bohème, déménageant sans cesse dès son plus jeune âge entre l'Angleterre et l'Irlande, il en conservera l'esprit. Pas de réelle attache, que ce soit au cinéma ou au théâtre, ne se posant nulle part réellement. Séducteur et séduisant, le plus sexy des Fiennes joue de ses charmes tout en finesse depuis le début de sa carrière : prétendant de Liv Tyler dans Beauté volée de Bernardo Bertolucci (son premier rôle au cinéma), amoureux transi dans Martha, Frank, Daniel et Lawrence, amant déflorant la future reine dans Elizabeth, il incarne physiquement le jeune premier bellâtre dans un pays où les gueules sont plus rugueuses voire un peu cassées. Malgré tout, il ne semble pas cultiver son apparence physique et encore moins le vœu de célébrité. Ambivalent et même ambigue, plaisant aux filles comme aux garçons, l'adulescent permanent ne trouve pas sa place.
L'année 1998 marquera un tournant dans sa carrière avec deux films majeurs, Elizabeth de Shekkar Kapur et bien sûr Shakespeare in love, tous deux nommés aux Oscars. Premier et seul véritable rôle d’envergure, il est William Shakespeare himself dans une comédie sentimentale légère et très enlevée, surévaluée mais succès du box-office. Son nom se pose en haut de l'affiche et pourtant, Gwyneth Paltrow, sa partenaire féminine, lui vole la vedette, jusqu'à en décrocher la précieuse statuette de la meilleure actrice. Joseph Fiennes semble appartenir à cette catégorie d'acteurs que l’on reconnaît mais dont on est souvent incapable de se souvenir. Il s'efface, refuse de s'imposer, ou glisse sur sa photogénie. De peur de se brûler les ailes (comme son frère) opu de les déployer à en perdre l'équilibre? Véritable choix ou ironie du sort pour l’acteur ? Androgyne et attirant, Joseph Fiennes offre sa silhouette et son profil au plus célèbre des dramaturges, : il en fait un amoureux inspiré et fiévreux, endetté et obsessionnel. Film de cape et de plume, il insuffle sa fougue dans une comédie romantique au féminin.
Les producteurs ne le voient plus que dans des rôles classiques, interprètant Martin Luther, le fondateur du protestantisme, dans Luther, ou encore Bassiano dans Le Marchand de Venise - Shakespeare toujours - ou encore le compositeur Antonio Vivaldi. Amour de la langue et des rôles très théâtraux, d’un abord plus complexe, il ne choisit jamais la facilité ni nécessairement la célébrité à tout prix. Il refusera le rôle principal du Pianiste de Roman Polanski pour se consacrer à un engagement pris sur les planches. De même, après le succès incroyable de Shakespeare in love, il déclinera un contrat mirobolant de cinq films avec la firme Miramax et préfèrera partir en Inde. Avide de liberté, s'affranchissant d'un système dont il n'apprécie pas les règles, on s'interroge parfois sur sa salubrité mentale quand il dit non à Coppola. La discrétion de l'acteur ne l'empêche pas de décrocher de beaux personnages, en marge du star système. Il privilégie les expériences, l'exotisme. Parfois l'échec, le ratage pourrait assombrir son visage à la Dorian Gray. Kaige, Annaud, Wargnier, August ... Il devient leur homme juste oun un objet de désir, un soldat ou un géôlier. Il choisir des hommes qui doutent, se trompent, se corrigent. Il aime les planches, la voix. Mais pas l'image. Le théâtre, la radio, les lectures, mais le cinéma?
S'il demereura toujours à l'ombre de son ainé, s'il acceptera parfois l'éclairage et la poussière de la lumière, ce sera sûrement par compromis. Se vouloir héros mais rester très discret.
Florine, vincy
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