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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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EXTASE ET AGONIE
Il restera à jamais le valeureux conducteur de char dans Ben-Hur. Enorme hit international, rediffusée à la TV rituellement autour de Noël, cette fresque de William Wyler (1959) fera entrer l'acteur Charlton Heston dans la cour des très grands. Il obtiendra avec ce rôle "christique" son seul Oscar, et sa seule nomination à l'Oscar. Car ce n'est pas tant son niveau de jeu, qui n'a jamais rien eu d'exceptionnel, mais bien son charisme physique qui lui donnait une aura au cinéma. Il avait une manière bien à lui d'être très autoritaire, leader dans l'âme, et complètement désemparé, pour ne pas dire abattu par les erreurs de l'homme ou les horreurs de la vie.
Sa carrière démarre dans les années 50, essentiellement à la télévision. En 1952, pour son troisième long métrage, il "dirige" Le plus grand châpiteau du monde, où le cirque sert lieu de métaphore à la vie et ses hauts et très bas. Pourtant, malgré son rôle central dans cette kermesse héroïque, et surtout l'une des meilleures prestations de sa carrière, il n'enchaîne pas les succès. Il continue d'alterner grand et petit écran pendant que Cary Grant, James Stewart, John Wayne ou Glenn Ford s'octroient les plus gros cachets. Heston paye ses factures avec des Westerns ou des séries B sur fond de décor exotique. En 1956, il est choisi pour incarner Moïse dans une super-production en technicolor comme Hollywood aimait les faire afin de contrer l'essor de la télévision. Cecil B. De Mille, qui avait réalisé Sous le plus grand châpiteau du monde, l'engage pour séparer les eaux de la mer Rouge et soulever les tablettes de la Loi. Les dix commandements, aussi sûrement que Ben-Hur deviendra un classique de la propagande chrétienne dans notre civilisation de l'image. Si le sujet impose une certaine pesanteur dans sa narration, les effets sont somptueux et Heston, pas assez connu pour "bouffer" le personnage, se glisse parfaiatement dans ses habits de sauveur du peuple Juif. Le réalisateur trouvait qu'il avait une forte ressemblance avec le Moïse de Michel-Ange.
Sa filmographie ne pourra plus être la même. Il est l'homme dont la carrure athéltique , la beauté neutre, la trentaine flamboyante servent à merveille des films à effets spéciaux ou à grand spectacle. Pourtant, entre Moïse et Ben-Hur, il sera avant tout Ramon Miguel Vargas, le personnage principal de La soif du Mal, film noir, pervers et jubilatoire d'Orson Welles. Ce film influencera fortement des jeunes critiques nommés Godard et Truffaut qui lui donneront même un prix lors d'un festival. Evidemment, le studio a préféré remonter le film, au grand désespoir de Welles. Certaines scènes furent même tournées par Harry Keller (Heston protesta en vain). Le grand Orson écrivit un mémo avec les corrections à apporter. Elles ne furent appliquées que 40 ans plus tard lorsqu'Heston retrouva le document dans ses papiers.
Après l'aventure Ben-Hur (et sa scène culte homoérotique qui fait encore le régal des analystes cinématographiques) , Charlotn Hestoon est considéré comme une superstar mondiale. Il préfère jouer une pièce mise en scène par Laurence OIlivier, qu'il admire, que de jouer aux côtés de Marilyn Monroe dans Let's Make Love. On l'emploie pour jouer des classiques historiques, des films de guerre, mais jamais des comédies romantiques. Il croise Sophia Loren dans Le cid de Anthony Mann (1961), Elsa Martinelli dans Le pigeon qui sauva Rome (1962), Ava Gardner dans l'épique 55 jours de Pékin de Nicholas Ray (1963)... En 1965, il devient Major Dundee grâce au grand Sam Pekinpah. Qu'on ne s'étonne pas si Charlton Heston soit une légende de cinéma après ça. Sur le plateau, il endura les menaces du réalisateur, le budget qui explosait, une tension permanente. Il reviendra alors aux péplums bibliques. Interpértant tour à tour Jean-Baptiste, Michel-Ange, ... et sinon des chevaliers ou des gradés.
En 1968, Charlton Heston retrouve Franklin Schaffner (The War Lord, 1965). D'après un roman de Pierre Boulle, il devient le dernier homme sur terre dans une allégorie sur l'apocalypse nucléaire. Il trouve là son rôle le plus dramatique et saisissant depuis le film de Welles. La planète des singes restera un sale souvenir pour lui, puisqu'il fut malade durant tout le tournage. Dans les années 70, il sera militaire ou empereur, mais marquera surtout les esprits dans les films catastrophes. Airport 1975 et Tremblement de terre seront d'énormes succès populaires. Films à sensation aux scénarii à recettes, Heston y trouve sa place en dur à cuir, héroïque, faisant face aux situations les plus extraordinaires. Il est bien moins crédible en Cardial de Richelieu dans Les trois mousquetaires. Seul autre film marquant de l'époque, Soleil vert, de Richard Fleisher, film culte de science-fiction.
A partir de la fin des années 70, Charlton Heston n'intéressera plus Hollywood. Les cinéastes issus de la génération Coppola / Scorsese / Spielberg ne semblent pas en phase avec sa personnalité. Cet ancien démocrate, ancien soutien actif de J.F. Kennedy et Martin Luther King, l'un des premiers à s'être battus pour l'égalité des races aux USA, opposé à la guerre du Vietnam mais aussi au droit à l'avortement, vire plutôt réac et républicain. Avec les années Reagan, son activisme change de bord, en prenant la tête d'un combat en faveur du second amendement autorisant les citoyens américains à disposer librement d'une arme. Ce sera son dernier grand rôle : il présidera la National Rifle Association, puissant lobby des armes, qui lui vaudra une performance tristement honorable dans le documentaire de Michael Moore, Bowling for Columbine.
Atteint de la maladie d'Alzheimer, il meurt le 5 avril 2008, aux côtés de son épouse, mariés depuis 1944. Ses prises de position politiques terniront à jamais l'image de l'homme. Mais ses films le laisseront dans l'éternité...
vincy
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