David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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HONG KONG AUTEUR




Wong Kar-wai est un cinéaste au style unique, identifiable dès les premières images, un style souvent imité mais jamais égalé. Derrière ces éternelles lunettes noires, il a modifié notre regard sur le cinéma de HongKong, trop vite catalogué comme un cinéma uniquement d’action. Chaque film est un joyau mélancolique d’une beauté sidérante , réalisé par ce cinéaste mystérieux au génie insolent. Les plus grands festivals se l’arrachent, mais il reste imperturbable, continuant à réaliser les films qu’il aime, ressassant encore et toujours les mêmes thèmes : la solitude, la difficulté d’aimer, le manque de communication.

Wong Kar-wai est né à Shanghai en 1958.Replica Watches A l’âge de 5 ans, il quitte avec sa mère la Chine communiste pour Hong Kong. Le reste de sa famille reste, hélas, au pays, si bien que le jeune Wong Kar-wai vit ces premières années dans le quartier de Tsim Sha-Thui dans une profonde solitude. Il se passionne pour la littérature, le cinéma et passe une jeunesse « sauvage » quasi-identique à celle de ces personnages. Doué pour les études, il rentre dans une prestigieuse école technique de HongKong pour apprendre les arts graphiques. Il se passionne pour la photographie et l’image. A 19 ans, il effectue un stage au sein d’une télévision locale, la TVB. Il devient rapidement assistant producteur au sein de celle-ci, puis scénariste de téléfilms et de séries télévisées (Don’t Look Now).
Il intègre le « team créatif » de Barry Wong, le meilleur et le plus prolifique scénariste de HongKong et commence à travailler dans le milieu du cinéma.
Wong Kar-wai écrit alors de nombreux scénarios, pour tous les genres possibles et inimaginables (du fantastique au porno), son scénario le plus connu est celui de The Final Victory de Patrick Tam, son ancien professeur devenu son mentor.
1988. Le producteur Rover Tang travaille sur une trilogie centrée sur le personnage d’Ah Wah (interprété par Andy Lau), il engage Wong Kar-wai pour écrire et mettre en scène le "second" épisode : As Tears Go By. Une préquel de The Final Victory.
As Tears Go By est un pur film de triades, un polar, le genre en vogue à Hong Kong, depuis l'énorme succès du Syndicat Du Crime de John Woo. Librement inspiré de Mean Streets de Martin Scorsese, As Tears Go By suit le destin de deux frères Ah Wah et Fly. Le second, le cadet de la famille, entraîne son grand frère à lutter contre une bande rivale. Si le scénario obéit à des règles codifiées, Wong Kar-wai parvient néanmoins à distiller des touches de son univers personnelle. L'histoire sentimentale entre Andy Lau et Maggie Cheung (son premier rôle dramatique), magnifique respiration du récit au sein d'une descente aux enfers très classique, est un amour impossible : la petite musique "mélocolique" des sentiments de Wong Kar-wai est donc déjà au rendez-vous.

La réalisation est d'une efficacité et d’une maturité rare pour un premier long-métrage. Outre des qualités plastiques hors du commun - il filme les appartements, les couloirs, les rues comme personne -, Wong Kar-wai met en scène, une sensationnelle tuerie finale d’un réalisme étonnant filmée caméra à l'épaule. Ce premier film cartonne en Asie et obtient 9 nominations au Hong Kong Festival Awards. Wong Kar-wai avec ce film de commande qu’il s’est approprié, se fait ainsi un nom et une réputation.
Il se lance alors dans un film plus personnel, plus abouti aussi: Nos Années Sauvages. Sur la musique du français Xavier Cujat, Wong Kar-wai filme l'évanescence de la jeunesse hong kongaise, de Yuddy, joué par Leslie Cheung. Avec sa structure narrative éclatée, la juxtaposition de plusieurs histoires sentimentales, la fièvre de ces personnages,.le désespoir, la saudade de son atmosphère, Wong Kar-wai tisse une Ïuvre, met en lumière ces thèmes de prédilection. Avec un style si particulier, si unique, déjà photographié par le chef opérateur anglais Christopher Doyle, Nos Années Sauvages est le chef-d’oeuvre méconnu de Wong Kar-wai. Le magnifique final Philippin préfigure notamment Happy Together, autre film d'exil. Nos Années Sauvages est un succès critique à HongKong, raflant les 5 principaux "oscars" locaux (film, réalisateur, acteur, actrice, photographie) et devient culte auprès de la jeunesse asiatique.
Wong Kar-wai peut donc mettre en chantier son rêve, la réalisation d'un Wu Xian Plan métaphysique, inspiré des écrit de Jin Yong, principalement "The Eagle Shooting Hero". Deux ans seront nécessaires pour réaliser cette fresque héroïque, dont Wong Kar-wai filme les creux, les vides. Les Cendres du Temps est un film planant, peu compréhensible mais provocant un envoûtement, une hallucination perpétuelle. Hypnotique. Il impose son style, son génie visuel et incidemment, sa vision d'un monde où l'amour est absolu, pudique, impossible, sensuel, atemporel, dématérialisé. Casting de stars, énorme budget - 40 millions de $ HongKongais et pourtant, Les Cendres Du Temps est une oeuvre éminent personnelle. La narration est une nouvelle fois éclatée, rendue confuse par la multiplicité des voix-off, comme le souffle d'une seule et même personne.
Plastiquement, Les Cendres Du temps atteint des sommets. Les scènes de combat sont certes nombreuses mais inoubliables. Chorégraphiés par Sammo Hung (réalisateur réputé de films d'action à HongKong), les affrontements atteignent des sommets de violence épileptique. Le tournage en plein désert épuise physiquement et mentalement Wong Kar-wai. Pendant la post-synchronisation du son, il décide de revenir à l'essence du cinéma, de filmer simplement des personnages dans le HongKong Contemporain. La nuit il filme fiévreusement sans aucune autorisation, caméra à l'épaule le quartier de son enfance Tsim Sha Tsui.

Le résultat : Chungking Express, le film culte qui fera connaître le réalisateur dans le monde entier.
Un film à sketches qui se répondent, deux histoires sentimentales mettant en scène deux flics, deux hôtesses de l'air, deux femmes fatales. Sans scénario ni véritable ligne directrice, Wong Kar-wai capture l'air du temps. La jeune serveuse, interprétée par la chanteuse de pop cantonaise Faye Wong, est notre guide dans l'univers de HongKong. Un univers où l'amour se périme aussi vite que des boites d'ananas, où les jeunes filles rêvent de Californie et d'aventures, où les jeunes flics errent sans jamais trouver l’âme soeur.
La mise en scène de Won Kar-wai est virtuose. Il multiplie les effets, les ralentis et les accélérés, mise en scène « clippée » intimement liée au fond et aux conditions de tournage. Chungking Express et Les Cendres Du temps sortent quasi-simultanément sur les écrans Hong Kongais. Si le premier obtient un succès surprise, le second est un échec commercial, ne réunissant malgré ces stars que 9 millions de dollars HK.
Mais Wong Kar-wai n’est pas uniquement un cinéaste virtuose c’est aussi un producteur malin. Il a écrit et produit une parodie de son propre film "The Eagle Shooting Heroes" avec un casting de rêve (grosso modo le même que celui des Cendres Du Temps) qui a cartonné au box-office Hong Kongais. Car Wkw ne serait rien sans ses doubles : Leslie Cheung et Tony Leung, l'un féminin, l'autre masculin. The Diva et le nouveau Delon. On sera plus proche de l'un ou de l'autre. On ne pourra pas les départager dans Happy Together.

Conforté par le succès de Chungking Express, Wong kar-wai décide de mettre en scène ce qui à l'origine devait être la troisième partie du film: Les Anges Déchus (Fallen Angels).
Encore une double histoire sentimentale, toujours des êtres solitaires pour qui l'amour "durable" est impossible.
Un tueur reçoit des commandes d'une mystérieuse inconnue amoureuse (Michelle Reis). Pendant ce temps-là, Ho Chi-mo (Takeshi Kaneshiro) traîne son mal-être dans le quartier de Wanchai (le Pigalle Hong Kongais).
Même si les gunfights survoltés sur du trip-hop et la scène de masturbation de la star Michelle Reis sur la chanson de Laurie Anderson, "Speak My Language", sont devenus cultes, Les Anges Déchus n'a pas reçu le même accueil que Chungking Express, un certain sentiment de déjà-vu planant continuellement sur le film. La même chose arrivera avec 2046, souvent moins bien considéré que In the mood for love. la complexité ou la répétition ne font pas forcément le bonheur du public. Dans l'ensemble de l'ouvre, en revanche, le vertige est fascinant, la mise en abyme de son propre cinéma, les échos qu'ils se renvoient est digne d'un narcissisme à l'esthétisme exacerbé. On ne peut que contempler...
Sur le plan formel, Wong Kar-Wai n'utilise pour Les Anges Déchus que le grand angle pour filmer, le "Fish Eyes" avec la plus petite focale possible, ce qui donne, sur l’écran, une image "gonflée", " arrondies".
L’accueil critique est plus mitigée : WKW doit se renouveler sous peine de commencer à lasser ses admirateurs. La future rétrocession de HongKong à la Chine avec les possibles restrictions des libertés artistiques, l'inquiète. Plutôt que de remettre en scène le HongKong d'aujourd'hui dans un contexte politique, il préfère s'exiler.
Il choisit de tourner à l'exact opposé géographique de HongKong, en Argentine. Il admire depuis toujours, la littératures sud-américaine surtout celle de l’écrivain Argentin Manuel Puig.
Happy Together (dont le titre de travail était The Buenos Aires Affair, le nom d’un roman de Manuel Puig) est la fin d’une histoire d'amour entre deux hommes Lai Yu-fai (Tony Leung Chiu-Wai) et Ho Po-wing (Leslie Cheung). Un tango visuel rythmé par la musique d’Astor Piazzola, Caetano Veloso, et Frank Zappa.
Par le seul brio de la mise en scène (récompensée au festival de Cannes), Wong Kar-wai réinvente le film romantique. Contrairement à ces films précédents, il n'emploie qu'au minimum des mouvements de caméra, préférant jouer sur les filtres et la lumière pour un résultat éblouissant.
Pourtant, les conditions de tournages ont été difficiles. Arrivés sans préparation ni scénario écrit en Argentine, Wong Kar-wai et ses fidèles collaborateurs découvrent une organisation de travail différente de celle de HongKong. Leslie Cheung tombe malade et le tournage s’arrête même dans l’attente de nouveaux fonds.
Au montage, Wong Kar-wai supprime l'ensemble des seconds rôles féminins pour se concentrer sur l'histoire d'amour entre les deux hommes. Le montage initial de 3 heures pourraient cependant faire l'objet d'une édition en DVD, un jour...
Happy Together crée le scandale en Asie -l’homosexualité est un sujet tabou, mais devient le plus grand succès de Wong Kar-Wai en Europe. Les commandes affluent : l’artiste Hong kongais peut désormais travailler hors du circuit de financement de l’île redevenue chinoise.
Il se heurte aux autorités de Pékin pour filmer Somewhere In Beijing, une « comédie musicale » romantique, et n’obtenant pas les autorisations nécessaires pour filmer Place Tien An Men, il remet à plus tard son projet.
Il entame alors la production d’In The Mood For Love (initialement Three Stories About Food), un triptyque amoureux avec seulement deux acteurs principaux sur le thème de la nourriture et de.. .l’amour impossible. Ces deux acteurs sont des habitués de l’univers de Wong Kar-Wai : Tony Leung Chiu wai et Maggie Cheung. Il décide de se concentrer finalement sur une seule des trois histoires, la situe dans les années 60.
Insatisfait, changeant de chef opérateur (Christopher Doyle est tenu par d’autres engagements), il interrompt le tournage, commence la préparation d’un film d’anticipation, avec la divine Faye Wong, 2046, puis retourne presque entièrement le film. Résultat : une pure magie. Jamais une histoire d’amour n’avait été à ce point magnifié, jamais un film n’avait été aussi sensuelle et même torride sans rien montrer. Il devient le précurseur d'une mode asiatophile. Lacoste l'engage pour ses publicitéss "shangaiennes". La musique, les images envahissent notre réalité visuelle : jingles, pubs, clips... Kar-wai a imprimé sa marque dans notre univers de rêves...
Tony Leung Chiu wai reçoit le Prix d’Interprétation à Cannes. La Palme d’Or échappe une nouvelle fois au génie Hong Kongais mais ce n’est sans doute que partie remise.
En 2004, Maggie Cheung aura sa revanche avec son Prix d'interprétation cannois (grâce à Assayas). Eliminée du montage de 2046. Kar-wai est le seigneur des ciseaux. il n'avait d'yeux que pour Zhang Ziyi. Un peu pour Gong Li (avec qui il a tourné un court). Le film n'est pas à la hauteur des attentes. Mais pourtant, il est, cinématographiquement, largement supérieur à la qualité du 7ème art d'aujourd'hui. Impressionniste ou surréaliste, on ne sait jamais. Mais les tableaux de Wong Kar Wai s'ancrent dans nos têtes et nous font regretter d'avance un monde déshumanisé ;la peur d'oublier notre monde passé? Entre nostalgie et futurisme, entre références et singularité, 2046 est à coup sûr l'oeuvre qui résume le mieux le talent et les pensées du Maître, l'un des plus grands cinéastes de ces 30 dernières années.

yannick, vincy


 
 
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