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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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Votes : 13Cote : 26 %
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UN PACHYDERME EN DEHORS DE LA CAGE DOREE
On le sent intègre. Hors système. Beineix, par son parcours, ses films, son exigence, ressemble à un personnage à la fois zen et passionné. Il ne vit que pour son art, tel un artisan perfectionniste. Et puis, pas loin, il y a le gamin, fana de cinéma, fier de prolonger ses rêves d'ados.
Car Beineix aime le 7ème Art. Il en est une sorte de survivant ; il peut vous citer une réplique de Jouvet dans Quai des Orfèvres et être un grand fan de cinéma japonais, de Vigo, de Dumont (L'Humanité) ou d'Egoyan (Exotica). Il apprécie autant la farce et les polars de Melville que les oeuvres épurées, éclatées, esthétisantes.
Beinex n'est pas contradictoire, il est humain. Il défend sa profession, son travail et les petits cinémas comme Le Balzac. Si Besson est passé au mode industriel, Beineix reste un petit commerçant qui ne veut pas faire d'histoires, mais simplement les raconter.
Après 20 ans de cinéma, le réalisateur a pris de la bouteille, a piqué des coups de gueule, a pris des coups dans la gueule. Bref le milieu ne l'a pas épargné. Il en est marginalisé, faisant bande à part, et reste dans la lignée des cinéastes maudits et acclamés, à l'instar d'un Carax. Ils partagent le même romantisme noir, le même sens de l'allégorie, des paysages surréalistes, et ce sens de l'esthétique qui leur sont propres : chaque cadre est soigné, chaque plan est rempli de symboles, et le récit, au final, a l'aspect d'une narration multimédia, proche de l'expérimental, et pourtant si épique.
Mais Beineix, que l'on verrait bien écrire et réaliser un polar de société, qui aurait pu nous épater avec ses Vampires dans Paris (le projet a avorté pour cause de trop gros budget mais il en a fait une BD), se fait rare, et, ainsi, entretient involontairement sa légende.
Un film signé Beineix est forcément un OVNI. Cet homme curieux et railleur fut d'abord, dans les années 70, assistant de Zidi (qu'il remercie à chaque fois), Berri, Nadine Trintignant, Simenon, Jean-Louis Trintignant,... C'est son premier film qui en fit un phénomène. A peu près en même temps que Le dernier Combat de Besson, Beineix signe le sublîme Diva. Ode à la voix qui marqua les esprits.
Césarisé, Diva lance par ailleurs Bohringer père. Un nouveau cinéma français naît : coloré, stylisé, énergique, mystérieux. Un thriller qui fait du débutant un réalisateur dans lequel tous les espoirs sont permis.
Douche froide puisque La lune dans le Caniveau, son second opus, sera traîné dans les égouts, et les étoiles ne se reflèteront nulle part ailleurs que sur les marches (salies) de Cannes. Torrents de tomates. Huées. Depardieu se désolidarise de cet échec artistique. Beineix gardera cette blessure, cette humiliation, cette destruction en règle. Cannes a son scandale. Mais Beineix ne sera pas son sacrifié.
Il fera d'ailleurs monter le thermomètre très haut en ouvrant son nouveau film avec une scène de cul restée anthologique. Anglade à poil ne pouvait que bander devant cette pulpeuse révélation, brune incendiaire, bouche infernale; et Beineix créa la Dalle. 37°2 le matin sera un hit mondial, remportant plusieurs prix, devenant le summum culminant de la carrière de Beinex, rencontrant un large public, jusqu'à la Madonne " True Blue " qui fera de " Betty Blue " son film culte du moment. Le réalisateur sait très bien transposer l'univers conflictuel, passionnel de Djian.
Chacun de ses films a un décor à la fois magique et oppressant, où le sentiment de liberté, d'exploration côtoie la destruction des humains. Après les plages, Beineix s'enferme dans un cirque, avec les lions, puis dans une île aux grands arbres, avec les pachydermes.
La critique ne le loupe pas. Le public ne s'intéresse plus à ses opus insensés et beaux.
Il se fait dévoré cru par le cinéma français, perd la confiance des producteurs, s'installe en politicien du 7ème Art. Il sera le dernier réalisateur a avoir filmer Yves Montand. Lui offrant un cercueil en celluloïd, avec un message digne des meilleurs mangas : initiation, vieux sage, transmission de savoir, environnement. Vert avant l'heure. Et puis le silence.
Les rouleaux de vagues bercent les cabanons. La cantatrice s'arrête. Les lions ne rugissent plus et le fouet est rangé. Les arbres infinis couvrent ses éventuels cris.
Beineix va au Japon, un pays qui lui va si bien. Il écrit une histoire à grand spectacle de vampires au dessus de la capitale, avec Réno en big star. Les financiers ne suivront finalement pas, pour l'instant, ce budget de 300 millions de francs. Il se refait la main avec un polar psychanalytique, à tiroir et à couloirs labyrinthiques...
Si le film échoue, il pense perdre le goût. Celui de filmer. Il sait que ses oeuvres sont éternelles et lui survivront.
Prêt pour le cimetière des éléphants...
Même les cinéastes sont mortels.
vincy
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