LE 3ème FORUM DU CINEMA EUROPEEN DE STRASBOURG
Collaboration Spéciale de Bruno Richaud à Strasbourg
Conclusions des Ateliers
Atelier 3 * PATRIMOINE ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
Atelier organisé par l'Association des Cinémathèques Européennes (ACE).
A l'issue de cet Atelier, regroupant des spécialistes des nouvelles technologies issus d'une dizaine d'entreprises et laboratoires européens et des experts des questions de conservation et de restauration dans les cinémathèques, les conclusions suivantes ont été établies:
Des solutions inédites et efficaces sont actuellement proposées, susceptibles de résoudre certains problèmes précis de restauration (relatifs notamment à la dégradation des couleurs et aux dommages physiques et chimiques des pellicules).
Par ailleurs, l'utilisation des nouvelles technologies en matière de patrimoine cinématographique offre d'importants développements en termes d'accès. Là aussi, se posent des questions de financement, que suppose l'établissement de ces nouveaux matériaux indispensables à une diffusion de qualité optimale. De plus, la réexploitation à grande échelle des images européennes implique que soient redéfinies dans ce contexte neuf, les relations entre cinémathèques et ayants-droit.
Prenant en compte des considérations, l'ACE souhaite proposer à l'Union européenne, la mise sur pied d'un nouveau
Programme d'action pour la préservation du patrimoine cinématographique et sa diffusion.
La Communauté européenne compte une trentaine de cinémathèques, dont certaines, crées dans les années 30, sont parmi les pionnières du mouvement en faveur de la préservation du patrimoine cinématographique. Elles détiennent près d'un demi-million de titres relevant du patrimoine cinématographique européen, oeuvres de fiction et documents. Elément essentiel de l'identité culturelle européenne, ce patrimoine constitue également un témoignage historique unique sur l'Europe au 20ème siècle. Etroitement liée au développement de la diffusion télévisuelle et multimédia, l'importance économique de ce patrimoine cinématographique est aujourd'hui devenue indéniable.
Dans le même temps, la prise de conscience de la fragilité de sa matière est devenue plus aiguë. Soutenues plus ou moins efficacement par les états, les cinémathèques européennes ont tenté de sauvegarder et restaurer un nombre aussi élevé que possible de titres. Cette activité requiert une expertise hautement spécialisée, des équipements lourds et des investissements financiers importants, tandis que les producteurs - détenteurs exclusifs des droits - retirent seuls les bénéfices d'une réexploitation rendue possible par le travail des cinémathèques. Il est clair que cette situation quelque peu schizophrène ne favorise guère une collaboration optimale entre les deux parties, indispensable pourtant à une (re)diffusion extensive de cet immense patrimoine. Un changement radical doit donc être envisagé, où les prérogatives de l'industrie et du commerce seraient réconciliées avec les nécessités de la préservation, par l'établissement d'un mécanisme structurel, grâce auquel les bénéfices de la réexploitation seraient partiellement affectés aux plans de sauvetage du patrimoine.
Le soutien des différents états à leurs archives nationales et/ou régionales, l'intervention de l'Union Economique européenne au travers des programmes MEDIA I (Projet Lumière) et MEDIA II (ARCHIMEDIA) ont constitué - et constituent encore - des ressources importantes pour les cinémathèques et leur travail de préservation. Ces ressources s'avèrent toutefois très insuffisantes pour accomplir efficacement des travaux de sauvegarde, dont l'urgence et la complexité ne cessent de croître, en raison de la dégradation galopante des matériaux (qu'ils soient sur support nitrate ou acétate). La mise en place d'un nouveau Programme européen s'impose donc, répondant de manière spécifique et adéquate à la nécessité pressante de ces travaux.
Ce Programme, exclusivement consacré à la préservation du patrimoine cinématographique européen et sa diffusion, devrait couvrir les domaines d'activités suivants:
Le but prioritaire d'un nouveau Programme européen spécifiquement adapté aux besoins de la préservation et de la rediffusion devrait être l'établissement, à moyen terme, d'un catalogue de films européens (fictions et documentaires) véritablement sauvegardés et aisément accessibles sur l'ensemble du continent. Ce but ne peut-être atteint qu'au travers d'un partenariat loyal et effectif entre cinémathèques et ayants-droit. Les possibilités de réexploitation, reposant sur un travail préalable et rigoureux de sauvegarde, généreront des bénéfices dont une partie devra être affectée à de nouveau travaux de préservation portant sur un nombre d'oeuvres toujours plus important. Ce catalogue du patrimoine cinématographique européen rendra désormais inutile la quête compliquée et souvent infructueuse que mènent actuellement les diffuseurs (et parfois les ayants-droit eux-mêmes) pour trouver un matériel utilisable.
La nécessité de la création d'un Programme européen spécialement adapté à la problématique spécifique de la sauvegarde du patrimoine européen se justifie notamment par:
Même si le programme MEDIA, et plus sporadiquement le Programme Raphaël, ont répondu ponctuellement à certains besoins exprimés par les cinémathèques européennes en termes de restauration (Lumière) ou de formation (ARCHIMEDIA), aucun des programmes européens actuellement en place ne peut répondre aux besoins plus complexes que requiert l'élaboration d'un catalogue du patrimoine cinématographique européen restauré.
L'Union européenne doit prendre en compte l'importance à la fois patrimoniale, culturelle et économique de son cinéma, et concevoir un Programme d'aide où ces différents points convergent et dont le but ultime consistera à assurer une réexploitation massive des oeuvres tout en garantissant leur conservation optimale à long terme.
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Courrier - Vincent Cyril Thomas / Christophe Train |
(C) Ecran Noir 1996-1999