LE 3ème FORUM DU CINEMA EUROPEEN DE STRASBOURG

Collaboration Spéciale de Bruno Richaud à Strasbourg

Conclusions des Ateliers

Atelier 1 * PROMOTION ET DISTRIBUTION
Présidé par Mr Martin Schweihofer (Austrian Film Commission), AU. Rapporteur: Mr Martin Blaney (Screen International), GB.

Un large débat sur les questions de l'exportation et de la promotion du cinéma européen a mis en lumière les difficultés que rencontrent les réalisateur européens pour faire circuler leurs films en dehors des frontières nationales.

Cette situation a été ainsi clairement résumée: il n'y a pas de production sans distribution, ni de distribution sans promotion.

Quatre recommandations clés ont été retenues suite aux débats de l'après-midi:

  • 1) Accorder plus de moyens pour promouvoir le cinéma et l'audiovisuel européen sur les marchés émergeants en dehors de l'Europe.
    A ce titre, deux idées se sont imposées dans la discussion:
    a) concevoir une « Agence de l'Exportation », d'une part
    b) d'autre part, renforcer les initiatives existantes déjà soutenues par MEDIA telles que la «Promotion du Film Européen » qui, en associant les divers organismes de promotion et d'exportation, a déjà organisé des manifestations européennes communes à l'American Film Market (Los Angeles) et aux Festivals de Toronto et de Pusan (Corée du Sud).

  • 2) Créer de nouveau programmes de formation afin de permettre à de jeunes producteurs et exportateurs d'atteindre un niveau professionnel dans le marketing de leurs films. De tels programmes manquent dans les écoles de cinéma et sont souvent oubliés par les formateurs comme par les étudiants.

  • 3) Un soutien continu devrait être apporté aux festivals de films qui jouent un rôle essentiel dans la promotion du cinéma européen.

  • 4) Mettre en place dans de bonnes conditions l'initiative de la « Journée du Cinéma Européen » qui pourrait se dérouler en trois phases à l'occasion de la remise des European Academy Awards (4 décembre 98 à Londres).
    a) la cérémonie des European Academy Awards pourrait être retransmise dans son intégralité ou en partie par des chaînes de télévision publiques ou privées.
    b) le lendemain, une « Journée du Cinéma Européen » serait mise en place dans les salles de cinéma affichant des films européens avec des tarifs promotionnels: par exemple, 3 euros pour le premier film, et un euro pour chaque film suivant.
    c) en soirée, diffusion sur les chaînes publiques ou privées d'un film européen non national, avec présentation par un journaliste et rappel des lauréats des European Academy Awards décernés la veille.

    Ce programme en trois points (les European Academy Awards, la Journée du Cinéma Européen en salle et la diffusion télé d'un film européen) serait accompagné par une vaste campagne médiatique pour informer le public de l'importance et de la diversité de l'industrie audiovisuelle européenne.

    Atelier 2 * RENFORCEMENT DE L'ACTION COMMUNAUTAIRE EN FAVEUR DE L'INDUSTRIE EUROPENNE DES PROGRAMMES AUDIOVISUELS
    Présidé par Mr Pennant Roberts (Vice-Président de l'AIDAA), GB.
    Rapporteur: Mr Frédéric Young (Secrétaire général SACD Belgique), BE.

    L'état actuel des choses

  • 1. L'industrie de l'audiovisuel européen face à deux enjeux simultanés:
    a) le besoin d'accroissement de la production de l'audiovisuel européen, c'est à dire de contenu.
    b) les progrès des nouvelles technologies qui nécessitent le développement de nos compétences techniques.

    Nos industries de programmes (le software) sont contraints de perdre du terrain comparé à nos capacités techniques (le hardware).

  • 2. La réalisation de films n'est pas une activité d'autosatisfaction. Parfois les modes de financements sont plus inovants que les procédés de création des films eux-mêmes mais néanmoins le but des financements nouveaux vise à stimuler la création, la création de nouvelles oeuvres.

  • 3. En tant qu'européens, nous avons besoin d'encourager la production européenne au sens large, dans les petites régions aussi bien que dans les grandes. Nous devons organiser notre marché, avec ses particularités culturelles et linguistiques de manière à permettre une diversité de production à tous les niveaux. Les producteurs de taille moyenne doivent pouvoir exister en parallèle avec les catalogues des grands groupes, qu'ils soient européens ou extérieurs à l'Union. Les multinationales ne doivent pas être en mesure d'exercer un contrôle total sur le contenu, spécialement en ce qui concerne ces films que nos consommateurs souhaiteraient regarder.

  • 4. Pour nous permettre de faire face à ces défis majeurs, et surtout dans la ligne tracée par la Cconférence Audiovisuelle de Birmingham en début d'année, plusieurs instruments nationaux doivent être élargis dans leurs compétences comme dans leurs efficacité, et de nouveaux instruments créés tels que le « Nouvel instrument financier », etc...

    A - Le Programme MEDIA

    C'est l'élément central au niveau européen. Nous nous devons d'affirmer qu'il gagnerait en efficacité si son budget était considérablement augmenté. Nous suggérons le doublement ou le triplement de celui-ci. Il est aujourd'hui relativement insignifiant (à 0,06% du budget européen, il ne représente que le dixième du soutien financier à l'industrie du tabac).

    MEDIA s'est fixé trois objectifs qui sont de première importance: développement, formation et distribution.

  • a) Développement
    1. Il est crucial pour notre industrie, surtout si on considère que les Majors américaines consacrent 10% de leurs budgets de production au développement alors que les chiffres européens sont de moins de 1%. C'est un domaine où la Commission peut exercer son influence avec souplesse et encourager une production à travers l'Europe, dans les petits pays comme dans les grands. Afin d'améliorer la qualité du contenu, les énergies créatrices aussi bien que les simples employés devraient être encouragés autant que l'aspect financier. Le programme de développement au sein de MEDIA doit être renforcé et élargi afin de tenir compte de toutes ces considérations.
    2. Pour améliorer le développement à un niveau plus large, une responsabilité et une contribution pourraient être exercées par les organisations professionnelles existantes, tant nationales qu'européennes.
    3. Nous pensons que le domaine de MEDIA doit permettre d'inclure des coproductions potentielles entre pays membres de l'Union et des partenaires minoritaires, spécialement des pays qui on entamé leur intégration à l'Europe et respectent l'acquis communautaire, entre autre la directive Télévision sans frontières. Pour les critères d'éligibilité, une définition à deux niveaux sera nécessaire pour établir ce qu'est un « film européen ».
    4. Il se peut qu'une notion de discrimination positive soit nécessaire, qui favoriserait les petits pays ainsi que les langues minoritaires, s'ajoutant aux Fonds de développement nationaux et régionaux.

  • b) Formation
    1. Alors que la structure et les aspects techniques de notre industrie deviennent de plus en plus complexes, la nécessité de la formation est une priorité absolue, puisque nous devons aider les individus à s'adapter aux nouvelles demandes de la société de l'information. Actuellement le programme MEDIA se focalise sur la formation des scénaristes, des techniques de gestion et des nouvelles technologies. Nous pensons que le moment est venu d'ouvrir la formation aux autres professionnels du secteur, ainsi qu'aux comédiens et réalisateurs. Ceci recquiert des ressources supplémentaires.
    2. Ces nouveaux projets doivent prendre en compte tous les niveaux, non seulement les productions à gros budgets, mais aussi les projets plus réduits, particulièrement ceux émanant des pays dont les industries et les budgets souffrent, pour des raisons linguistiques, d'absence de marchés naturels à l'exportation. Ce serait être myope que d'installer une situation où les moins forts auraient le sentiment que leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en considération; il s seraient amenés à s'opposer à l'élargissement des initiatives.
    3. Il sera nécessaire que le programme MEDIA s'assure que les divers projets soient complémentaires et, le cas échéant, dans un ordre logique. Tout comme Rome n'a as été construite en un jour, les bons producteurs imaginatifs ne se forment pas en une semaine.

  • c) Distribution
    1. Bien que l'évaluation globale de MEDIA II ne soit pas encore terminée, nous sommes ravis d'apprendre les résultats positifs du projet pilote pour la distribution. Nous estimons que son application devrait maintenant être élargie. Ce projet, établi à courte échéance, a rapidement acquis un tel niveau d'efficacité que 65% de la contribution européenne ont été réinvestis au bout de 10 mois. Par exemple, la Grande-Bretagne compte sur les exportations pour fournir 30 à 60% de ses budgets. Celles-ci bénéficieraient d'un apport significatif des fonds de l'Union européenne. Le budget actuel de 8 à 10 Millions d'Ecus du Fonds de distribution automatique est insuffisant.
    2. Dans un marché en pleine croissance (les recettes des films européens non nationaux sont passées de 29 Millions n 1996 à 54 Millions en 1997), l'effet levier d'une augmentation de budget pour la distribution devrait rapidement donner de bons résultats. Ici encore, nous devons prêter une attention spéciale au large potentiel de cette initiative, afin que ce ne soit pas uniquement les grandes compagnies européennes qui profitent de cette mesure.
    3. Jusqu'à ce que notre stratégie de marketing s'affine encore, le programme de distribution MEDIA devrait aider à maintenir les films dans les salles suffisamment longtemps pour qu'ils trouvent leur public.

    B. Financer la production

  • 1. Ainsi que Madame Armelle Guinebertière l'écrivait dans son texte d'introduction pour cet atelier: « MEDIA ne devrait pas être seul à créer une dynamique pour le marché audiovisuel européen, mais il est nécessaire qu'il soit renforcé s'il est amené à élargir ses champs d'activité et ses capacités financières. »

    Nous approuvons les conclusions de la conférence audiovisuelle de Birmingham qui demande la création d'un nouvel instrument financier. Cependant, nous ressentons la nécessité de créer des systèmes de caution afin d'encourager l'investissement privé dans un secteur ou les risques ne sont pas facilement quantifiables. Les participants à cet atelier ont proposé que ces systèmes encouragent la complémentarité entre les systèmes nationaux de soutien et les programmes européens, incitant de cette façon les états-membres lorsqu'ils investissent dans des coproductions, ou alternativement en stimulant des partenaires minoritaires à s'engager dans des coproductions avec des partenaires importants.

  • 2. Certains intervenants ont exprimé l'opinion que, bien que le financement significatif pour des films de cinéma par des diffuseurs soit à la fois nécessaire et bienvenu actuellement, ils ne doivent pas pour autant être perçus comme un mécanisme approprié à moyen terme.

  • 3. Le programme audiovisuel EUROMED (DX I) qui soutient la coopération euro-méditerranéenne, qui émane de la Conférence intergouvernementale de Thessaloniki de novembre 97, nous fournit un modèle qui, dans un proche futur, devrait inclure les pays d'Europe centrale et orientale déjà engagés dans le processus d'intégration.

    Conclusion

    L'Europe possède un vaste paysage - au niveau agricole, nous sommes attentifs aux besoins des éleveurs de moutons des montages de Grèce ou du Pays de Galles autant qu'aux grandes exploitations de culture extensive des plaines de Champagne ou des Pays-Bas. Si nous voulons préserver notre diversité culturelle, nous devons développer un secteur audiovisuel avec la même ouverture d'esprit. Pour renforcer l'action communautaire dans le secteur audiovisuel, un niveau approprié de financement est un besoin urgent et primordial.


  • Courrier - Vincent Cyril Thomas / Christophe Train


    (C) Ecran Noir 1996-1999