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Peine de mort

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LA PEINE DE MORT AU CINEMA

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La majorité des films mettant en "scène" la peine de mort, sont des films engagés, des films violemment polémistes, critiquant ouvertement le principe de la peine de mort. Pour montrer l'absurdité de celle-ci, certains cinéastes ont mis en exergue les incohérences du système judiciaire.
Ainsi Fritz Lang dans L'Invraisemblable Vérité (Beyond A Reasonable Doubt, 1956) raconte l'histoire d'un avocat qui s'accuse d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Il ne pourra plus dès lors arrêter la machine, l'engrenage de la justice qui cherche à satisfaire la vengeance des familles et de la foule.
Même absurdité du système judiciaire dans Le Procès (The Trial, 1962) d'Orson Welles d'après un roman de Kafka. Bien sûr la peine de mort n'est pas le centre du film mais Orson Welles démontre que la peine de mort résulte d'un système judiciaire défaillant et surtout illogique.
Plus évocateur encore, le documentaire The Thin Blue Line (1998) d'Errol Morris a permis d'éviter l'exécution de Randall Dale Adams, condamné à mort pour l'assassinat d'un officier de police de Dallas en apportant la preuve que l'enquête, qui avait établi la culpabilité de Randall Dale Adams, avait été mal menée.

De nombreux cinéastes ont filmés des réquisitoires contre la peine de mort, mettant en exergue la barbarie de l'acte de l'exécution. L'important ici, ce n'est pas la culpabilité du prévenu mais la démonstration de l'absurdité de la peine de mort. Exemple parfait: l'explicatif Nous Sommes Tous Des Assassins (1952) d'André Cayatte, qui dresse le portrait de quatre condamnés à mort aux destins différents qui seront pourtant assassinés par celle qui les a poussé au meurtre: la société, complice puis bourreau.

Les cinéastes s'inspirent souvent de faits divers authentiques pour condamner cette solution barbare. Aux Etats-Unis, dans De Sang Froid (In Cold Blood, 1957), le cinéaste Richard Brooks a, sur une enquête de l'écrivain Truman Capote, mis en scène la vie et la mort de Perry Smith et Dick Hickock Le but: démontrer la similitude entre leur acte monstrueux (l'assassinat d'une famille de fermier) et l'atrocité de leur pendaison. Le titre De Sang Froid caractérise aussi bien la punition infligée au deux meurtriers que leur meurtre.
En France, Le Pull-Over Rouge réalisé par Michel Drach sur la condamnation à mort de Christian Renucci a participé au débat sur le maintien de la peine capitale qui a conduit à l'abolition de celle-ci le 9 octobre 1981.
Plus récemment La Dernière Marche (Dead Man Walking, 1995) de Tim Robbins s'inspirait de la vie de Soeur Helen Prejean qui soutient moralement les criminels dans le couloir de la mort. Ce film qui a obtenu un succès surprise a permis de relancer la question de la nécessité de la peine de mort aux Etats-Unis en montrant notamment que la mort du criminel n'enlève pas la colère des proches de la victime et ne leur apporte pas le réconfort. Hollywood produira une Derniere Marche-bis, avec La Dernière Danse (Last Dance, 1996) mis en scène par Bruce Beresford avec Sharon Stone en condamnée à mort.
Le film de Krzysztof Kieslowski Tu ne Tueras Point (Kristki Film O Zabijaniu, 1988), Prix du Jury au Festival de Cannes en 1987 est le long-métrage le plus abouti et le plus réussi sur le sujet. Ce film est un épisode du Décalogue, la réflexion de Kieslowski sur les Dix Commandement. En 84 minutes, il démontre l'absurdité de le peine de mort et surtout son inhumanité. On suit trois personnages, un jeune marginal à la dérive, un chauffeur de taxi et un jeune avocat idéaliste. Le jeune marginal tue sauvagement et gratuitement le chauffeur. L'avocat doit assurer sa défense. La force du film réside dans sa simplicité, pas de mouvements de caméras inutiles (même si l'image est trafiquée avec différents filtres). La violence du meurtre initial conduit le spectateur à détester le jeune homme. Pourtant, son humanité peu à peu se révèle, si bien que lors de son exécution aussi froide et violente que le meurtre pour lequel il est condamné, on est révolté. On comprend grâce à ce film, l'inutilité d'une peine qui trouve son fondement dans la vengeance et non la justice. Toutes les formes sont utilisées pour sensibiliser le public: deux films aux histoires assez proches ont même pris pour cadre l'univers de la comédie musicale si rose habituellement pour critiquer la peine de mort: Pennies From Heaven (1981) d'Herbert Ross et bien sûr Dancer In The Dark (2000).

 


(C) Ecran Noir 1996-1999