SOMMAIRE
Jacqueline Bisset
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Forum
Film
Genealogies d'un crime
Deneuve on-line
Politique
Bien dit!
Drôle de festival que le FFM.
Ça manque d'animation,
il n'y a pas à dire,
d'événements spéciaux,
de pétillement.
La localisation au Méridien
n'arrange pas les choses,
tant cet hôtel paraît peu convivial,
son service lent et ses horaires
mal adaptés aux besoins des festivaliers.
Entre une salle à manger
qui ferme à deux heures
et un bar qui n'ouvre qu'à quatre,
il y des périodes de flottement
où personne ne peut se restaurer
en se donnant rendez-vous au foyer.
Mais si le milieu du cinéma
n'y trouve guère son compte,
le public, lui, fait la queue
devant l'Impérial, le Parisien
et le Desjardins
et se satisfait des projections.
Cela dit, lorsqu'on suit
la compétition, on manque
souvent les meilleurs films
qui, arrivant dans la foulée
de Berlin ou de Cannes,
ne peuvent aboutir dans
la course à Montréal.
Pris entre Toronto,
où les meilleurs films
des majors trouvent leur
rampe de lancement, et Venise,
qui ratisse plusieurs gros
noms du cinéma européen,
la compétition du FFM
a du mal à se nourrir.
Odile Tremblay, Le Devoir
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A c t u a l i t é
Septième Jour - 28 août - Généalogies d'un crime
Lapsus incrimanateur
28.08.97/21.00 - Deneuve fait jeu double dans Généalogies d'un crime de l'intriguant Raoul Ruiz. Ce thriller psychanalytique est le film le plus abouti du cinéaste chilien, avec une distribution étincelante (Piccoli, Poupaud, Andrzej Seweryn), des décors artistiquement magnifiques, et une bande sonore indispensable.
Le film repose sur une complexité narrative qui maintient un vrai suspens, tout en satyrisant les castes d'une société dont le trop de savoir tue l'intelligence. Sectes, psys, avocats, snobs parisiens...tout passe à travers le regard insolite d'un Ruiz qui semble jubiler dans cette partie d'échec à base d'horoscope chinois et de références littéraires.
Ses délires (un bordel transformé en club de psys, un suicide collectif à mourir de rire, ou encore les gestes hésitants d'une Deneuve névrotique) nous plonge dans un univers surréaliste, où tout le monde parait faire semblant, jusqu'à leur propre destruction.
Ruiz joue beaucoup avec l'art chinois: musique, objets, culture, légendes et même les ombres sont chinoises. Tel un fantôme permanent hantant nos rêves. Les réparties sont hilarantes ("un café avec deux tiers de café, un tiers de déca"). Comme dans Le Lieu du crime, Deneuve passe de victime, à complice puis à assassine. Et évolue avec facilité dans ce labyrinthe confus.
Deneuve continue ainsi de se construire en se désagrégeant: après son suicide dans Les Voleurs, et la folie dans celui-ci, elle interprètera une veuve alcoolique dans Place Vendôme.
Les séances du FFM ont affiché complet, à chaque reprise.
Pour info, il s'agit du 4ème film que Melvil Poupaud (ami d'enfance de Chiara Mastroianni, fille Catherine D. et du défunt Marcello) tourne avec Raoul Ruiz.
Et c'est la 8ème fois que Deneuve joue avec Piccoli. Ça peut toujours servir dans un concours.
28.08.97/21.30 - Montréal a un Festival du Film, mais le FFM s'est aussi doté d'un marché du film, à l'instar de Cannes ou Berlin.
On dénombre 800 participants, sans compter le public qui teste à chaud (ou à froid) les films. Un baromètre idéal pour les acheteurs. Les productions et co-productions canadiennes sont évidemment au coeur des "négos".
La Conciergerie semble bien parti pour l'export. Son aspect thriller convient à tous les publics, et les Allemands semblent particulièrement séduits.
Hier nous vous parlions de l'acquisition des droits d'Happy Together de Kar-wai. Aujourd'hui nous apprenions que le Groupe Coscient Astral (notamment distributeur de L'Appartement) va se lancer dans la production.
Babel, au budget de 19 millions de $ sera réalisé par Gérard Pulliccino (ancien réalisateur de l'émission musicale Taratata). Tourné en deux langues, au Canada et avec pour star Tchéky Karyo (L'Ours, Bad Boys, GoldenEye, Dobermann), le premier clap devrait être donné en novembre.
28.08.97/22.00 - Remise de prix au FFM. Le Prix du Meilleur réalisateur-étudiant canadien (28ème du nom) commandité par (beep - on n'est pas payé pour l'écrire), accompagné d'un chèque de 2500 $, a été offert à Jean François Asselin (Crise d'identité à la deuxième personne du singulier), de l'Université Concordia à Montréal.
Le Norman McLaren Award destiné au Meilleur film revient lui aussi à un étudiant de l'Université Concordia (qui remporte au total 8 des 11 prix), Serge Marcotte (The Sickroom et seulement 1000 $).
L'INIS n'a pas été primée. Est-ce normal?
28.08.97/22.00 - Mi-parcours pour le FFM. On attend encore le fils Bergman, Carlos Saura, Alan Rickman, Olivier Asselin et Wong Kar-wai parmi les découvertes montréalaises. Jusqu'ici le cru est plutôt irrégulier. Aucun consensus ne se dégage. Il n'y a pas de favori comme avec Un Air de Famille l'année dernière.
Si La Conciergerie a eu l'adhésion du public, quelques critiques n'ont pas hésité à le qualifier de téléfilm. Un Air si pur avec son humour noir et ses décalages de ton ont plu à la critique nord-américaine. On est resté admiratif devant The James Gang.
Venus d'Asie, La Guerre de l'opium, Aimer ou les quelques films iraniens ont déçu par leur classicisme déjà vu (pour ne pas dire leur académisme).
The Full Monthy est assurément le film le plus populaire du Festival, et confirme son accueil chaleureux de Locarno. De même, La Vie de Jésus de Bruno Dumont (Critique), qui malgré sa dureté a été reprogrammé (à la demande générale): 29 août, Parisien 6, 13 heures 20.
Pour l'instant le favori des critiques s'intitule Lawn Dogs, film britannique de John Duigan.
On notera surtout la richesse et la diversité d'une sélection française impressionnante. Aucun "gros" film, mais des oeuvres au ton original et au style indéniable. Le nouveau cinéma français rencontre donc son public, et parfois plus chaleureusement que dans son pays.
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