Faire des choix implique inéluctablement une prise de risques. Et lorsqu'il s'agit de prendre des risques financiers, Claude Berri n'a pas froid aux yeux et franchit le pas avec vergogne. Renn Productions (détenu désormais à 100% par Pathé) et la nouvelle société qu'il a récemment créée, Katharina, se partagent les risques de manière équitable. A l'initiative des projets les plus lourds du cinéma français tels que La Reine Margot de Patrice Chéreau, Tess de Roman Polanski, l'Ours et l'Amant de Jean-Jacques Annaud etc., Renn et Claude Berri ne vont pas s'arrêter en si bon chemin.

Il semble que Claude Berri soit doté d'une aptitude innée à détecter un sujet historique ou littéraire fort, un scénario de qualité, et de surcroît promu à une belle carrière commerciale (internationale). De par son expérience d'auteur averti, il joue fréquemment un rôle d'entraîneur auprès des autres scénaristes. Ce fut notamment le cas avec Gazon Maudit réalisé par Josiane Balasko, pour qui il a apporté 10% d'idées. Idem pour Didier , premier film réalisé par Alain Chabat.

En plein coeur de l'actualité, le nom de Claude Berri est associé bien sûr à la " superproduction " Astérix et Obélix : mission Cléopatre. En ce qui concerne la production du premier volet, Astérix et Obélix contre César, Berri avait surestimé ses objectifs financiers puisque le film n'avait pas attiré plus de neuf millions de spectateurs (il souhaitait atteindre au moins 10 millions de spectateursŠ) en France. Il avait, en revanche, complètement sous-estimé le succès international du film (en Allemagne, Italie, Espagne, et la plupart des pays d'Europe...). Par contre, de nombreux chiffres sont restés dans les annales de la production cinématographique : un budget de 275 millions de francs pour une sortie de 764 copies.

Au départ du projet du second volet, Claude Berri ne souhaitait aucunement s'investir dans cette production. Mais il a rapidement été séduit par le scénario d'Alain Chabat, qu'il trouvait " magnifique de subtilité, de finesse et d'humour ". Puis, la pression des acteurs empressés (en l'occurrence, Depardieu et Clavier) de se remettre au travail l'ont incité à changer d'avis. En tout cas, Claude Berri se positionne comme un producteur éclectique : il se sent sensibilisé aussi bien par des films d'auteurs que par des comédies commerciales. Au regard de ses projets ambitieux, beaucoup lui reprochent de ne s'intéresser qu'à des films à gros budget. A cette réflexion récurrente, il répond ne pas produire cher pour le plaisir de produire cher, mais simplement parce que les sujets l'imposent...

Car en regardant sa filmographie de producteur, on s'aperçoit qu'il fut financier des premiers films de Pialat, Rohmer, Forman (Taking off), Rivette, Téchiné, Chéreau, Doillon et récemment d'Yvan Attal... Son ouverture sur l'Europe lui a permis de produire des films du hongrois Laszlo Szabo, des italiens Marco Bellochio et Dino Risi, de l'égyptien Youssef Chahine, de l'espagnol Pedro Almodovar, de l'allemand Volker Schlöndorff, du polonais Roman Polanski... Bien évidemment, une majeure partie de son catalogue est composée de comédies, de tous les genres, de tous les humours : Zidi (9 films), Veber, Pierre Richard, Charlotte de Turkheim, Alain Chabat, Les Inconnus, Jean-Marie Poiré (Twist again à Moscou), Philippe de Broca, Jean Yanne (curieux raccourci entre 2 heures moins le quart et Mission Cléopâtre), Josiane Balasko, Gérard Oury, Edouard Molinaro ... Les plus grands cinéastes firent appel à ses talents pour des projets un peu plus audacieux : Demy (son dernier film), Sautet, Blier, Miller, Thomas, Scoendorffer, Costa Gavras, Blanc... Il fait donc le tour du cinéma, de Deneuve à Montand, de Gainsbourg (père et fille) à Cantona (Mookie), des plus gros hits aux pires flops. Bien sûr il a produit aussi ses propres films. Mais on notera surtout qu'il fut le grand argentier d'un humoriste devenu acteur, d'un comique devenu césarisé, d'une légende du cinéma populaire et de la scène : Coluche tour à tout inspecteur, pote, maître d'école, serpent à plumes, pompiste...

Berri s'est installé définitivement au coeur du cinéma français. La production, une affaire de famille? Il aurait trouvé en la personne de Thomas Langmann, son acteur de fils, l'homme suceptible de reprendre le flambeau. Avec sa société La Petite Reine, clin d'oeil malicieux à la maison de papa, le jeune Thomas s'est associé à la production de Mission Cléopâtre et prendra son envol avec le Boulet, comédie d'Alain Berberian qui sortira aussi en 2002, avec Benoît Poelvoorde et Gérard Lanvin.

Agnès / (+ Vincy ... + PETSSSsss)

PRINCIPALES PRODUCTIONS :

2002 -
Astérix et Obélix : mission Cléopâtre - Amen
2001 -
Ma femme est une actrice - Les Rois mages
1999 -
Tout sur ma mère
1998 -
Astérix et Obélix contre César
1996 -
Didier - Lucie Aubrac
1995 -
Gazon Maudit - Les 3 Frères
1994 -
La Reine Margot
1993 -
Germinal
1991 -
L'Amant
1990 -
Uranus
1989 -
Valmont
1988 -
L'Ours - La petite voleuse
1986 -
Jean de Florette et Manon des Sources 1983 -
Tchao Pantin - Le fou de guerre
1982 -
L'Africain - Deux heures moins le quart avant JC - L'Homme Blessé - Banzai
1980 -
Inspecteur la Bavure
1978 -
Tess - Une histoire simple
1977 -
Le crabe tambour
1976 -
Le jouet
1975 -
Souvenirs d'en France - Je t'aime moi non plus
1973 -
Céline et Julie vont en bâteau
1972 -
Les fous du stade
1969 -
Ma nuit chez Maud
1968 -
L'enfance nue
1966 -
Le vieil homme et l'enfant