Alfonso Cuaron

C'est un mélange de genres qui certainement conduit les producteurs d'Harry Potter, poule aux oeufs d'or de la Warner, à choisir le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron. Etrange parcours que le sien, en effet. Les spectateurs occidentaux ont déjà oublié A Little Princess, conte de fée pour enfants. Pourtant ce film de 1995 obtient alors toutes les louanges sur sa direction artistique, la musique de Patrick Doyle et les critiques de Los Angeles le citent parmi les cinéastes prometteurs. Déjà, il se fait remarquer avec son talent pour diriger des enfants. Mais le film ne remporte pas un énorme succès. Ni le suivant : De Grandes espérances. Ce remake, adapté d'un roman éponyme de Charles Dickens, réunit Gwyneth Paltrow, Ethan Hawke, Hank Azaria, Robert De Niro et Anne Bancroft. Le film est fade, malgré un abus de couleur verte.
Il faut chercher ailleurs, donc, pour comprendre le choix d'un cinéaste latin pour succéder à Columbus. Savoir faire un film pour enfant ou mettre en scène de grands comédiens ne suffit pas sur un C.V. En 1989, à 28 ans, le jeune Cuaron réalise un segment de Cita con la muerte, un thriller aux frontières de l'horreur divisé en épisodes. En 1991, il est l'auteur de son premier long métrage, Solo con tu pareja (Love in the time of hysteria), comédie grinçante qui le révèle au public mexicain (il recevra l'Ariel du meilleur scénario). Le film domine le box office au Mexique cette année-là. Ticket d'entrée pour Hollywood. On lui proposera de faire ses armes sur un épisode de la série TV Fallen Angels, "Murder Obliquely", qui lui donnera un cable Ace Award. dans le casting, un certain Alan Rickman, Severus Rogue himself!

Mais c'est en 2001 qu'il conquiert le monde cinéphilique avec Y tu mama tambien, dans lequel on retrouve Gael Garcia Bernal (La mauvaise éducation). Le film fait un carton historique en son pays, reçoit une nomination à l'Oscar du meilleur scénario original, une nomination au Golden Globe du meilleur film étranger, deux prix au Festival de Venise, et une razzia de trophées partout dans le monde. le film, en langue espagnole, vire au joli phénomène en salles aux Etats Unis. Ce film populaire (avec scène de masturbation culte) lui permet d'obtenir le visa nécessaire pour réaliser Harry Potter, qui rassemble tous les éléments de ses précédents films.
Tandis que Mike Newell est à la manivelle de La Coupe de feu, Cuaron s'occupe déjà de son prochain film, Mexico '68, reconstitution historique de la révolte dans la métropole.

Vincy