Sommaire de l'entrevue
Vous avez été inspirés par les comédies musicales de Jacques Demy.
Le choix de Mathieu Demy, ça sest fait comment ?
Virginie Ledoyen est la seule comédienne qui ne chante pas dans le film.
On sent très bien quil y a une très bonne synchronisation avec les chansons.
Olivier Ducastel Page suivante -> |
BA
: On sent très bien quil y a une très bonne
synchronisation avec les chansons. De plus, le personnage de Jeanne est
très insouciante. Pourquoi est-elle aussi impulsive ? Pour donner
plus de rythmes par rapport au chant ?
JM : Pas directement, mais effectivement Jeanne, cest le personnage qui porte la comédie musicale. Il y a neuf chansons, elle danse tout le temps, les autres personnages ont au maximum deux chansons. Elle a un peu lesprit de la comédie musicale, donc cest vrai, elle a une psychologie, une fraîcheur, une puissance de vie comme ça comme dans une comédie musicale, très impulsive, quand elle veut danser, elle danse. Cétait lidée de prendre une très jeune fille qui va être confrontée à la maladie alors quelle nest pas préparée à ça, et cétait ça quon avait envie de travailler et montrer. Disons, un personnage naïf mais au sens plein du terme. Cest quelquun qui na pas intégré encore dans son vécu la possibilité quelle pourrait se retrouver confronter à quelquun qui est malade. Et voilà quest-ce que ça donne, et bon cétait aussi une idée de rendre le drame fort.
JM : Je crois pas que ça soit un message de prévention purement parlé, parce que la seule fois où on parle de préservatifs, cest le moment où Olivier lui dit quil est séropositif et elle dit très impulsivement : Cest pas grave on a mis des préservatifs. Donc, dans notre idée, cétait plutôt de dire que c'est une question quon voulait pas traiter, celle de la protection, le fait de se protéger tout ça et de faire du didactisme dans le film. Et quil nous semble que cest une question qui est, en tout cas pour la très jeune génération, vraiment réglée et quelque chose de parfaitement intégré. Et cest pas la peine dans une fiction de leur refaire passer un message là-dessus. Je crois que cest quelque chose qui est maintenant compris. Dailleurs, cest cette réaction quon a eu effectivement sur le jeune public pour linstant qui est assez content et reconnaissant quon n'essaye pas encore de leur faire passer un message là-dessus, den faire trop. OD : Sil y a un message sur le SIDA et la prévention, mais alors au sens vraiment très large, cest plus dessayer de dire : Bon cest vrai quon vit au temps du SIDA, il y a des précautions à prendre. Il faut faire attention à soi et aux autres. Mais, en même temps ça nempêche pas aux sentiments dexister, et que les gens vivent leur sexualité, leur rencontre, dessayer de donner là-dessus une idée. Cest vrai que le film est triste... En tout les cas, on voulait essayer de dire quil faut laisser une place aux sentiments malgré tout.
JM : Et au sexe, bien sûr (rires).Virginie est un personnage post-préservatif dune certaine façon. Cest comme ça, elle sait qu'il faut en mette. Bon, ça ne pose pas de problème, elle na pas besoin den parler, pas besoin du mode demploi. Cétait aussi ça, vraiment évacuer cette question du film. On traite pas tout dans cette fiction. Nous, on parle dun personnage pour qui la question de la prévention ne pose pas de problème, cest totalement assimilé.
JM : Ca renvoie à la question des sans-papiers longuement débattue. Au départ, cétait plutôt une chanson sur la question du droit du sol et du sang. Il se trouve que la législation a changé entre temps. Entre le moment où on a filmé et aujourdhui, eh bien les enfants dimmigrés nés en France sont français. Ce qui nétait pas le cas au moment où on a écrit la chanson et au moment où on a tourné le film. Tant mieux. Oui, cétait important, pas sur le mode de : il faut décliner tous les petits problèmes de la société pour quon se rende bien compte quon est des cinéastes de notre temps. Cest pas cela. Cest plutôt, effectivement, parce que cest une comédie musicale, donc a priori un genre hors du réel, comme ça dans la fantaisie, de mettre en permanence en présence cette question sociale qui pèse, et queffectivement quand on croise des employés de nettoyage qui sont majoritairement des immigrés. Généralement, on oublie ce genre de question. Eh bien là, on ne loublie pas parce quelle traverse le personnage de Jeanne, elle traverse le hall où les employés font le ménage, elle danse avec eux et parle de leurs problèmes. Cétait lidée que ces personnages secondaires, pendant lespace dune chanson, on leur donne une voix, une parole qui est plein écran devant tout le monde. Je ne considère pas comme des manifestes, montrer une façon de ponctuer le film en disant :Voilà, on traverse la société et il y a quand même des tas de problèmes de tous les côtés. Et vraiment, ils devraient surgir un peu plus quils ne surgissent. Généralement surtout dans les films. Puis après, cest aussi des désirs de parler de ces choses là effectivement.
OD : Jacques a écrit le scénario, les chansons, avec les musiciens. Il a beaucoup travaillé avec le compositeur Philippe Miller. Et du point de vue de la globalité, de la partition, cest-à-dire du style des musiques, du choix et éventuellement aussi sur des questions dorchestration, de rythmique, enfin bon cest vrai quil y a vraiment un travail quils ont fait ensemble. Et, je suis vraiment arrivé assez tard, cest-à-dire, quand je suis arrivé sur le projet, la musique était déjà en cours de fabrication. Je suis intervenu sur des choses beaucoup plus ponctuelles, des choses de rythme, la longueur des brefs musicaux par rapport à la danse. Des choses presque, je dirais, de montage. Pour létape suivante qui était le choix des acteurs, la préparation, cest vrai quon a travaillé ensemble sous forme de dialogues perpétuels. Alors, cest vrai que cest plutôt moi qui travaille avec les autres collaborateurs, avec le chef opérateur, Jacques étant toujours pas très loin. Disons sur cette étape de préparation, il y a en tout les cas un dialogue, comme ça, qui fonctionne vraiment bien entre nous. Puis, cest vrai que sur le tournage cétait plutôt moi qui était sur le devant de la scène. Mais, Jacques était présent sur les tournages, du premier au dernier jour. Particulièrement disponible pour les acteurs, parce que cest vrai, en fait, les acteurs aiment bien quon soccupent deux. Alors, soit pour parler du film ou des personnages, soit pour parler de choses annexes, qui ont lair annexe, mais qui participent aussi à une ambiance, une façon de se mettre dans le bain. Cest vrai que pour ça Jacques était très proche deux. Le concret de la mise en place, des choses purement mécaniques ou techniques, cest plutôt moi, pendant les prises, qui leur renvoyait la balle, enfin bon sans que ça soit exclusif. Ensuite, Jacques est venu au montage. Cest vrai que jy étais tout le temps avec Sabine. Jacques y était quand il pouvait parce que les cours avaient repris. Enfin, en tout les cas, il était présent aux projections. Donc, cest vraiment un travail à quatre mains. Avec des circulations, en gros, en étant le plus présent là où on est le plus à laise. |
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